Selon le ministre de l'Education nationale, Benbouzid, qui l'a déclaré hier à l'Assemblée nationale, l'Algérie recense quelques 6,4 millions d'analphabètes.
Ce chiffre, qui représente un taux de 20 % environ de la population du pays, est considéré d'autant plus inacceptable que l'Etat a multiplié, depuis l'indépendance, ses efforts pour scolariser les nouvelles générations.
Les déperditions scolaires n'expliquent pas seules l'importance de cette carence, puisque, dans la population, vit encore une frange non négligeable d'Algériens des deux sexes qui n'ont pas pu profiter à temps des effets de la scolarisation intensive entreprise à partir de 1962.
De plus, il ne faut pas perdre de vue qu'aujourd'hui encore, dans certaines zones reculées du pays, le regrettable penchant d'éviter la scolarisation des fillettes est toujours de mise, au sein de nombreuses familles totalement illettrées. Tout particulièrement, dans les milieux nomades du sud, il est rare de trouver des enfants, y compris les garçons, inscrits dans des écoles publiques.
Aussi, les initiatives prises récemment par le gouvernement d'accroître les moyens mis à la disposition des services chargés de l'alphabétisation, sonnent-elles comme une simple mesure politicienne et ponctuelle inspirée par la proximité d'une importante échéance électorale. Elles auront d'autant moins d'effet qu'elles n'ont jamais, par le passé, démontré une quelconque efficacité sur le terrain. L'alphabétisation, pour être réussie, est un travail continu et de longue haleine qui n'accepte ni relâchement ni désintéressement. Il faut aussi que ceux auxquels elle s'adresse y mettent beaucoup de volonté et de sérieux pour atteindre son but.