La Douma - le parlement russe - vient d'adopter en première lecture un projet de loi, fort controversé, sur le contrôle nocturne de l'enfance. Il accorde aux régions le droit d'imposer un couvre-feu aux enfants de moins de quatorze ans non accompagnés d'adultes.
Certes, de nombreux députés ont jugé la mesure bienvenue, eu égard à la gravité du problème posé. Mais d'autres ont estimé, au contraire, qu'elle reste insuffisante et surtout que la limite devrait être portée à 18 au lieu de 14 ans.
En fait, l'on observe partout de par le monde que les enfants restent toujours nombreux à occuper la rue à des heures indues de la nuit. Ils franchissant ainsi le pas fatal vers la délinquance, avant de se mettre au service des milieux criminels. Il n'est pas moins vrai, cependant, que ces enfants-là sont issus de familles généralement pauvres ou défavorisées. Le plus souvent, les violences conjugales et l'alcool sont les véritables raisons de l'occupation de la rue, la nuit, par les enfants.
Il y a, de plus, une autre catégorie d'enfants qui, eux, sont abandonnés carrément à la rue, faute de domicile fixe ou de parents. Ceux-là se fixent généralement aux alentours des lieux publics animés la nuit, pour y mendier et trouver abri.
Aussi, se demande-t-on s'il faut pénaliser les parents irresponsables qui jettent ainsi leurs enfants dehors, pour une raison ou une autre. Ou encore faut-il ramasser dans la rue ces malheureux pour les regrouper dans des orphelinats, tout en sachant qu'ils ne réussiront jamais à s'y fixer.
Le problème, en tout cas, qui est posé à la Russie, où deux à cinq millions d'enfants sont concernés, intéresse en vérité l'univers tout entier. Et l'octroi automatique aux familles d'une indemnité destinée à pallier au vieillissement des populations que redoutent certains pays avancés n'est pas non plus la panacée, par ailleurs. Car, bien des couples chercheront à bénéficier de ces encouragements sans pour autant montrer quelque aptitude à mieux élever leurs enfants.
Tout cela mis en balance, il n'est pas sûr que le Parlement russe finisse par adopter définitivement le projet de couvre-feu souhaité par le gouvernement.