La Grèce accepte le traitement de cheval qui lui est proposé

La résorption de l'instabilité des marchés financiers, qui a marqué ces derniers jours les bourses principalement européennes, semble se dessiner désormais avec les mesures drastiques imposées à la fois par l'U.E. et le F.M.I. à la Grèce, pays le plus frappé par la crise.

Cette dernière, qui menaçait d'effondrement l'euro, a suscité une profonde préoccupation dans les principales capitales de l'U.E..

Compliquées, il est vrai, par la découverte de chiffres falsifiés produits par les autorités d'Athènes, l'approche et l'organisation d'une aide permettant de renflouer l'économie hellénique posaient un problème aigu de manque de crédibilité du pouvoir en place. On s'est aperçu bien des années après l'admission de ce pays au sein de l'U.E. que les statistiques économiques présentées à l'appui de sa demande étaient frauduleusement grossies ainsi que les suivantes.

L'Allemagne, première puissance économique de l'U.E., en était arrivée du coup à rejeter toute aide à la Grèce et même à envisager son exclusion de la zone euro. Et le tapage qui s'en est suivi à Athènes pour pourfendre une telle prise de position ne lui a finalement pas été d'un grand secours. Tant Berlin que le FMI ont campé sur leurs positions intangibles : c'est à la Grèce de prendre les mesures appropriées qu'impose un si grave fléchissement de son économie, considèrent-ils, approuvés en cela par une bonne partie des capitales européennes.

Aujourd'hui, le gouvernement de Papandréou annonce qu'il se soumet aux exigences formulées par les experts internationaux chargés du dossier, sans quoi l'aide attendue ne pourrait venir au secours de son pays.

Et c'est ainsi que les fonctionnaires, qui représentent à peu près 13 % de la population active, vont être privés, durant les trois prochaines années, de leur 13è et 14è mois, ainsi que des primes saisonnières. L'âge du départ en retraite est prorogé de 53 à 67 ans.

Les syndicats, qui n'approuvent pas ces mesures d'austérité, ne l'entendent pas de cette oreille, eux qui préparent leur riposte par une grève générale prévue pour le 5 mai.

Pendant que les autorités françaises et allemandes se concertaient ce matin sur le concours financier à apporter à la Grèce, les rues d'Athènes et de Salonique se remplissaient de manifestants, profitant de la journée chômée du 1er mai, pour protester contre les mesures draconiennes assortissant ce concours.

Ici et là les violences commises ont conduit les forces de l'ordre à réagir à l'aide de bombes lacrymogènes. Des distributeurs de banque et des magasins ont été en effet vandalisés, des véhicules de l'Etat mis en autodafé par des centaines de protestataires en colère.

Les syndicats, de leur côté, criaient leur rejet des suppressions de 13è et 14è mois envisagés, qu'ils considèrent comme étant "des mesures barbares".

Mais, dans le reste de l'Europe, il semble qu'une espèce de consensus se soit dégagé pour soutenir les conditionnalités imposées, de façon à prévenir d'autres situations presque analogues qui pointent à l'horizon, comme au Portugal, en Espagne ou en Italie.