Jamais la classe politique française, essentiellement de droite, ne se sera montrée aussi raciste qu'en ces temps derniers sous le mandat Sarkozy. Même les citoyens français d'origine étrangère, et plus particulièrement d'Afrique du Nord ou subsaharienne, sont désignés du doigt pour une foultitude de raisons. Cela fait d'eux des pestiférés auxquels on serine chaque jour le devoir de raser les murs à défaut de retourner dans leur pays natal.
Que des mots souvent très blessants qui s'adressent à eux proviennent des milieux lepénistes et autres extrémistes de droite, la chose en soi, attendue, ne surprend guère, mais qu'on les attribue le plus fréquemment désormais à des ministres en exercice et à des députés en vue, choque inconsidérément et rappelle la chasse aux sorcières qui a marqué certains épisodes peu glorieux de la France décadente contemporaine.
C'est toujours l'expression des faibles que d'agiter ainsi l'étendard du racisme primaire qui exclut l'altérité sinon le besoin de repli sur soi en criant haro contre l'autre, qu'il vienne d'Afrique ou d'ailleurs. Et quand des hauts personnages de l'État cèdent à ce genre de faiblesse, il faut s'attendre à ce que le pire soit devant mais pas derrière nous.
Le magazine L'Éxpress qui s'émeut d'observer de telles dérives se multiplier sans en rien grandir la France nous fait à bon escient, comme suit, le rappel des principales manifestations de racisme le plus élémentaire dans la bouche des politiques français de l'UMP.
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Identité nationale et dérapages
Quand l'UMP flirte avec le racisme
Par LEXPRESS.fr, publié le 29/07/2010
Depuis l'ouverture du débat sur l'identité nationale, la parole à l'UMP est "décomplexée". Morceaux choisis.
Lionel Tardy, député Haute-Savoie, 28 juillet
Pendant la finale du championnat d'Europe d'athlétisme, le député s'interroge sur Tweetter : "avec le nombre d'athlètes naturalisés peut-on encore parler de championnat d'Europe d'athlétisme?".
Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, 21 juillet
L'annonce, par le président de la république, d'une réunion à l'Élysée sur les "gens du voyage" a inspiré le porte-parole du gouvernement: "On a beau être rom, gens du voyage, parfois même français au sein de cette communauté, eh bien on doit respecter les lois de la République." La question Rom a d'ailleurs provoqué une avalanche de déclarations douteuses dans la majorité.
Benjamin Lancar, président de l'UMP Jeunes, 30 juin
S'exprimant sur la radio Beur FM, Lancar déclare "Il y a eu des tensions ethniques dans cette équipe, quand ont voit le rejet que Gourcuff a reçu (...) Même Emmanuel Petit parlait d'islamisation de cette équipe (...) Je dis juste cette équipe, c'est une équipe de racailles". Pour se justifier, il rappelle que Roselyne Bachelot et Alain Finkielkraut ont, avant lui, utilisé les termes de "racailles", de "caïds" à propos des joueurs de l'Équipe de France.
Gerard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, 10 mars
le président du groupe UMP au sénat, interrogé dans "Questions d'Info LCP/France Info/AFP" sur le remplacement de Louis Schweitzer à la présidence de la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité) estime que quelqu'un du "corps français traditionnel" serait plus indiqué que le socialiste Malek Boutih. "il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains - qui sont d'ailleurs en général Italiens ou Marocains - doivent faire l'effort sur eux-mêmes de s'ouvrir à l'extérieur".
Francis Delattre, ancien député et maire de Franconville (Val-d'Oise) 28 janvier
Dans un meeting pour les régionales, il déclare à propos d'Ali Soumaré, tête de liste PS dans ce département, d'origine malienne: "Au début, j'ai cru que c'était un joueur de l'équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ça change tout!".
Le site internet de l'UMP, le 23 janvier, choisit pour illustrer son engagement à agir contre la délinquance des mineurs, une photo de jeunes noirs. Révélée par le blog Al Kanz, la photo a depuis, été retirée du site.
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, 15 janvier
Lors d'un débat à Marseille, le maire de la ville évoque les scènes de liesse après les récentes victoires de l'équipe algérienne de foot: "Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf que quand après ils déferlent à 15 000 ou à 20 000 sur la Canebière, il n'y a que le drapeau algérien et il n'y a pas le drapeau français, cela ne nous plaît pas".
Pascal Clément, ancien garde des Sceaux, 22 décembre
Pendant la réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, où la proposition de loi contre la burqa était débattue, il déclare : "Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France".
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, 16 décembre
Il pense que "les exilés Afghans feraient mieux d'aller faire la guerre chez eux", et il le dit sur Twitter, afin de défendre l'expulsion de neuf Afghans vers Kaboul la veille. "Qui pourrait comprendre que des Afghans dans la force de l'âge n'assument pas leur devoir, et échappent à la formation que, notamment les forces françaises, leur proposent pour défendre leur propre liberté dans leur pays?"
Nadine Morano, Secrétaire d'État, 14 décembre
A l'occasion d'un débat sur l'identité nationale organisé à Charmes (Vosges), la secrétaire d'État à la Famille répond à un jeune homme qui l'interroge sur la compatibilité de l'islam avec la République: "On ne fait pas le procès d'un jeune musulman. Sa situation, moi je la respecte. Ce que je veux, c'est qu'il se sente français lorsqu'il est français. Ce que je veux, c'est qu'il aime la France quand il vit dans ce pays, c'est qu'il trouve un travail, et qu'il ne parle pas le verlan. C'est qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers. C'est qu'il essaye de trouver un boulot."
Nicolas Sarkozy, 8 décembre
Dans une tribune publiée dans Le Monde, le chef de l'Etat défend sa conception de l'identité nationale : "les peuples d'Europe sont accueillants, sont tolérants, c'est dans leur nature et dans leur culture. Mais ils ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés". "Dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde (...) tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l'échec l'instauration si nécessaire d'un islam de France."
André Valentin, maire UMP de Gussainville (Meuse) 1er décembre
A l'occasion d'un débat sur l'identité nationale qui fait l'objet d'un reportage sur France 2, il dit : "Je pense qu'il est plus qu'utile, qu'il est même indispensable, qu'il est temps qu'on réagisse, parce qu'on va se faire bouffer."
"Par qui? demande le journaliste. Réponse: "Par qui ? Par quoi ? Y en a déjà dix millions, hein. Il faut bien réfléchir. Dix millions que l'on paie à rien foutre."
Christian Éstrosi,, ministre de l'Industrie, 26 novembre
Invité de l'émission "Parlons net" sur France Info: "Si, à la veille du second conflit mondial, dans un temps où la crise économique envahissait tout, le peuple allemand avait entrepris de s'interroger sur ce qui fonde réellement l'identité allemande, héritière des Lumières, patrie de Goethe et du romantisme, alors peut-être aurions nous évité l'atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne".
Le même jour, à l'occasion d'une intervention devant l'Association des amis de Christian Éstrosi, il embraie sur l'idée de certains élus UMP de faire interdire les drapeaux étrangers lors des cérémonies de mariages en mairie ?mise en place par le maire d'Orange, Jacques Bompart : "j'ai l'intention d'interdire les coups de klaxon intempestifs et les drapeaux étrangers sauf lors de cérémonies officielles."
Jacques Chirac, ancien président de la République, 20 novembre
Dans des images diffusés par "le Petit journal" de Canal+, Jacques Chirac, en déplacement à Bordeaux, demande à un jeune homme: "vous êtes d'où vous?". "Lormont", répond l'intéressé avant qu'Alain Juppé, le maire de Bordeaux ne reprenne: "Lormont, c'est une commune juste à côté de Bordeaux".
Une fois le jeune homme parti, l'ancien hôte de l'Élysée ajoute :"A mon avis il est pas tout à fait né natif de la ...", et Alain Juppé de commenter en souriant : "Il est pas corrézien".
Éric Besson, ministre de l'Identité nationale, 18 novembre
Il dénonce les mariages gris qui sont une "escroquerie sentimentale à but migratoire" et le fait que des "personnes en situation de faiblesse" abusées par des étrangers dont l'objectif, en les épousant, est uniquement "d'obtenir un titre de séjour ou la nationalité française".
Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, 5 septembre
Lors de l'Université d'été des jeunes de l'UMP, à Seignosse (Landes), à propos d'un jeune homme d'origine maghrébine, Amine Benalia-Brouch."il ne correspond pas du tout au prototype, alors." Puis répondant à une participante qui disait "C'est notre... C'est notre petit Arabe", il renchérit : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes."
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/quand-l-ump-flirte-avec-le-racisme_836799.html