Sans raison valable, les prix de la patate ont repris, ces derniers jours, leur courbe ascendante, frisant ou dépassant parfois les 60 Da le kilo. Ils sont tout bonnement passés du simple au double, en un éclair, et rien encore n’assure que l’on ne nous fourgue pas au prix fort cette même patate canadienne qui, après avoir traversé tout l’Atlantique, est commercialisée sur le marché algérien entre 20 et 25 Da. Quel écart de rendement, de prix de revient, de peine pouvant donner le tournis aux agriculteurs et commerçants algériens que la marche pourtant irréversible de la mondialisation ne semble en rien préoccuper et moins encore inquiéter !
D’un autre côté, en se rejetant l’un l’autre la balle, les ministres de l’agriculture et du commerce ne font pas seulement piètre figure devant le citoyen que rien n’étonne plus dans un pays totalement à la dérive, mais ils donnent la preuve flagrante de leur incompétence à réguler le marché et à assurer les besoins minima du consommateur. Sachant, en outre, que la pomme de terre est l’aliment de base élémentaire, ces ministrions, qu’un minimum de décence eût dû conduire d’eux-mêmes vers la porte de sortie, n’ont pas même été éjectés de leur fauteuil depuis déjà septembre dernier, où l’apparition des premiers signes de rareté de ce précieux légume avait théoriquement sonné leur fin de mission.
Malheureusement, en Algérie, quand on tient un siège, on l’arrime solidement en plongeant profondément ses racines dans le sol, de telle sorte à ne s’en détacher que sous le seul effet irrésistible d’un séisme.
En résumé, ce n’est donc pas demain la veille du jour où les choses rentreront dans l’ordre. Le peuple le sait tellement fort qu’il ne sait comment l’exprimer, sauf à s’abstenir d’aller aux urnes. C’est bien la seule chose laissée, hélas, à sa portée, pour montrer son ras-le-bol d’une gouvernance à tout le moins médiocre.