Le système financier américain très malade menace l'équilibre mondial

Après les faillites retentissantes de l'automne dernier, de nouvelles s'annoncent, en dépit des aides pourtant substantielles qu'elles ont reçues du Trésor américain, sur le dos du contribuable.

Bien qu'elles aient rusé avec les règles fondatrices si rigides du capitalisme moderne, en mettant sous tutelle - pour ne pas employer le mot honni de nationalisation - tout particulièrement les entreprises bancaires et assimilées menaçant de jeter l'éponge, les autorités américaines ne sont pas au bout de leurs mécomptes. Elles tentent de colmater les brèches à mesure qu'elles apparaissent, mais refusent d'admettre que, pour ne pas s'effondrer, le système a cruellement besoin d'une autre thérapeutique beaucoup plus vigoureuse, à défaut de le soumettre à la théorie keynésienne incontournable, fût-elle brutale et de dur effet.

Ainsi, la prise de contrôle, par le régulateur des caisses d'épargne (NCUA), de deux grosses mutuelles de crédit professionnel, US Central et WesCorp, totalisant respectivement 34 et 23 milliards d'actifs, vient-elle d'être décidée après l'annonce de pertes plus élevées encore qu'attendues. Un milliard avait déjà été injecté, par exemple, dans US Central sans réussir à la tirer d'affaire. Son bilan, depuis seulement janvier dernier, s'est encore détérioré, de même que celui de WesCorp. Le manque de liquidités de ces deux organismes, combiné à la perte de confiance qu'ils enregistrent, les place aujourd'hui dans une situation très fragile proche de la faillite.

Dans cet ordre d'idée Le Monde rapporte, en se référant à la FDIC (Agence de garantie des dépôts bancaires), que de nouvelles banques ferment carrément leurs portes : la FirstCity Bank, basée à Stockbridge en Géorgie (278 millions de dollars de dépôts et 297 millions de dollars d'actifs), la Colorado National Bank à Colorado Springs (123,5 millions de dollars d'actifs, 82,7 millions de dollars de dépôt) et la Teambank, basée à Paola (Kansas). Ces fermetures portent à vingt le nombre des organismes ayant fait faillite depuis janvier dernier aux USA.

Le Trésor américain, à mesure qu'il renfloue, souvent en pure perte, le système financier malade, alourdit en réalité la facture que tout le peuple américain commence d'ores et déjà à payer. Le dollar tombe ; les entreprises ferment ; le chômage grimpe ; l'agitation sociale s'accroît. Le tout contribue, bien sûr, à la déstabilisation d'un président nouvellement élu, avec les conséquences incalculables pouvant en résulter dans le pays mais aussi à l'échelle de tout le monde occidental, voire de la planète entière.