Une cyberguerre semble d'ores et déjà engagée contre l'Iran

Depuis quelques mois, Téhéran est la cible d'un virus inédit appelé Stuxnet, qui a causé d'énormes ravages sur ses ordinateurs et constitue toujours une menace réelle visant l'ensemble de ses installations industrielles stratégiques (contrôle, entre autres, des oléoducs, des plateformes pétrolières, des centrales électriques et tout particulièrement nucléaires).

Conçu par une équipe d'experts de haut rang, le virus en cause est capté le plus souvent par l'intermédiaire d'une clé USB. Une fois introduit dans la mémoire, il a pour rôle de détecter la présence d'un logiciel spécifique de Siemens et de s'y installer avec le double objectif, d'un côté, de fausser les données de traitement liées à ce logiciel de sorte à prendre possession complète de la machine ; et, de l'autre, de créer des combinaisons ou des instructions allant dans le sens de la destruction physique des installations industrielles.

Siemens contacté à ce sujet par les spécialistes intéressés (car d'autres États seraient également touchés par les attaques de ce virus) a décliné la paternité de Stuxnet et s'est déclaré absolument étranger à ses intrusions hautement nocives, tout particulièrement en Iran, un pays avec lequel, affirme-t-il, il a rompu, au plan nucléaire, toute relation technique et commerciale depuis trois décennies.

Jusqu'ici, l'on indique que 30 000 ordinateurs au moins ont été ainsi infectés en Iran, la plus grande majorité d'entre eux étant fort heureusement détenue par des particuliers chez eux. Néanmoins, de nombreux autres installés dans les grands centres industriels auraient déjà subi les assauts de ce virus extrêmement dangereux, dont des experts comme Kasperski et Symantec reconnaissent la haute technicité.

La centrale de Bouchehr semble avoir été touchée mais sans grands dommages, et l'on pense que la centrale de Natanz, là où s'activent justement les fameuses centrifugeuses enrichissant l'uranium, en serait surtout la plus visée.

« Aucun dommage sérieux » n'a été signalé dans le pays, conteste cependant le ministre iranien des Télécommunications et des technologies de l'information, Reza Taqipour. « Le virus n'a pas été capable de pénétrer ou de causer des dégâts sérieux dans l'appareil gouvernemental », a-t-il encore soutenu.

Téhéran se mobilise et procède d'ores et déjà, par ses propres moyens, à la destruction du virus. Ne faisant guère confiance à Siemens ni aux autres compagnies occidentales, il se considère dans une espèce de guerre fomentée par l'occident contre laquelle il ne doit compter que sur ses propres forces.

Téhéran annonce aujourd'hui l'arrestation d'espions qui s'activaient, via Internet, à contrer le programme nucléaire iranien, annonce le ministère iranien des Renseignements, Heydar Moslehi.

Ce dernier n'a pas précisé la teneur des informations communiquées par ces espions ni encore le nombre de ceux-ci, leur identité, etc.

"Je certifie à tous les citoyens que les services de sécurité assurent une surveillance complète d'internet et ne permettront aucune fuite concernant le programme nucléaire iranien, ni la destruction de ces activités", a assuré Moslehi, avant d'ajouter : "L'Iran a ainsi empêché les ennemis de mener une action destructrice".

Pour le ministre, son pays a toujours l'œil bien ouvert sur l'action nocive des services d'espionnage des pays occidentaux et s'emploie toujours à les contrer.

Là, il a fait sans doute allusion aux ravages causés par le virus Stuxnet qui a immobilisé quelques 30 000 ordinateurs dans le pays. A ce propos, d'ailleurs, il semble désormais admis que ce dangereux virus soit d'origine israélienne et que ce n'est pas la première fois que Tel Aviv dirige des actions de l'espèce contre les installations industrielles iraniennes avec pour objectif de les neutraliser.

Citant une déclaration de Mohsen Hatam, vice-ministre de l'Industrie chargé de la planification, insérée dans le site Internet de la télévision d'État iranien, une dépêche AFP rapporte que "Les ordinateurs industriels infectés par le virus Stuxnet ont été nettoyés".

L'on sait que 30 000 ordinateurs se trouvaient infectés par le virus dans ce pays.

Créé il y a un an, ce virus n'a été mis à jour qu'en juin dernier, après avoir infecté en grande majorité des ordinateurs individuels.

Destiné essentiellement à rechercher un logiciel du constructeur Siemens qui permet le contrôle des oléoducs, des plateformes pétrolières, des centrales électriques et nucléaires et autres installations industrielles stratégiques, Tuxnet aurait pour objectif de modifier la gestion technique de ces installations afin de pouvoir programmer leur destruction physique.

Ce sabotage informatique serait dû à des hackers israéliens et participe de la guerre ouverte que Tel Aviv entend mener contre l'Iran à cause de ses activités nucléaires.

La référence à l'héroïne biblique Esther retrouvée dans les algorithmes du virus Stuxnet qui a immobilisé tant d'ordinateurs en Iran appuie fortement l'hypothèse de l'origine israélienne du virus.

Un article du journal Le Figaro publié aujourd'hui renseigne assez clairement sur le dispositif très développé mis en place à Tel Aviv pour frapper tout particulièrement les centres informatiques névralgiques du monde arabe et surtout de l'Iran.

Une unité spécialement créée au sein de l'armée pour concocter des logiciels capables de nuire dans n'importe quelle partie du globe a pour nom Unité 8200. Elle avait pour mission au départ de prendre en charge l'écoute des communications des pays adverses. Faisant partie des services de renseignements de l'armée placés sous le commandement du général Amos Yadlin, un aviateur qui aurait participé à la destruction du site nucléaire irakien Osirak en 1980, cette unité spécialisée dans l'informatique réunit les meilleurs ingénieurs et autres développeurs du pays.

On attribue d'ailleurs à cette même unité la neutralisation des systèmes informatiques contrôlant les radars et la DCA syriens grâce à laquelle l'aviation israélienne a réussi sans coup férir, en 2007, la destruction des installations secrètes syriennes.

AFP - Le Figaro
mardi 18 janvier 2011

Les services de renseignement israéliens et américains ont collaboré au développement du virus informatique Stuxnet destiné à saboter le programme nucléaire iranien, rapporte hier le quotidien américain The New York Times.

Israël a testé l’efficacité du virus dans le complexe nucléaire de Dimona, situé dans le désert du Neguev, qui abrite le programme d’armements nucléaires israélien, indique l’édition en ligne du New York Times qui cite des experts militaires et du renseignement.

La création de ce virus destructeur est un projet américano-israélien, avec l’aide, volontaire ou non, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, selon les sources du quotidien. Des experts avaient déjà soupçonné à plusieurs reprises Israël d’être à l’origine du virus Stuxnet, qui a touché les centrifugeuses iraniennes produisant de l’uranium enrichi.

Le ministre israélien des Affaires stratégiques Moshé Yaalon a affirmé fin décembre que de récentes "difficultés" rencontrées par le programme nucléaire iranien avaient retardé de plusieurs années l’éventuelle accession de Téhéran à la bombe atomique. Les Etats-Unis et une partie de la communauté internationale accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce que Téhéran a toujours démenti.

Détecté il y a quelques mois, Stuxnet infecte un logiciel Siemens de contrôle des automates industriels très utilisés dans les secteurs de l’eau, des plateformes pétrolières et des centrales électriques. Sa fonction serait de modifier la gestion de certaines activités pour entraîner la destruction physique des installations touchées, selon les experts.

Stuxnet aurait principalement frappé l’Iran, ce qui a laissé penser qu’il avait été conçu pour saboter ses installations nucléaires, mais il semble avoir aussi touché l’Inde, l’Indonésie ou le Pakistan.

URL de la source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/01/16/97001-20110116FILWWW0 (...)