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 Une affaire à dormir debout

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2 participants
AuteurMessage
Amar

Amar


Nombre de messages : 256
Date d'inscription : 27/05/2007

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MessageSujet: Une affaire à dormir debout   Une affaire à dormir debout EmptyVen 8 Avr - 22:31

TSA - 8 .04.2011
par Nacer Ayadi

Ils sont reconnus coupables d’espionnage pour le compte de la France
Des peines de 10 ans de prison ferme pour trois Algériens à Annaba

Le Tribunal criminel d’Annaba a condamné, jeudi 7 avril, trois personnes à dix ans de prison pour trahison dans une affaire d’espionnage au profit de la France. B.K, 41 ans sans profession, H.R, 29 ans, ouvrier, résidant tous deux à Besbès dans la wilaya d’El Tarf et O.N, technicien supérieur en informatique, résidant à Souk Ahras ont été reconnus coupables de trahison. Une femme de 29 ans, répondant aux initiales de H.S, nièce du premier inculpé et fiancée du technicien supérieur a été condamnée à une peine de six mois de prison avec sursis pour le délit de non dénonciation de crime.

L’affaire remonte au 12 juillet 2009. B.K s’est présenté à la sûreté de wilaya d’El Tarf afin d’avouer qu’il travaille pour les services de renseignements français installés au consulat de France à Annaba. Il est alors arrêté pour être remis aux enquêteurs du DRS. L’enquête conduit aux deux complices. Ils ont à leur tour été arrêtés et interrogés.

Selon l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation, les déclarations des trois individus concordaient au détail près. Ils ont tous reconnus avoir pris attache avec le consulat de France à Annaba pour proposer leurs services comme agents de renseignements. Ils sont alors pris en charge par M. Patrice Maton, vice‑consul mais dont les fonctions réelles, établies plus tard, le désignent comme attaché militaire.

Le deal passé entre les futurs agents et le responsable français est que celui‑ci s’engageait à leur délivrer un visa et qu’ils pourraient s’installer en France à l’issue de leurs missions. Dans un premier temps, ceux‑ci furent chargés de collecter des renseignements sur des sites sécuritaires et stratégiques pour ensuite faire des prises de vue qu’ils remettaient au vice‑consul après avoir pris rendez‑vous.

Ainsi, le siège de la Présidence de la République, le ministère de la communication, de la défense nationale, la prison civile de Serkadji, le réacteur nucléaire de Aïn Ouessera, le commandement régional de la gendarmerie nationale à Constantine, les sièges de la 4e et de la 5e Régions militaires ainsi que la raffinerie de Skikda, les barrages fixes établis sur les principaux axes routiers, la caserne d’El Allelik à Annaba, celle des troupes aéroportées de Biskra et tout le périmètre de la 1ère brigade blindée de Téléghma ont été pris en photo à l’aide de téléphone portable, selon l’arrêt de renvoi.

Puis ce fut au tour de O.N de prendre le relais en transmettant via Internet tous les éléments recueillis sur un site communiqué par Patrice Maton qui mit à sa disposition un micro portable de marque Toshiba. Lors de l’audience, le ministère public a requis la peine capitale contre les accusés, que tout accablait (photos, fax et autres). Les avocats ont bien tenté de disculper leurs clients mais le tribunal n’a pas suivi.

Interrogée par TSA, une source diplomatique française à Alger a expliqué que « la France n’a rien à voir avec ce dossier. C’est une affaire à dormir debout ! ».


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Lam

Lam


Nombre de messages : 182
Date d'inscription : 24/11/2007

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MessageSujet: Re: Une affaire à dormir debout   Une affaire à dormir debout EmptySam 9 Avr - 20:05

Un commentaire a été apporté aujourd'hui à cette affaire par Yazid Slimani dans TSA qui a donné cette information. Le voici, intégralement.
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TSA - 9.04.2011

De nombreuses zones d’ombre l’entourent
À Annaba, l’étrange « affaire d’espionnage » en faveur de la France

Le tribunal criminel d'Annaba a condamné, jeudi 7 avril, trois Algériens à des peines de prison pour espionnage au profit de l'État français. Ces trois personnes, dont deux ex‑militaires, sont notamment accusées d'avoir pris des photos de plusieurs édifices publics stratégiques. Des services qui auraient été commandités par le consulat général de France à Annaba.

Mais cette affaire d'espionnage soulève un certains nombre de questions. En général, lorsqu'un scandale d'espionnage est révélé publiquement, il suscite une crise diplomatique entre les deux pays concernés ou au moins, des réactions officielles au plus haut niveau. Les diplomates étrangers impliqués sont expulsés et des mesures de rétorsion sont décidées de l’autre côté. Dans cette affaire, étrangement, les autorités algériennes sont restées totalement silencieuses. Côté français, bien sûr les soupçons d'espionnage ont été niés, mais l'affaire n'a pas pris de proportions importantes.

Ainsi, à l'époque où les faits ont été révélés, en juillet 2009, la France a officiellement démenti : « Nous démentons formellement toute implication de notre consulat général à Annaba dans cette affaire rapportée par la presse algérienne », avait déclaré à l'époque le porte‑parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères dans un point presse. Aujourd'hui encore c'est le même son de cloche. Selon une source diplomatique française, « la France n'a jamais été saisie de ce dossier ».

Autre incongruité : la plupart des affaires d'espionnage sont traditionnellement jugées par des tribunaux militaires. Cette affaire à été jugée par le tribunal criminel d'Annaba. Pourquoi ? Là encore, les autorités ont gardé le silence.

Ensuite, sur le fond, les « missions » qui auraient été assignées aux « espions » sont assez étonnantes. Ils devaient notamment photographier plusieurs sites officiels ou sécuritaires : la Présidence, les ministères, des casernes… et cela avec des téléphones portables. Or, des photographies de la plupart de ces bâtiments existent déjà, ils sont même parfaitement visibles sur Internet (via le logiciel Google earth par exemple). Mieux, certains édifices pris en photo, comme les casernes, ont été construits par les Français du temps de la colonisation. On peut donc supposer qu'ils en ont des plans.

Bref, on comprend mal la nécessité pour la France de devoir « embaucher » trois Algériens pour obtenir ces photos. De plus, quel intérêt aurait la France à posséder des photos et plans de ces institutions ? Pour servir quels objectifs ?

Enfin, ce jugement, largement médiatisé, laisse penser que les services de sécurité algériens effectuent avec succès leur mission de protection de la sécurité nationale. Or, aujourd'hui, de nombreuses missions d'espionnage ont plutôt des objectifs économiques. Et sur ce plan, les services de sécurité algériens ne cessent de montrer leurs lacunes. D'importantes affaires de corruption impliquant des étrangers ont été révélées ces dernières années. Celles de l'autoroute Est‑Ouest et de la Sonatrach en sont une illustration parfaites. Elles montrent l'inefficacité de nos services de renseignements et de sécurité dans des domaines pourtant cruciaux pour le pays, sans doute plus que d'éventuelles prises de photos d'édifices publics.

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