L'on ne peut contester à Ahmadinedjad d'avoir le sens aigu de la répartie.
Au journaliste de France 2 qui l'interrogeait, dans l'émission présentée sur cette chaîne, hier, pour connaître sa réaction à la suite du propos ("le peuple iranien mérite mieux que ses dirigeants actuels") tenu à son égard par Sarkozy, le président iranien s'est fendu d'une réplique cinglante. "Ce monsieur Sarkozy s'ingère dans les affaires intérieures de notre nation. Moi aussi j'ai un avis semblable. Je pense que le peuple français mérite mieux que ses dirigeants actuels. Pour moi, la colère de M. Sarkozy n'est pas recevable."
Poursuivant sur sa lancée, il s'est montré aussi particulièrement critique à l'égard de Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères. Il l'accuse nommément d'avoir contribué au développement des troubles qui ont accompagné sa réélection à la tête de l'Iran. "Nous regrettons l'action de ceux qui ont provoqué ces troubles. Posez-donc la question à la chaîne de télévision la Voix de l'Amérique, à la BBC, et au ministre français des affaires étrangères qui ont incité les gens à se révolter", a-t-il dit.
Revenant sur la jeune française Clotilde Reiss, actuellement réfugiée à l'ambassade française à Téhéran, en attendant le verdict prononcé contre elle, Ahmadinedjad estime que, pour la libérer, les Français doivent d'abord exécuter leur part du marché. Autrement dit, il leur appartient de faire le geste d'élargissement des Iraniens détenus chez eux, comme contrepartie. Or, regrette-t-il, les autorités françaises traînent les pieds sur le sujet.
L'assassin, en particulier, de Chapour Bakhtiar, ancien Premier ministre iranien, actuellement détenu en France, est au nombre de ces prisonniers iraniens concernés par l'échange.