Le Figaro.fr - 13.10.2011
Par Romain Renner
L'ONG spécialiste des droits de l'Homme demande au Canada d'arrêter l'ancien président des États-Unis lors de sa visite prévue le 20 octobre, pour qu'il soit poursuivi pour «crimes» et «tortures» commis lors de la «guerre contre le terrorisme».
Et si George W. Bush était jugé et condamné ? Amnesty International veut y croire. L'ONG a transmis le 21 septembre dernier un mémorandum de mille pages aux autorités canadiennes dans lequel l'organisation demande à ce que l'ancien président des États-Unis soit arrêté à l'occasion de sa visite à Surrey (Colombie-Britannique) le 20 octobre prochain. Le rapport, rendu public mercredi, a été mis à la disposition de la justice et constitue un ensemble de preuves des crimes et tortures autorisées par l'administration Bush au cours de la «guerre contre le terrorisme» menée par les États-Unis, selon l'organisation. Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France, rappelle que l'ex-président a «avoué ses crimes dans ses mémoires».
Le Canada embarrassé
Signataire de la Convention des Nations Unies contre la torture, le Canada est sommé d'agir au même titre que les 77 autres pays y ayant adhéré. En février dernier, l'organisation avait transmis la même demande à la Suisse avant une visite de George W. Bush. Le pays n'avait pas pris de position claire sur le sujet. Suffisant toutefois pour que l'ancien président annule son déplacement. Les États-Unis, pourtant signataire de la Convention, n'ont de leur côté jamais répondu aux sollicitations de l'ONG concernant le président Bush ainsi que sur l'utilisation de la torture en général.
Cette requête n'est pas non plus du goût du Canada qui accuse, par la voix de son ministre de l'immigration, l'ONG de «choisir soigneusement des cas à exposer, pour des raisons idéologiques». Jason Kenney ajoute que «ce genre de coups explique pourquoi tant de défenseurs respectés des droits humains ont quitté Amnesty International», allant même jusqu'à parler de «banqueroute morale» de l'organisation. Une réplique qui montre «tout l'embarras du Canada qui, à l'image de beaucoup de gouvernements, ne sait pas comment agir», répond Geneviève Garrigos.
Amnesty International va poursuivre son action
Amnesty International a rappelé au Canada ses obligations envers la Convention. Celle-ci stipule, notamment, qu'un État a l'obligation de poursuivre les auteurs présumés d'infractions dans le cas où ceux-ci se trouveraient sur son territoire. Un texte que le pays «violerait» s'il n'arrêtait pas George W. Bush, a estimé Susan Lee, directrice d'Amnesty pour les Amériques. Cependant, aucune sanction n'est prévue à l'encontre des États qui ne respecteraient pas leur engagement.
Si elle reconnaît que la démarche est «difficile», Geneviève Garrigos dit avoir «confiance en la justice» et rappelle que la demande d'Amnesty International n'est pas qu'une «question politique» puisque «la justice ne dépend pas des gouvernements et qu'il existe des procureurs indépendants prêts à faire leur travail». Si elle ne portera pas plainte d'elle-même Amnesty refuse d'être partie dans un procès; l'organisation internationale compte multiplier les appels de ce type jusqu'à ce que la justice d'un pays signataire de la Convention décide d'agir contre George W. Bush. Selon Geneviève Garrigos, l'ancien président pourrait même finir par «ne plus pouvoir sortir des États-Unis» devant la menace de la justice.
(http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/13/01003-20111013ARTFIG00670-amnesty-international-veut-faire-arreter-george-w-bush.php)