Les relations diplomatiques entre le Royaume Uni et l'Iran se détériorent une nouvelle fois.
Accusés par Téhéran d'être derrière les troubles qui agitent le pays, depuis l'élection présidentielle de la semaine dernière, les autorités britanniques comme les médias londoniens sont sommés d'arrêter leurs intrusions dans ses affaires intérieures. Deux diplomates de Sa Majesté ont d'ailleurs été expulsés aujourd'hui même de la capitale iranienne, en même temps que le correspondant de la BBC. Par mesure de réciprocité, le cabinet britannique a réagi immédiatement en donnant ordre à deux diplomates iraniens de quitter le royaume.
En vérité, depuis le début du siècle, les rapports entre les deux pays ont toujours été tendus. Des considérations principalement colonialistes du côté britannique les ont caractérisés pendant longtemps.
Cela avait commencé par l'accaparement des ressources pétrolières dès leur découverte en Iran. Par réaction, Téhéran, durant la seconde guerre mondiale, s'est tourné du côté allemand pour faire contrepoids à la mise en coupe réglée de son pétrole par Londres. Les troupes de Moscou alliées conjoncturellement avec celles du Royaume Uni ont alors saisi l'occasion pour s'emparer de toute la région pétrolière de l'Iran et déposer Reza Shah, le souverain, afin de le remplacer par son fils, un blanc-bec lubrique, beaucoup moins nationaliste et surtout plus malléable.
Mais, en 1953, sous Mossadegh, Premier ministre, avec la crise créée par suite de la nationalisation du pétrole iranien, les Américains se sont substitués aux Britanniques pour leur ravir les champs pétroliers, sous le fallacieux prétexte de régler le différend qui les opposait à l'Iran. La CIA entrée en oeuvre avec ses dollars a conduit à la destitution de Mossadegh, à son jugement devant les tribunaux et à sa condamnation à mort pour avoir simplement défendu les intérêts de sa patrie. C'était là le prix à payer pour le jeune monarque farfelu et excentrique s'il voulait conserver les rênes du pays.
Il a fallu attendre l'expulsion du pouvoir de ce dernier et son remplacement par Khomeini, lors de la révolution islamique de 1979, pour mettre un terme à l'emprise sur le pétrole iranien et des Américains et des Britanniques. Ces derniers, en retour, ont fomenté par suite la fameuse guerre Iran-Irak, où ils ont aidé substantiellement Saddam Hussein.
Aujourd'hui, le régime des mollahs tient toujours la dragée haute à ses anciens ennemis et leur ferme l'accès au pétrole qu'ils contrôlent pourtant partout ailleurs au Moyen Orient. Pour lui couper l'herbe sous les pieds, l'on a alors attribué à l'Iran la volonté de se doter de l'arme nucléaire, façon encore de tenter de s'immiscer de ses affaires.
Les Iraniens ne sont pas dupes, qui ont profité de la leçon reçue tout au long des dernières décennies pour amorcer un véritable développement du pays ; ce qui leur permet de relever la tête et de hausser le ton à leur tour.