Obama donne le ton de sa politique à court terme

Intervenant, hier, à la télévision, le président Obama a tracé les grandes lignes de son projet politique qu'il compte mettre en oeuvre dès son entrée en fonction, fin janvier prochain.

Au niveau international, il s'est dit prêt à engager des pourparlers avec l'Iran, d'un côté, et avec la Russie de l'autre.

Vis-à-vis de Téhéran, Obama, entend poursuivre la politique de la carotte et du bâton déjà mise en oeuvre par son prédécesseur avec l'appui des grandes puissances. Selon lui, l'Iran devrait se plier à une obligation alternative : cesser le traitement de l'atome et avoir la paix ou poursuivre ce traitement et risquer gros. Apparemment, le nouveau maître de la Maison-Blanche ne serait pas loin de céder au besoin d'user de la force pour contraindre l'Iran à cesser son programme nucléaire.

A l'égard de Moscou, Obama souhaite réexaminer l'ensemble des relations bilatérales qui lient les deux pays. Il se propose, à cette fin, de rencontrer son homologue Medvedev mais aussi Poutine. Apparemment, il semble bien indisposé par ce qu'il a appelé l'"intimidation" de ses voisins par la Russie, faisant allusion au dernier conflit russo-géorgien.

Tout en refusant à l'Inde le droit de poursuivre au Pakistan les terroristes auteurs du dernier carnage qui a ensanglanté Bombay, il se déclare, par ailleurs, autorisé à mener des raids au Pakistan contre les Talibans si ce pays se montre incapable de les combattre.

Sur le plan économique, l'orateur s'est montré opposé à la mise en faillite des trois constructeurs automobiles américains, General Motors, Chrysler et Ford. Certes, il n'est pas question, selon lui, que l'Etat gère directement ces entreprises en contrepartie de l'aide attendue des pouvoirs publics. Bien au contraire, précise-t-il : "Cela signifie qu'il faut trouver le moyen de faire pression (sur les constructeurs) de la même manière que le ferait un administrateur judiciaire après un dépôt de bilan, mais en laissant tourner les usines".

Tout en soutenant enfin le plan de relance amorcé déjà, Obama estime que : "Les banques, les agences de notation, les courtiers en crédit immobilier et toute une série d'acteurs devront rendre des comptes et se comporter de manière plus responsable".

Au sujet de l'occupation de l'Irak, Barack Obama confirme, à travers une nomination importante qu'il vient de décider, son intention de dégager rapidement son armée de ce bourbier qui s'inscrit au nombre des bévues de la clique Bush and Co. Il a désigné le général Eric Shinseki, 66 ans, au poste de secrétaire aux Anciens combattants, un ministère qui gère quelques 25 millions de dossiers.

Ce général, connu pour son opposition à la guerre contre l'Irak, a été exclu de l'armée pour avoir justement contredit Donald Rumsfeld, ex ministre de la Défense, en lui faisant remarquer qu'il faudrait un corps expéditionnaire de centaines de milliers d'hommes pour rétablir la paix à Bagdad. Shinseki n'est pas le seul, en vérité, à avoir ainsi subi les foudres de la bande des va-t-en guerre de la Maison-Blanche. D'autres généraux et des diplomates de haut rang ont payé également le prix fort pour s'être autorisés à exprimer sur la question une opinion simplement différente de celle d'un Dick Cheney, d'un Rumsfeld ou d'un Bush.

En élevant à un aussi haut rang Shinseki, le président Obama se pose donc en adversaire de la politique menée jusqu'ici par Bush. Il amorce aussi les premiers pas conduisant nécessairement vers le désengagement des Etats-Unis de ce conflit insensé qui cache mal, par ailleurs, un appétit vorace de contrôler le pétrole irakien. Et cette résolution était portée publiquement par le candidat Obama, lors de sa campagne électorale.

C'est sans doute dans le prolongement de cette même initiative que Brown, le Premier ministre de sa Majesté britannique, a déclaré ce matin son intention de rapatrier l'ensemble des troupes de son pays actuellement stationnées à Bassorah, et ce avant le terme du premier semestre prochain.