L'Express.fr - 10.02.2012
par Caroline Politi
Le candidat à la présidentielle a présenté jeudi soir à Orléans les grandes lignes de son programme concernant l'éducation. Décryptage.
"Nous héritons d'une dette éducative au même titre que d'une dette financière, et de la même ampleur". François Hollande, en déplacement ce jeudi à Orléans pour dévoiler son programme concernant l'Éducation, a d'emblée annoncé la couleur. Une "réforme globale" du système éducatif est selon lui nécessaire pour lutter contre l'exclusion. "Rythmes scolaires, pédagogie, formation, mission et même moyens, il faudra tout reprendre", prévient-il. Dans cette refonte totale, les profs auront, selon lui, une place prépondérante. Passage en revue du prof selon le candidat socialiste.
"Plus de travail en équipe"
Le prof selon François Hollande sera tout d'abord plus entouré. "Il faut encourager le travail en équipe et créer un nouveau métier", a-t-il expliqué. Pour ce faire, le candidat socialiste a réaffirmé sa volonté de rétablir 60 000 postes en cinq ans dans l'Éducation nationale. Plus de profs évidemment, mais également de psychologues, des médecins scolaires et d'agents de sécurité. "La connaissance, le savoir, l'école, ce ne sont pas seulement des dépenses, ce sont des investissements", a-t-il martelé. Et d'ajouter: "En faisant des économies sur l'école, on l'affaiblit, on l'ampute. Je prends la responsabilité [de ces moyens supplémentaires] et je l'assume".
Un choix qui rompt radicalement avec la politique de Nicolas Sarkozy de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, qui a entraîné la fermeture de 70 000 postes dans l'Éducation nationale.
Les maîtres et maîtresses à l'honneur
Pour lutter contre l'exclusion, François Hollande souhaite placer l'école maternelle et primaire au cœur de son programme. "Il faut investir, là où l'action éducative est la plus efficace", assène-t-il. Selon lui, plus les difficultés sont combattues en amont, moins leurs réparations sont coûteuses et plus les risques de sorties du système sans diplôme - environ 150 000 par an - sont faibles.
Pour y parvenir, le candidat socialiste propose de mettre "plus de maîtres que de classes". Cela peut, par exemple, se traduire par la présence de deux enseignants dans une classe ou par un modèle inspiré du système finlandais où un enseignant reste à disposition et prend à part les enfants nécessitant plus d'attention. Il souhaite également remonter le taux de scolarité chez les enfants de moins de trois ans, en priorité dans les zones de grande difficulté scolaire.
Un prof avec moins de vacances
Le calendrier des professeurs sera également modifié. Exit la semaine de 4 jours, mise en place au début du quinquennat par Xavier Darcos, alors ministre de l'Éducation sous Nicolas Sarkozy. François Hollande souhaite allonger le temps scolaire sur l'année et sur la semaine afin d'alléger le travail journalier, "sans diminuer le temps passé à l'école". L'objectif: "donner aux élèves le temps d'apprendre". Un programme inspiré, semble-t-il, du rapport du comité de pilotage sur les rythmes scolaires publié en juillet dernier. Il préconisait de raccourcir de deux semaines les vacances d'été afin d'alléger l'emploi du temps quotidien des écoliers. Il proposait également d'allonger le temps de pause-déjeuner pour laisser le temps aux élèves de se reposer. Le ministre de l'Éducation actuel, Luc Chatel, avait lui-même reconnu que la mise en pratique de la semaine de 4 jours n'était pas probante.
Un prof mieux formé
François Hollande compte également "rétablir une formation initiale et continue des professeurs". Celle-ci continuera à se faire à l'université, mais au sein d'"Écoles supérieures du professorat et de l'éducation". Ces dernières remplaceront les IUFM et réuniront enseignements théoriques et pratiques et recherche pédagogique.
La mise en place de la masterisation avait, en effet, suscité de vives critiques dans le monde enseignant. Il reprochait à cette réforme d'envoyer des professeurs stagiaires devant des classes sans qu'aucune formation pratique ne leur ait été dispensée.
Un prof toujours évalué par [ses] pairs
Le candidat à la présidentielle s'est également vivement opposé à la réforme de l'évaluation lancée en décembre dernier par Luc Chatel. Celle-ci prévoyait notamment de transférer aux directeurs d'établissements, et non plus aux inspecteurs d'académie comme c'est le cas aujourd'hui, la tâche de juger les professeurs. "Je suis favorable à l'évaluation de l'École, mais une évaluation indépendante et incontestable; c'est ce principe que je ferai adopter", a-t-il déclaré. Et d'ajouter: "Les évaluations permanentes, qui aujourd'hui accablent les professeurs, les empêchent d'enseigner, angoissent les enfants et leurs parents, seront supprimées".
(http://www.lexpress.fr/education/le-prof-selon-francois-hollande_1081121.html)