Au terme d'une semaine de débats à Istambul, le 5è forum mondial consacré à l'eau, qui a réuni 25000 spécialistes, s'est clôturé hier sur une déclaration peu satisfaisante qui a laissé nombre d'ONG et de pays sur leur faim.
En effet, malgré la pression exercée par plusieurs Etats en vue d'introduire la notion de "droit d'accès à l'eau", les travaux se sont achevés sur une vague stipulation faisant abstraction d'un besoin vital. Ainsi, lui a-t-on substitué la formule "besoin humain fondamental" aussi imprécise que vide de sens.
"Nous sommes attristés. On nous a refusé la possibilité de faire des changements dans le document", s'est plaint un délégué éthiopien. "Je suis déçue, car je pense que c'est un droit très important", a réagi la secrétaire d'Etat française à l'Ecologie, Chantal Jouanno. "Il est choquant de voir que, pour la première cause de mortalité dans le monde, il n'y a pas plus de mobilisation politique", a-t-elle par ailleurs regretté.
Environ 80% des maladies des pays en développement (diarrhées, choléra) sont liées à l'eau, note, de son côté, le journal La Tribune.
Pourtant, l'on sait que "Les conflits liés à l'eau peuvent survenir à tous les niveaux", a rappelé l'ONU bien avant l'ouverture du forum et dont le rapport précise : "Des conflits locaux liés à l'irrigation sont fréquents [...], des conflits se produisent aussi au niveau des cours d'eau transfrontaliers". C'est tout particulièrement le cas des eaux alimentant le Liban, Israël, la Syrie et la Turquie. La volonté de conserver sous tutelle les territoires du Golan syrien par Tel-Aviv est étroitement liée justement au besoin de contrôler les sources d'eau qu'ils contiennent.
A propos de ces eaux transfrontalières, d'ailleurs, la Convention onusienne adoptée en 1997 qui les réglemente tarde elle-même à réunir les trente-cinq signatures nécessaires pour être applicable. Nombre d'Etats jugent qu'elle les défavorise, raison pour laquelle ils traînent encore les pieds.