Une attaque aux roquettes a failli causer de nombreuses victimes à Kaboul, ce matin, à l'occasion d'une parade militaire organisée en commémoration de l'évacuation des troupes soviétiques d'Afghanistan.
Un obus au moins a explosé sur la tribune officielle, où se tenait la délégation officielle menée par Hamid Karzaï, le chef de l'Etat, accompagné de ses ministres, de quelques ambassadeurs et d'officiers américains.
Un parlementaire, un chef de tribu et un garçon de dix ans sont au nombre des morts ; une dizaine de personnes autres ont été blessées.
Dès les premiers coups de feu, une immense cohue s'est aussitôt formée, où tout le monde s'est empressé de courir aux abris, tandis qu'on procédait séance tenante à la protection et à l'évacuation du président de la République.
Cette démonstration de force survient à un moment précisément où les Américains s'inquiètent à juste titre de la recrudescence des attentats attribués aux Talibans qui semblent reprendre du poil de la bête depuis ces deux dernières années. Un renfort de troupes a même été demandé de-ci de-là aux coalisés mais seuls les Français ont répondu positivement en y dépêchant tout récemment un contingent de 700 hommes.
Bien qu'il n'y ait pas eu beaucoup de victimes, un objectif que les Talibans déclarent ne pas avoir cherché à atteindre, même s'ils reconnaissent avoir perdu trois des leurs dans cette attaque, politiquement cette dernière s'apparente à un revers grave qui ne manquera pas de secouer sérieusement la stratégie mise en place par les pilotes de l'opération engagée sur le terrain.
Force est aussi de reconnaître que la coalition s'est usée en profondeur à l'épreuve du temps. Exceptés les va-t-en guerre américains, inspirés essentiellement par le besoin de fouetter l'économie militaro-industrielle de leur pays, les principaux coalisés ont fini par se rendre à l'évidence : l'échec de leur mission est bel et bien consommé, depuis des années déjà. Dussent-ils prolonger leur présence de cinq ou six autres années sur les lieux, ils ne réussiront jamais, malgré les montagnes de dollars déversés à fonds perdus sur l'Afghanistan, à obtenir un ralliement sincère de son peuple à leurs objectifs. Et ceux qui collaborent jusqu'ici restent mus par d'autres préoccupations, comme celle, par exemple, d'imposer leur racket ou leur diktat aux populations désarmées. Pour preuve, enfin, le Royaume uni, qui a su analyser les choses avec son flair habituel, n'a-t-il pas engagé en aparté des négociations secrètes avec les Talibans ?