Il fallait vraiment un sacré culot aux pirates qui s'en sont pris récemment aux comptes bancaires du président français, Nicolas Sarkozy. Ils ont réussi, par l'on ne sait quel miracle, non seulement à s'emparer de ses coordonnées personnelles : numéro de compte, banque, adresse du dépôt, mais à se servir en faisant transférer à leurs comptes propres une partie des fonds personnels du locataire de l'Elysée.
En cette période de crise, où le monde s'agite à cause des spéculations à grande échelle qui menacent toujours le système financier international, l'occasion est bien opportune pour dénoncer vigoureusement la légèreté des contrôles bancaires.
Théoriquement, avant de procéder à l'exécution d'une opération de paiement direct ou de virement à un autre compte, les préposés au service caisse de tous les guichets sont tenus de vérifier la conformité de la signature du donneur d'ordre. Or, force est de constater à Paris comme ailleurs que ce type de contrôle n'intervient que de manière tout à fait irrégulière voire exceptionnelle. De même que les douaniers ne fouillent que quelques passagers traversant la frontière, les agents des guichets de banque ne se donnent que rarement la peine de comparer la signature du tireur d'un chèque ou d'un virement avec celle déposée et rangée précieusement dans les tiroirs fermés à clef. Semblable vérification préalable et systématique a bien sûr un coût difficilement supportable. Pour les banquiers, il se résumerait en une espèce de commission assez lourde qu'ils prélèveraient aux dépens de leurs clients. En contrepartie, ils seraient tenus de renforcer notablement leurs effectifs au service du contrôle des signatures. Mais, à l'heure où l'automatisation enregistre des avancées vertigineuses, ne peut-on inventer une machine du même type que celle qui compte les billets pour comparer les signatures de chèques avec les spécimens déposés ?
De toute façon, si un procédé d'authentification correct avait été mis en place avant l'exécution des opérations imputées par les faussaires sur le compte de Sarkozy, il est certain que l'escroquerie n'aurait pas eu lieu. Comme toute chose a ses limites, les systèmes informatisés ont aussi leurs défauts sur lesquels les spécialistes concernés devraient se pencher sérieusement. Car, si l'on a réussi à percer les secrets de la défense nationale de plusieurs pays les plus en vue, rien n'assure que les pirates ne se singulariseront pas demain par des actes autrement plus surprenants qu'inattendus.