Au cours de la semaine en cours, Michael Hayden, directeur de la C.I.A., doit rendre public un dossier de 693 pages relatif à certaines des activités, sans doute illégales, de son agence.
Ce dossier avait été en fait commandé en mai 1973, par Schlesinger, son prédécesseur de l’époque, à la suite de l’affaire du Watergate qui avait révélé les débordements de Richard Nixon, acculé à juste titre d’ailleurs vers la porte de sortie.
Selon certains documents déjà rendus publics par la National Security Archive de l’Université George Washington, un mémorandum de six pages résume déjà certains actes peu flatteurs commis par la puissante centrale de renseignements américaine. Ainsi, la CIA a « c
omploté en vue de l’assassinat de dirigeants étrangers, y compris Fidel Castro, Lumumba, du Congo, et Trujillo de la République dominicaine. », bien qu’elle y ajoute la réserve qu’elle n’aurait joué en fait «
aucun rôle » dans l’assassinat de Lumumba, ou encore qu’un «
lien ténu » la relie à la mort de Trujillo.
Entre 1967 et 1969, ajoutent ces documents, la CIA a assuré la «
couverture à l’étranger d’étudiants subversifs » et «
les activités internationales de militants noirs et radicaux », et obtenu, par l’infiltration de ces mouvements, les noms de 9900 Américains.
De 1953 à 1973, les mêmes services se sont employés à ouvrir illégalement du courrier échangé avec la Chine et l’Union soviétique, confisquant même 4 lettres adressées à Jane Fonda, la célèbre actrice qui avait franchement milité contre la guerre du Vietnam.
Dans un entretien enregistré avec l’ancien président Ford, Henri Kissinger, le secrétaire d’Etat a prévenu le 4 janvier 1975 : «
Helms, ancier directeur de la CIA, a dit que toutes ces histoires n’étaient que la partie visible de l’iceberg. Si elles sortent, le sang va couler. Par exemple, Robert Kennedy, secrétaire à la justice de 1961 à 1964, a personnellement dirigé l’opération sur l’assassinat de Castro ».
Aussi, les révélations attendues ne manqueront pas de nous surprendre sur certains aspects ignobles des activités répréhensibles de cette organisation qu’on est tenté d’appeler hautement criminelle.