Le Monde.fr avec AFP | 20.03.2012
Le mouvement islamiste armé touareg Ançar Dine ("défenseur de l'islam", en arabe) affirme qu'il contrôle le nord-est du Mali et qu'il veut libérer au moins cent dix prisonniers civils et militaires qu'il détient, dans un communiqué adressé mardi 20 mars, à l'AFP. "Grâce à Dieu, nous avons sous notre contrôle, l'Adrar des Iforas (nord-est). Nos soldats de Dieu occupent et contrôlent Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok et nous aurons bientôt d'autres victoires", indique ce texte. "Quiconque n'est pas d'accord avec nous doit quitter nos terres", continue le texte, qui annonce également qu'Ançar Dine va "bientôt libérer au moins cent dix prisonniers civils et militaires arrêtés dans tout le nord du Mali". "Nous avons appelé nos frères du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) pour venir chercher les prisonniers. Ils sont en route", selon Ançar Dine.
La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a appelé mardi les rebelles à déposer les armes et averti qu'elle prendrait "toutes les mesures nécessaires" pour soutenir les autorités de Bamako. L'organisation qui compte 15 États membres propose aussi un processus de médiation pour mettre fin à la violence meurtrière qui a poussé près de 200 000 habitants à fuir.
LA CHARIA PAR LA LUTTE ARMÉE
Sans en préciser la teneur, un haut responsable du HCIM a confirmé à l'AFP avoir reçu un message d'Ançar Dine, qui veut imposer la charia (loi islamique) au Mali par "la lutte armée". Ce mouvement a été créé par une figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, Iyad Ag Ghaly, qui combat aujourd'hui l'armée malienne auprès d'une nouvelle rébellion touareg, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).
"Nous avons le même objectif qu'Ançar Dine, lutter contre le gouvernement de Bamako", a déclaré un responsable du MNLA dans le nord du Mali. Il a cependant ajouté que le MNLA veut "une république, mais aujourd'hui, les autres [Ançar Dine] veulent la charia. On n'est pas d'accord, et si c'est comme ça, chacun prendra sa route".
Le Mali est confronté depuis le 17 janvier à des attaques du MNLA et d'autres rebelles, dont des hommes lourdement armés rentrés de Libye, où ils avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi. Le gouvernement malien a accusé Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui a des bases dans le nord du Mali, de combattre avec le MNLA.
(http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/20/le-mouvement-islamiste-arme-touareg-affirme-controler-le-nord-est-du-mali_1672558_3212.html)