El-Kadhafi reprend le flambeau contre l'occident

"Les superpuissances ont violé la légitimité internationale, le droit international et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors de ce cadre et donc il est normal que les faibles aient recours au terrorisme." Qui, à l'exception d'el-Kadhafi, eût osé publiquement pareille déclaration aussi directe que crue, à Lisbonne, à la veille d'un sommet décisif ?

Poussant le bouchon plus loin, le président libyen a ajouté : "Les forces coloniales doivent dédommager les peuples qu'elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses. Ce sera l'un des points du sommet".

Pour Louis Michel, le Commissaire européen au Développement, que pareils propos semblent avoir agacé : "Les colonisateurs ont déjà payé... et les sommes versées n'ont pas toujours été utilisées à bon escient".

Sur un autre plan, l'incorrigible Kaddhafi s'est encore montré encore plus percutant : "Le pouvoir de décision doit revenir à l'Assemblée générale de l'ONU et non au Conseil de sécurité qui représente l'élite.. Aujourd'hui, tous les peuples ont peur. Après la seconde guerre mondiale et la création de l'ONU, nous pensions que nous allions vivre en paix, mais les espoirs que nous avions mis dans l'ONU sont en train de disparaître".

De si violents mais non moins justes propos ont créé, bien sûr, quelques grincements de dents, particulièrement en France où le président libyen est attendu lundi pour une visite de 6 jours. Hollande, le premier, a jugé inapproprié de recevoir un "chef d'Etat justifiant aujourd'hui le recours au terrorisme international". La classe politique, à droite comme à gauche et au centre, semble décidément piquée à vif par les positions de Kadhafi. Et curieusement, c'est à l'UMP qu'on s'en montre un peu moins troublé.

En tout cas, rien, jusqu'ici, n'a été argumenté, à l'échelle de tout l'occident, pour contredire ces vérités pourtant incontournables, en dépit de leur acidité.