Un peu plus de 6 % de la population indienne appartient aujourd'hui au 3è âge, selon les résultats d'une enquête menée par une ONG HelpAge India, rapportés par le journal Le Monde. 40 % d'entre eux doivent à leur propre famille d'être maltraités. 62 % vivent quasiment sous le seuil de pauvreté. La plupart, enfin, des retraités qui travaillaient dans l'informel de disposent pas de revenus et sont livrés à eux-mêmes.
Ils sont même devenus un fardeau au sein de leur famille, qui n'éprouve du coup aucune gêne à les abandonner. C'est le cas de cette vieille femme de 75 ans déposée à la décharge publique, à Erode, au sud du pays, en 2007. C'est aussi le cas de cet autre vieillard, malade du cancer, qui a été, lui, épargné de justesse de son incinération par les siens, lassés de supporter la charge de son traitement médical.
Généralement, ce rejet que subissent les gens du troisième âge est lié à des questions d'héritage, de sous, la progéniture se pressant à partager les biens du père ou de l'aïeul encore vivant.
L'Etat, même en prenant des mesures pénales protégeant les parents contre leurs enfants ingrats, n'arrive pas à ramener ces derniers à la raison. Il ne peut non plus fournir plus d'effort pour recueillir ce monde dans des maisons de retraite appropriées. Dans la ville de Delhi de 15 millions d'habitants, seulement 4 maisons de ce type sont ouvertes pour recevoir 200 retraités seulement. Autant dire une goutte d'eau dans l'océan.
Malraux a écrit dans La Condition humaine, page 337 : "Il ne faut pas neuf mois, il faut soixante ans pour faire un homme, soixante ans de sacrifices, de volonté, de… tant de choses ! Et quand cet homme est fait, quand il n’y a plus en lui rien de l’enfance, ni de l’adolescence, quand vraiment il est un homme, il n’est plus bon qu’à mourir.". Cela résume, en quelque sorte, la condition de l'homme du 3è âge, en Inde, mais aussi un peu partout dans ce monde repu, ou affamé, c'est selon, qui donne vraiment la nausée.