Frédéric Mitterrand déniche Farah Diba et la présente sur France 3

C'est bien la première fois depuis 2003 que l'ex impératrice d'Iran, Farah Pahlavi, née Diba, s'est présentée à l'antenne pour parler de son mari, aujourd'hui disparu, et surtout de ce qu'elle appelle l'oeuvre de modernisation entreprise en Iran sous son règne.

Frédéric Mitterrand, en l'interrogeant sur Fr.3, lui a fait retracer l'épisode douloureux qui a amené Khomeini au pouvoir et chassé l'empereur Reza Pahlavi. Elle se rappelle tout particulièrement cette honte l'accompagnant le jour du départ de Téhéran, en 1979, au bras de son mari en pleurs, ainsi que les pérégrinations ultérieures de la famille pour tenter de trouver un pays d'accueil acceptant de la recevoir. Installée, par suite, à Paris, l'ex impératrice n'en sort depuis que pour se rendre aux Etats-Unis où vit son fils aîné, Reza, a-t-elle indiqué. Ce dernier, qui se dit héritier du trône, ne perd pas, dans un entretien accordé par ailleurs au journal Le Figaro, l'espoir de reprendre un jour les rênes du pays.

N'ayant sans doute qu'une vague idée des mutations qui ont, en trente ans, chamboulé la géopolitique de la plupart des pays de la planète, et de l'Iran en particulier, Farah a éludé les questions politiques de fond. Elle a préférer limiter son intervention à la la critique mesquine de Soraya, l'ex reine, épouse du shah, répudiée tout simplement parce qu'elle ne pouvait donner un héritier mâle au trône. Elle a évoqué les souleries et autres inconduites de cette malheureuse, sans même avoir la lucidité de dénoncer un travers aussi scandaleux d'une monarchie arriérée et rétrograde fondée sur la bêtise. Elle a retracé le fil de son enfance jusqu'au moment où le shah, à 48 ans, la découvre lors d'une fête donnée à l'ambassade iranienne de Paris. Elle semble, un demi-siècle après cette rencontre, n'éprouver aucune gêne d'avoir épousé alors un homme de 28 ans son aîné.

Elle raconte enfin les ambitions jamais réalisées du shah de tirer l'Iran de sa léthargie et surtout de la pression religieuse qui pesait déjà à l'époque assez lourd dans le contexte politico-social du pays. Elle n'éprouve non plus aucun regret d'avoir fait partie d'une dynastie toute récente, créée de toutes pièces, quasiment usurpée et ayant eu le culot de revendiquer un ancrage très lointain, soit à 2500 ans en arrière.

Elle s'interdit, par contre, de revenir sur l'aspect dictatorial du régime, et en particulier sur ses différentes atteintes portées aux droits de l'homme, depuis la naissance du soi-disant empire. Elle feint tout naturellement d'ignorer le scandale de la destitution puis de l'assassinat du Premier ministre Mossadegh, en 1953, mis en place et traité de bout en bout par la CIA, sous le nez et la bienveillance de sa majesté l'empereur qui l'avait lui-même nommé. Et tous les reniements publics, ensuite, de ce dernier ne comptent finalement que pour du beurre dans la mémoire étriquée de l'ex impératrice oubliée de tous.