Microsoft fait une OPA sur Yahoo pour contrer Google

Par un communiqué envoyé jeudi à Yahoo, dans l'intention de le racheter, Microsoft écrit : "Aujourd'hui, ce marché (de la publicité) est de plus en plus dominé par un acteur. Ensemble, Microsoft et Yahoo peuvent offrir un choix concurrentiel tout en répondant mieux aux besoins des clients et des partenaires".

Tout le monde aura compris qu'il s'agit bien de la domination de Google qui est visée à travers cette offre publique d'achat, pour justement l'abattre, parce que l'équipe de Billes Gates a fini par se rendre compte que le marché de la publicité "croît à un rythme très rapide et passera de 40 milliards de dollars en 2007 à 80 en 2010".

L'offre de rachat se monte, dit une dépêche de l'AFP, à 44,6 milliards de dollars. Elle se chiffre pour Yahoo à 62 % au-dessus de son cours en bourse. Google qui récolte un peu plus de 30 % de la publicité en ligne bat largement Yahoo atteignant tout juste les 15 %.

Microsoft, ayant été éconduit lors d'une première offre d'il y a environ un an, fait là sa deuxième qu'il espère fructueuse, puisqu'il escompte déjà un démarrage effectif de l'association à compter du deuxième semestre prochain. De toute façon, il semble si décidé qu'il se prépare, le cas échéant, à en appeler aux actionnaires de Yahoo pour leur forcer la main.

La menace que fait peser Google sur les produits Microsoft, en offrant gratuitement les siens sur Internet, tend à devenir en effet réelle. De plus, les pressions exercées sur le géant du soft, notamment par l'Europe, conduiront nécessairement les développeurs de logiciels à accroitre sensiblement désormais leur part de marché. Et, en prévision des retombées négatives possibles, Microsoft cherche à compenser son manque à gagner par une extension de son chiffre d'affaires, actuellement dérisoire, dans le domaine de la publicité.

Ce matin même, les agences de presse révèlent que Microsoft a lancé, au cours du dernier week end, un ultimatum à Yahoo lui enjoignant d'accepter, sous trois semaines, son offre du 31 janvier dernier, faute de quoi, il la reverrait à la baisse.

Le puissant créateur de Windows, sous la signature de Steve Ballmer, directeur général, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, en écrivant, sous forme de menace, dans sa lettre rendue publique : "Nous serons obligés de porter l'affaire directement devant vos actionnaires". Le responsable de Microsoft compte ainsi susciter l'hostilité du personnel de Yahoo pour amener sa direction à céder.

Si les premières rencontres des dirigeants respectifs de ces deux sociétés n'ont débouché, il est vrai, sur aucun résultat probant, il semble que la prochaine, envisagée dès hier au conseil d'administration de Yahoo, tende, selon Reuters, à ouvrir le débat sur l'offre publique d'achat lancée sous réserve que les conditions de prix soient réunies.

Il faudra vraisemblablement attendre fin avril, terme de l'ultimatum, pour savoir, au lendemain de la publication des résultats de Yahoo pour 2007, quelle suite sera donnée à l'injonction de Microsoft. Et, apparemment, le seul concurrent potentiel capable de brouiller les cartes, Google, ne manifeste jusqu'ici aucun désir d'entrer en concurrence avec la firme de Bill Gates.

Microsoft se montre toujours aussi résolu de mettre la main sur Yahoo, à bon compte.

Au terme de l'ultimatum de trois semaines resté sans suite, que le créateur de Windows a donné à Yahoo, l'on s'achemine, selon Wall Street, vers une action hostile mettant en jeu non les dirigeants mais les actionnaires de l'entreprise convoitée.

Rappelons que Microsoft avait offert à cette dernière de la racheter au prix de 31 dollars l'action, un chiffre légèrement supérieur à celui retenu en Bourse, soit 29,48dollars.

Pour Microsoft qui se dit disposer d'une technologie forte, l'absorption de Yahoo permettrait de contrôler une plus large surface en matière de publicité sur Internet que lui ravit principalement Google. Certes, à en croire son président, Steve Ballmer, cette société est capable de construire seule une position forte dans ce secteur, mais comme elle y perdrait beaucoup de temps, elle préfère se rabattre sur ce rachat qui lui semble plus profitable.

La balle étant désormais dans le camp de Yahoo qui avait espéré jusqu'ici peser sur la décision de Microsoft en essayant de lui faire relever son offre à hauteur de 35-37 dollars, il y a fort à craindre que le premier développeur de logiciels finisse par gagner la bataille dans les tout prochains jours.

Microsoft a finalement renoncé au rachat de Yahoo. "Malgré tous nos efforts, et bien que nous ayons relevé notre offre d'environ 5 milliards de dollars, Yahoo! n'a pas avancé pour accepter notre offre", a déclaré, dans un communiqué publié aujourd'hui, le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, avant d'ajouter : "Les sommes demandées par Yahoo! ne sont pas raisonnables pour nous, et il est dans le meilleur intérêt des actionnaires et des salariés de Microsoft que nous retirions notre offre... Microsoft a (donc) retiré sa proposition d'acquérir Yahoo".

De son côté, Roy Bostock, le président de cette dernière société semble plutôt satisfait de voir l'orage passer : "Depuis le début notre conseil d'administration et notre direction sont restés fermement convaincus que l'offre de Microsoft sous-évaluait le groupe et nous sommes satisfaits que tant de nos actionnaires partagent notre vue".

Microsoft devra donc changer son fusil d'épaule, et se contenter pour l'immédiat des 6 % constituant sa part du marché de la publicité sur Internet, pendant que Google continue de rafler la plus grosse part, soit 30 %, suivi juste après par Yahoo avec 14 %.

Le bras de fer se poursuit toujours entre Microsoft et Yahoo. Le géant du software garde l’espoir de s’approprier le second mondial de la publicité d’Internet.

Cette fois, cependant, Microsoft dévoile une partie de son jeu. Par Carl Ikahn, un investisseur milliardaire détenant une participation minoritaire dans le portefeuille Yahoo et intéressé par la cession, le concepteur de Windows entend forcer la main aux actionnaires de cette dernière. Il leur propose, dans une offre dite de démantèlement « à prendre ou à laisser » de vendre sinon l’ensemble du moins l’activité centrée sur le moteur de recherche. Il est vrai que la société fondée par Bill Gates traîne loin derrière en matière de publicité comme de moteur de recherche sur Internet.

Yahoo a, comme attendu, décliné l’offre. "Cette alliance bizarre et opportuniste entre Microsoft et Carl Icahn n'est absolument pas dans l'intérêt des actionnaires de Yahoo!", a estimé le président du conseil d'administration Roy Bostock, cité dans un communiqué repris par l’AFP, avant d’ajouter : « Ce type de comportement imprévisible est exactement le genre de choses auxquelles nous nous attendons de la part de Microsoft, mais nous ne nous laisserons pas duper par une transaction qui ne soit pas dans le meilleur intérêt de nos actionnaires ».

« Microsoft et M. Icahn essaient de démanteler l'entreprise et d'offrir notre moteur de recherche à Microsoft à des conditions désavantageuses pour les actionnaires de Yahoo! », a encore prévenu M. Bostock.

« Nous nous préparons à laisser nos actionnaires décider de ce qui est dans leur intérêt, et pas Microsoft ou Carl Icahn. Et nous attendons avec impatience le vote à venir », a-t-il dit.