Le Point.fr - 16/04/2012
Par Jamila Aridj
Faute de moyens, l'agence spatiale américaine lance un appel aux scientifiques du monde entier pour rester dans la course à l'exploration de la planète Mars.
L'Amérique n'a plus les moyens de ses ambitions. Cinquante ans après son entrée en piste - en guerre, diront certains - dans la course à l'espace, les finances des États-Unis étant ce qu'elles sont, l'administration Obama a décidé que la conquête de l'espace n'était plus une priorité.
Le 13 février dernier, elle mettait fin à son partenariat d'exploration robotique de la planète Mars avec les Européens. "Nous ne faisons plus partie de la mission ExoMars, et je ne pense pas que cela changera", a déclaré John Grunsfeld, administrateur adjoint du directorat des missions scientifiques de la Nasa. Destinée à rechercher des traces de vie sur la planète rouge, la mission robotique avait été, à l'origine, imaginée en deux parties.
Elle prévoyait en 2016 la mise en orbite d'un satellite destiné à étudier l'atmosphère de Mars et à servir de relais pour les communications. Parallèlement, un module de démonstration doit se poser en douceur à la surface de Mars, un premier test pour l'Europe.
En 2018, un véhicule équipé d'instruments scientifiques devait atterrir sur la planète rouge afin de récolter, y compris en profondeur grâce à la foreuse, des échantillons martiens destinés à être analysés in situ. Par souci d'économie, il avait été conclu l'an dernier de se limiter à un seul "rover", au lieu des deux - un de l'agence spatiale européenne (ESA) et un de la Nasa - initialement prévus. Selon l'accord conclu en 2009, la Nasa devait contribuer à hauteur de 1,4 milliard de dollars à ces deux missions, contre 1,2 milliard pour l'ESA. Un calendrier sérieusement remis en question.
La Russie profite de l'abandon américain
Pour autant, l'abandon des États-Unis pourrait bien profiter aux Russes. L'agence spatiale russe (Roskosmos) a annoncé début avril la signature d'un accord d'ici à fin 2012 avec l'ESA sur la participation de la Russie au projet. Moscou compte ainsi faire oublier son échec de l'envoi en novembre dernier d'une sonde martienne, Phobos-Grunt, qui n'a pas réussi à s'affranchir de l'attraction terrestre.
Piquée au vif, la Nasa a décidé de répliquer, et d'une manière peu conventionnelle. L'agence spatiale américaine lance un appel à idées, de préférence abordables, pour rester dans la course. L'objectif ? Mettre à contribution chercheurs et ingénieurs du monde entier afin qu'ils soumettent des projets d'exploration de la planète dès 2018 en mettant au point, par exemple, une sonde ou un robot d'exploration. Les scientifiques américains et étrangers sont invités à envoyer leurs propositions via Internet (http://www.lpi.usra.edu/meetings/marsconcepts2012/abstracts/). Les candidats ont jusqu'au 10 mai pour déposer leur dossier. Les meilleurs projets seront présentés lors d'un atelier à Houston, au Texas, les 12, 13 et 14 juin.
Qui sait, peut-être que l'un d'entre eux gagnera son ticket pour la mission humaine sur la planète rouge, prévue à l'horizon 2030.
(http://www.lepoint.fr/science/la-boite-a-idees-de-la-nasa-16-04-2012-1452082_25.php)