C'est seulement maintenant qu'Eric Raoult, député UMP, s'est avisé de saisir, par une question écrite, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, quant au propos, qu'il juge insultant, tenu par N'Diaye, la lauréate du Prix Goncourt, et publié en août dernier dans «les Inrockuptibles».
Au lieu de critiquer : "La France monstrueuse" de Nicolas Sarkozy, N'Diaye aurait dû se confiner dans "son devoir de réserve", estime Raoult.
Du coup, il a suscité une explication de l'écrivain, suffisamment claire pour ne pas prêter à la moindre confusion : « Ce qui me dérange tout particulièrement c'est la traque des immigrés, la façon dont on va chercher des enfants de sans-papiers jusque dans leur classe pour les placer en centre de rétention », a-t-elle précisé. Elle en appelle, à son tour, au ministre, pour lui demander : « J'aimerais beaucoup que Frédéric Mitterrand intervienne dans cette histoire puisque c'est à lui que M. Raoult s'est adressé, et nous donne son avis sur le devoir de réserve des Prix Goncourt et même tout simplement des écrivains... Ce serait bien qu'il (...) mette un point final à cette affaire, qui est quand même assez sotte. »
Cependant, Mitterrand refuse de prendre parti ni pour l'un ni pour l'autre. « Je n'ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu'elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu'il a sur le coeur », a-t-il déclaré, avant d'ajouter : « Les écrivains qui reçoivent le Prix Goncourt ont le droit de dire ce qu'ils veulent. »
La gauche s'est aussitôt empressée de prendre le relais, pour critiquer le geste de Raoult. « Le Parti socialiste condamne fermement cette volonté de censurer la parole libre d'une écrivaine », a rétorqué la secrétaire générale du Parti socialiste, Martine Aubry, avant de demander à l'intéressé de "présenter ses excuses" à N'Diaye. Royal a saisi la balle au bond pour observer de son côté : "« Dans une démocratie il doit être possible de critiquer le pouvoir en place. »
Les écrivains entendent eux aussi défendre la liberté d'expression : « Le devoir de réserve des Prix Goncourt n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais. Ce serait bien mal connaître les écrivains que de croire qu'il existe », a déclaré Eric Orsenna, soutenu dans sa lancée par Bernard Pivot.