Azaghar
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| Sujet: Sahel : la faim, une guerre invisible Mar 10 Avr - 17:16 | |
| Blog l'express.fr de Vincent Hugeux - 10.04.2012 Pendant les putschs et les assauts rebelles, la guerre contre la faim continue… Combat de l’ombre, voire combat invisible, notamment quand il se veut préventif. En jetant sur les pistes, aux confins du Mali, plus de 200.000 civils, entassés pour la plupart dans des camps d’infortune frontaliers au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie, l’insurrection de l’Azawad a certes mis en lumière le coût humanitaire prohibitif de toute aventure militaire africaine ; mais elle ne doit à aucun prix éclipser un péril qui l’a précédée et qui lui survivra. Tel était l’enjeu d’une conférence de presse orchestrée ce matin à Paris par l’ONG Oxfam, enrichie par les témoignages de Hassane Baka, coordinateur de l’Aren - Activités de redynamisation de l’élevage au Niger -, et de Ramatou Abdou Beidi, membre du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (Roppa).D’abord, quelques données chiffrées. La crise alimentaire qui affecte l’aire sahélienne menace 16 millions de personnes. Les plus vulnérables ? Les femmes, les petits éleveurs, les foyers démunis et les communautés fragilisées par les conflits armés. Hors tragédies climatiques ou guerrières, 300.000 enfants succombent chaque année dans cette région aux effets directs ou indirects de la malnutrition. Voilà pourquoi Oxfam s’assigne pour mission de porter assistance à environ un million de ces naufragés potentiels, et ce dans six pays : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad. Quand on survit en permanence sur le fil du rasoir, le moindre accident de parcours - sécheresse accrue, déficit pluviométrique, attaques de criquets - peut s’avérer fatal. Autant dire que les aléas agricoles n’arrangent rien : une production inférieure d’un quart à celle de 2010 et des prix des denrées de base qui flambent (+30% à +60% selon les zones, voire un quasi-doublement au Nord-Mali). Si rien n’est fait dans les prochaines semaines, le péril deviendra désastre. « Or, on peut encore agir avant qu’il ne soit trop tard », insiste Luc Lamprière. Le directeur d’Oxfam-France rappelle au passage cette leçon léguée par la famine qui frappa le Niger en 2005 : sauver un gamin coûte 1 dollar par jour en amont de la phase aigüe d’une pénurie alimentaire, et 80 fois plus au paroxysme de l’épreuve. « Les mouvements de population précipités par l’insécurité, que celle-ci touche le Mali ou le Nigeria, souligne Hassane Baka, déclenchent des conflits pour l’accès aux ressources ; à commencer par l’eau et les pâturages. Dès que les cycles pastoraux traditionnels sont anéantis, la transhumance vire à la débandade et au sauve-qui-peut. » Suit le scénario infernal classique : pour acheter au prix fort des céréales vitales, l’éleveur brade son bétail au profit de commerçants nantis. Quant aux écoles, elles finissent par mettre la clé sous la porte - quand porte il y a -, faute d’argent et de cantine. « Un griot qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Et une classe qui ferme, c’est une jeunesse qui s’égare. www.oxfamfrance.org (http://blogs.lexpress.fr/afrique-en-face/2012/04/10/une-guerre-invisible/) | |
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