TSA - 9.01.2012
par Hadjer Guenanfa
Amnesty International (AI) accuse les grandes puissances occidentales de privilégier leurs intérêts économiques au détriment des droits de l’Homme dans les pays arabes. Dans son dernier rapport publié ce lundi 9 janvier, l’ONG internationale affirme que de nombreuses grandes puissances ont fermé les yeux devant les violations des droits de l'homme dans le monde arabe pour protéger leurs intérêts politiques et économiques. « Certaines ont abandonné les autocrates qui étaient auparavant leurs alliés face à l’irréversibilité des mouvements de rébellion, pendant que d’autres aidaient discrètement leurs amis à conserver le pouvoir », écrit AI dans son rapport intitulé "Une année de rébellion : la situation des droits humains au Moyen‑Orient et en Afrique du Nord".
Pour Amnesty International, aucune puissance occidentale n'a pris des mesures « efficaces et cohérentes » pour protéger les populations arabes. Elle cite, à titre d'exemple, la passivité de la France au début du soulèvement en Tunisie et celle des États‑Unis à l'égard de la révolte en Égypte. « Les États‑Unis et d’autres gouvernements occidentaux, dont beaucoup sont de grands fournisseurs d’armes aux États du Golfe, sont restés muets lorsque la principale puissance de la région, l’Arabie saoudite, a réprimé la dissidence intérieure et a aidé Bahreïn à écraser le mouvement en faveur de la démocratie », précise‑t‑elle. Les organismes régionaux et internationaux, dont ceux des Nations unies et de l'Union européenne, ont encore une fois prouvé leur manque d'indépendance, laisse-t-elle entendre dans son rapport. Ces organismes « n’ont même pas débattu ouvertement de l’imposition de sanctions à l’Arabie saoudite, à Bahreïn et au Yémen, mais ont rapidement sanctionné la Libye et, plus tard et de façon partielle dans le cas de l’UE, la Syrie », fait‑elle remarquer.
Dans le même chapitre, Amnesty International décrit la vie difficile des gens dans les camps de réfugiés érigés après les soulèvements. « À ce jour, les mesures prises par la communauté internationale ont été extrêmement limitées, les pays européens offrant un total d’à peine 800 places de réinstallation en réponse au problème des réfugiés aux portes de l’Europe », souligne le rapport. Par ailleurs, les révoltes populaires arabes ont montré, selon le rapport, que « les armes livrées ont été employées pour empêcher la population d’exercer ses droits en toute légitimité ». Une grande partie de ces armes, poursuit la même source, ont été fournies par des pays européens, dont la Russie et les États‑Unis.
En outre, dans son rapport, l’ONG britannique est revenue succinctement sur la situation des droits humains en Algérie. Après avoir rappelé les émeutes de janvier 2011, la levée de l'état d'urgence et les initiatives de la société civile et de l'opposition, elle évoque en quelques phrases les réformes annoncées par le président le 15 avril dernier et les craintes qu'elles ont suscitées.