La France va-t-elle enfin reconsidérer sa politique africain

"Comme deux vieilles connaissances fatiguées l'une de l'autre, l'Afrique et la France ne se comprennent plus", écrit le journal Le Monde, à propos des relations franco-africaines qui se dégradent visiblement depuis l'automne dernier. Une synthèse du Quai d'Orsay, rédigée sur le rapport de 42 ambassadeurs français en exercice en Afrique, résume ce constat inspiré par le besoin de "tenter de remédier à l'effet désastreux" du discours prononcé par Sarkozy en juillet 2007 à Dakar.

La synthèse note encore que l'image de la France oscille entre "attirance et répulsion en fonction du soutien politique ou des interventions militaires notamment."

"Le fantasme d'une France qui n'agit qu'au profit de gouvernements iniques et pour des causes opaques" est en particulier un propos récurrent dans le rapport des diplomates qui ajoute que le fossé se creuse parce que les Français voient en les Africains : "des gens pauvres parce que corrompus, à qui la France doit dire ce qu'ils doivent faire".

Ce que ne disent pas, enfin, tous ces rapports, c'est le constat omniprésent d'une France toujours au plus près de ses intérêts égoïstes et immédiats en Afrique, promouvant ou soutenant au mépris de la morale la plus élémentaire des pantins à la tête des Etats francophones. Peu encline à prendre des risques pour laisser jouer l'esprit démocratique, seul moyen dont peuvent disposer les Africains pour choisir en toute conscience leurs dirigeants, la France ne peut se résoudre, depuis les années soixante déjà, à se délester de son esprit colonial qui n'a que trop vécu. Car, enfin, c'est bien à cause de cet esprit d'arrière-garde que l'Afrique francophone a eu les dirigeants de la pire espèce comme Bokassa, Mobutu, Bongo, N'guesso, etc. Pour qui sait, par ailleurs, le pillage en règle entrepris dans les pays africains avec la bénédiction en particulier de l'Etat français, il n'est pas besoin d'être devin pour comprendre que les Français sont loin de se départir de leurs complexes de colonisateurs toujours vivaces. Sans cela, Sarkozy lui-même ne se serait pas laissé débiter des inepties du genre de celles dégoisées à Dakar.