L'évangélisation en question

Le journal Le Monde revient, dans sa livraison d'aujourd'hui, sur la sérieuse question, qui préoccupe beaucoup actuellement l'Eglise en Algérie, de la levée de boucliers à laquelle s'adonnent les autorités religieuses du pays sous prétexte de contrer un excès de prosélytisme attribué aux évangélistes.

Venues en appoint de la loi du 28 février 2006 restreignant sévèrement la pratique de tout autre culte que musulman, les récentes déclarations tonitruantes de certains hauts responsables des affaires religieuses visent en vérité sinon à arrêter du moins à dissuader toute approche des évangélistes en direction de la jeunesse, notamment en Kabylie, où la rumeur publique, qui enfle exagérément, laisse entendre que ses habitants seraient très ouverts à la christianisation.

Il n'y a là, bien sûr, que des conjectures absolument infondées, le plus souvent énoncées et entretenues par les tenants authentiques du prosélytisme islamiste, qui cherchent à justifier voire à amplifier l'isolement de cette région qui s'inscrit dans les objectifs du régime politique en place, dès le lendemain de la révolte sanglante dite du printemps noir de 2001.

La réalité est pourtant toute contraire. Jamais, la Kabylie n'a autant érigé de mosquées que depuis ces dernières années. Jamais, ces lieux de culte n'avaient reçu, par le passé, autant de fidèles, y compris parmi le sexe faible, comme c'est bien le cas aujourd'hui. Et, sur ce terrain-là, il est même permis d'ajouter que l'école y a très fortement contribué. L'intégriste Boumediene, puis son successeur Chadli, n'ont eu de cesse l'un et l'autre de cultiver, pendant plus de deux décennies, ce terreau à long terme, faisant des enfants algériens en général non seulement des musulmans totalement convaincus mais des prosélytes extrémistes capables de se transformer en kamikazes, en égorgeurs ou en éventreurs les plus barbares au nom de ce qu'ils appellent l'islam. Or, c'est plutôt ce type de prosélytisme qui est à combattre avec la plus grande fermeté si l'on veut assurer l'avenir et la sécurité des citoyens de demain.

Une dépêche de l'AFP, reprise par Tout sur l'Algérie, annonce que le pasteur américain, Hugh Johnson, établi en Algérie, depuis 45 ans, vient de se voir notifier un ordre d'expulsion. Il dispose d'un délai de 15 jours seulement pour quitter le territoire.

Ce prêtre américain se dit victime de la campagne actuellement menée par les autorités religieuses, soutenues par une frange de la presse locale, pour mettre un terme à ce qu'elles appellent l'évangélisation forcenée de la Kabylie. Un représentant de l'Eglise catholique, Pierre Wallez, officiant à Oran, vient d'être lui-même l'objet d'une condamnation à un an de prison avec sursis, au prétexte qu'il aurait fait acte de prosélytisme à l'endroit de migrants camerounais clandestins.

Le plus incompréhensible dans cette ridicule chasse aux sorcières est que l'Algérie ne compte que 11 000 personnes de confession chrétienne, toutes tendances confondues, sur une population de plus de 34 millions de personnes. De surcroît, d'étranges restrictions viennent également de voir le jour avec pour objectif de contrôler au plus près toute activité à caractère religieux autre qu'islamique dans le pays. Seraient donc bien fondés les gouvernants notamment occidentaux de mettre en place chez eux des mesures de réciprocité frappant les musulmans qu'ils hébergent par millions.

Ces excès déplorables déclenchent, d'après une autre dépêche AFP publiée ce soir, une réaction en règle de quatre hauts dignitaire de l'Eglise en Algérie, l'archevêque d'Alger Henri Tessier, les évêques d'Oran, de Constantine et de Laghouat dénommés respectivement Alphonse Georger, Gabril Piroid et Claude Rault.

La lettre des quatre prélats, transmise à l'AFP, relate les abus caractérisés dont sont notamment victimes, Hugh Johnson, aujourd'hui, et Pierre Wallez, hier. Elle met en exergue la volonté des autorités locales de tout mettre en oeuvre pour réfréner ce qu'elles appellent faussement la campagne d'évangélisation, dans l'objectif de constituer "une minorité pour favoriser l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures" algériennes.

C'est bien le comble qu'un Ghoulamallah, ministre des affaires religieuses, se croie investi de l'autorité d'interdire à un Algérien le droit, éventuellement, de lui faire cadeau de sa religion, apparemment faite seulement de haine et de mépris pour les autres.

Le président de l'Eglise réformée d'Algérie, Krim Mustapha, vient de déclarer que deux églises de Tizi Ouzou, dites de la Nouvelle ville et de Tafath, recensant respectivement 700 et 200 membres, ont reçu ordre de fermer jusqu'à obtention d'un "certificat de conformité" permettant l'exercice de leur culte.

Cette décision semble dictée par la nouvelle loi de février 2006 ayant pour objet de contrôler les cultes autres que musulman dans le pays.

L'agence AFP qui publie cette information indique que les autorités de la wilaya de Tizi Ouzou ont également convoqué les responsables de l'église protestante de Larbaa Nath Irathen dans l'intention, apparemment, de leur assigner la même instruction.

Krim déclare de son côté qu'il compte présenter incessamment un dossier complet permettant à l'Eglise réformée de poursuivre normalement l'exercice de son culte dans le pays.

L'AFP note enfin que ces églises existaient bien avant la promulgation du texte en question, lequel ne saurait, par conséquent, leur être appliqué rétroactivement.

D'après les déclarations faites à toutsurlalgerie.com par Mustapha Krim, président de l'Eglise protestante d'Algérie, des scellés ont été apposés sur treize des 32 églises dont il a la charge, et ce, dès mercredi dernier, suite à une injonction des services de police. Onze d'entre elles ont été ainsi fermées à Tizi Ouzou, une autre à Béjaïa et la dernière à Bouira.

Visiblement, "la chasse aux chrétiens protestants" qui est engagée, selon lui, depuis deux mois, à travers des "intimidations" et autres excès commis contre les adeptes de l'église réformée, n'a d'autre but que de pousser ces derniers à renoncer tout simplement à leur culte.

Bien au contraire, Mustapha Krim ne semble guère prêt de céder à ces harcèlements abusifs, ponctués d'assauts autrement plus incisifs et haineux des journaux arabophones s'évertuant à amplifier démesurément les choses dans un sursaut essentiellement inspiré par la préservation de la doctrine arabo-islamiste, que l'on sait de plus en plus mal perçue en Kabylie, tout particulièrement.

Il reste maintenant à l'Etat de se déterminer publiquement sur le sens qu'il entend vraiment donner à la liberté de culte, pourtant admise dans la Constitution. Et les regards sont désormais braqués dans sa direction pour peser sa décision dans sa dimension de nécessaire réciprocité qui devra s'imposer, le cas échéant, à l'endroit des Algériens émigrés notamment en Europe et en Amérique.

Aussi, est-il à prévoir que tel un ballon de baudruche, le gouvernement se dégonflera sitôt cette affaire rendue publique outre Méditerranée. Et Mustapha Krim n'a donc, finalement, rien à redouter de sérieux de sa part.

Selon une dépêche AFP, l’ancien président de l’Eglise protestante d’Algérie, Hugh Johnson, a quitté le pays, suite au rejet de sa requête visant l’annulation de la mesure d’expulsion prise contre lui le 25 février dernier. A cette date-là, en effet, il lui avait été notifié l’ordre de quitter, sous quinze jours, l’Algérie, où il avait élu domicile depuis 45 ans.

L’on se rappelle, en effet, la levée de boucliers, assortie d’une violente campagne de presse du milieu arabophone, déclenchée en réaction d’un soi disant mouvement d’évangélisation menaçant l’intégrité du pays.
Quelle sera la riposte de l’Eglise et de l’U.E. ? Nous le saurons dans les prochains jours, à la lumière des mesures de rétorsion que d’aucuns poussent à prendre en direction notamment de certains imams algériens exerçant en Europe et soupçonnés de faire l’apologie du terrorisme intégriste.

Pour Ghoulamallah, ministre algérien des affaires religieuses, l'expulsion du pasteur Hugh Johnson obéissait à un motif de "sécurité d'Etat", a-t-il indiqué, hier, au forum de la télévision nationale. Selon lui, c'est le ministère de l'Intérieur qui est derrière cette décision, mais il n'en a pas précisé de détails.

L'on sait que les lieux de culte de l'Eglise protestante de Kabylie ont été tous fermés, il y a quelques jours, sur ordre des services de police.

L'hebdomadaire français l'Express est revenu d'ailleurs sur cette question pour déplorer le "harcèlement" abusif des autorités algériennes à l'endroit de ce qu'il appelle "15 000 Arabes ou Kabyles qui ont choisi de se convertir". Le directeur de la publication, Jean Daniel, auteur de l'éditorial, estime que la fermeture de l'Eglise protestante est un acte d'autant plus maladroit qu'il intervient à un moment où le pays ambitionne paradoxalement de s'ouvrir largement sur le tourisme. Il conclut : "... mais d'ici à fermer des églises ! Quelle régression ! Tout se passe comme si la neutralité religieuse de l'Etat, si respectée en France, devenait obsolète en Algérie. C'est un adieu à la Charte de la Soummam, Constitution de la révolution algérienne".

Bravant, apparemment, l'interdit, les paroissiens de l'Eglise réformée, en Algérie, ont décidé de rouvrir leurs temples, indique un papier inséré dans toutsurlalgerie.com, aujourd'hui.

Seuls quatre ou cinq lieux de culte restent fermés dans la wilaya de Tizi-Ouzou, a déclaré le pasteur Krim Mustapha, président de l'Eglise protestante.

Par rapport à la déclaration télévisée faite par le ministre des Affaires religieuses, Ghoulamallah, Krim a estimé que "Le ministre a évité de répondre aux questions importantes sur l'évangélisation", ajoute toutsurlalgerie.com.

C'est donc désormais un bras de fer qui s'annonce entre l'Eglise réformée et l'Etat algérien, lequel croyait dur comme fer qu'il pouvait, sans craindre les suites pouvant en résulter, disposer librement de la faculté d'interdire aux chrétiens d'observer leur propre culte dans le pays.

A coup sûr, il a sans doute suffi d'un coup de fil adressé directement à Bouteflika pour l'amener à faire machine arrière, en dépit de sa volonté de se plier aux exigences des islamistes, chose dont il est coutumier, de l'avis de tous.

Un article du journal Le Monde estime que l'Eglise, catholique ou protestante, baptise chaque année entre 150 et 200 personnes d'origine musulmane. Mais, au fil de ses commentaires, l'auteur dévoile l'origine presque toujours algérienne de ces nouveaux adeptes de Jésus. Indistinctement, ils appartiennent aux deux sexes et à toutes les tranches d'âge.

De toute évidence, nombre d'entre eux sont allés chercher refuge dans la religion chrétienne pour fuir, disent-ils, "le communautarisme" devenu insupportable de l'islam, son intolérance, ou encore ses travers à propos des droits de la femme, sinon son silence pesant sur des sujets profonds et préoccupants, etc. "Le fait que les musulmans pensent qu'ils détiennent la seule vraie religion me révolte", déclare tout particulièrement cette femme de 52 ans à qui "le statut de la femme", dans le monde islamique "donne envie de vomir".

Cela dit, c'est une extrémité qui chasse vers l'autre, dit l'adage. A ce titre, le terrorisme islamiste a pour effet indéniablement de pousser dans la voie du christianisme beaucoup de musulmans peu convaincus, les aigris mais aussi ceux qui mesurent l'écart considérable entre le verbe et la réalité. L'assassinat par égorgement, cet acte bestial commis de plus au nom de l'islam a de quoi révolter plus d'un, quand bien même le phénomène de l'apostasie, tout autant exécrable, suffit à lui seul pour justifier le rejet de l'islam.