L'Afrique n'est pas devenue seulement un vaste dépotoir pour tous les déchets de produits chimiques qui n'ont pas place en Europe, mais elle est aussi un immense marché où viennent se déverser, au vu et au su de tout le monde, quantités de médicaments périmés ou interdits de vente dans le vieux continent.
Au Mali comme au Niger, au Burkina comme au Congo ou ailleurs, les habitants ont coutume de voir des camelots sillonnant les rues, les bras chargés d'une variété de médicaments qu'ils vendent librement sur leur chemin à des malheureux ne pouvant s'offrir le luxe d'aller en pharmacie et moins encore consulter au préalable un médecin pour se faire prescrire de vrais médicaments dont ils ont réellement besoin.
Les revendeurs distribuent donc des boites de produits, dont ils ne connaissent eux-mêmes ni le contenu ni l'usage, à des clients bien souvent illettrés et incapables de mesurer les conséquences de leur absorption. De plus, faute de boîtes d'emballage d'origine et de notices indiquant le nom du fabricant, le contenu où la date de péremption des médicaments, c'est donc des espèces de poisons que les acheteurs avalent sans en soupçonner les risques.
Plus gravement encore, en Europe, des officines ayant pignon sur rue, bravant parfois l'interdit, se chargent, avec le concours de divers prestataires, transitaires, transporteurs, banquiers, etc., et sous la connivence évidente des services douaniers, de transférer sur l'Afrique des rebuts de laboratoires locaux. Le cas échéant, elles n'éprouvent aucun scrupule à maquiller les papiers douaniers qui accompagnent les exportations de ce type de poisons, emballés d'ailleurs le plus souvent sans soins et sans le moindre respect pour les consommateurs qui les attendent.
Il est vrai qu'à partir du moment où la destination de leurs satanés poisons est l'Afrique, rien ne les empêche d'y associer au besoin tous les rebuts engorgeant leurs magasins de stockage.
La palme revient toutefois à ce pays, dont il est inutile de citer le nom, qui a envoyé au Kosovo, sous le couvert, ô comble d'ironie, d'aide humanitaire, ces conteneurs de médicaments bulgares fabriqués un demi-siècle auparavant