Sarkozy arrive aujourd’hui à Alger

Sarkozy, attendu à Alger, doit rencontrer Bouteflika, non pour remettre sur la table le projet de traité d’amitié franco-algérien, initié par Chirac, qui s’est perdu dans les méandres de la politique franco-française, mais pour aborder principalement les questions de partenariat économique, d’un côté, et jeter les bases de l’ "Union méditerranéenne", telle que la conçoit le président français, de l’autre.

Au plan des affaires, il y a, bien sûr, le problème gazier, au sens où les Français voudront revoir à la hausse le volume des approvisionnements assurés par l’Algérie, pour ne pas avoir à subir, une nouvelle fois, les retombées déplorables des mésententes entre la Russie et l’Ukraine qui ont failli, dans un passé récent, se traduire par une rupture des livraisons de gaz russe à l’Europe en général et à la France en particulier. La question aussi du nucléaire civil, que l’Algérie veut développer pour ses besoins énergétiques ultérieurs, n’étant pas perçue sous un mauvais angle de l’autre côté de la Méditerranée, il est possible qu’une coopération franco-algérienne se construise solidement à ce sujet.

Sans nul doute, par ailleurs, le volet des relations bilatérales au plan principalement des flux migratoires sera évoqué pour mettre au clair, en particulier, les nouvelles dispositions restrictives prises par Paris. La lutte contre le terrorisme, qui constitue, enfin, une préoccupation majeure de Paris et de toute l’Europe, devra aussi donner lieu à un examen ayant pour objet d’asseoir une meilleure coordination pour prévenir les attentats éventuels, notamment, faire circuler les informations d’intérêt commun, etc.

En visite éclair à Alger, le président Sarkozy, qui a été chaleureusement accueilli par son homologue algérien, s’est dit quasiment ouvert à la discussion sur tous les sujets susceptibles d’améliorer les relations franco-algériennes.

Venu défendre son projet d’Union méditerranéenne, qu’il voudrait prendre exemple sur l’U.E., le président français aurait souhaité trouver immédiatement un groupe de pilotage de départ de ce rassemblement. Il a pensé naturellement à l’Egypte, la Tunisie, la Libye et l’Algérie ; tous sont des pays ne se trouvant pas en situation conflictuelle, contrairemet au Maroc, entre autres, qui est encore aux prises avec le Polisario. Pour Sarkozy, ce regroupement à l’échelle des seuls pays dits du Maghreb est encore insuffisant, et, dans son esprit, Israël, l’Egypte et la Turquie doivent y trouver leur place.

On parle apparemment d’armes et de gaz qui ont animé les discussions entre les deux chefs d’Etat, lesquels auraient sciemment évité d’évoquer les sujets qui fâchent, à l’exemple du traité d’amitié initié par Chirac et que Sarkozy ne fait pas sien, d’autant que Bouteflika avait lié sa signature à la repentance officielle de la France, chose encore rejetée carrément par le nouveau président français. Pour résumer son approche de la question, ce dernier s’est d’ailleurs fendu d’une réplique fort cinglante mais significative : « L’amitié se nourrit d’action et de projets plus que de traités ».

De leur côté, Bernard Kouchner et son homologue algérien des Affaires étrangères ont paraphé une lettre de mission ayant pour objet la réalisation d’une université algéro-française en Algérie.

Enfin, Sarkozy, dont le calendrier prévoit une seconde visite d’Etat en novembre prochain, à son retour du Maroc où il compte également rendre sa première visite d’Etat, s’est envolé, peu après son entretien avec Bouteflika, en direction de Tunis, pour y rencontrer le président Ben Ali, avant de repartir ce matin même pour Paris.

Effectivement, la visite de Sarkozy ne donnera aucun effet sur les relations algéro-francaises, vu que ce même homme a dévoilé ses cartes avant même d'être élu président ; ce qui est logique pour ses idées. Pour Sarkozy ou un autre, l'Algérie doit compter sur elle-même - un ennemi est un ennemi...

Faisons comme les Chinois : travaillons, travaillons et c'est à partir de là que nous pouvons dire que l'Algérie pourra peut-être, un jour, lever la tête.