Nouvel accident à bord d'un sous-marin nucléaire russe

Tandis que l'on procédait, hier soir vers 20 h 30, à des essais du système anti-incendie à bord d'un sous-marin nucléaire russe en chantier et naviguant en mer du Japon, une intoxication au fréon s'y est produite. Ce gaz très toxique, aussitôt répandu dans l'enceinte du submersible, a provoqué l'asphyxie d'une partie de l'équipage et du personnel technique civil qui l'accompagnait.

L'on a dénombré par suite 20 morts et 22 blessés. Ces derniers ont été retirés du navire et chargés à bord du sous-marin Admiral Tribouts, qui se trouvait dans le voisinage du lieu de l'accident, avant d'être transférés dans un hôpital.

Le parquet général a aussitôt délégué des enquêteurs sur place pour situer les causes exactes de l'accident mortel. Pour "violation des règles de navigation et d'exploitation d'un navire de guerre ayant provoqué par imprudence la mort d'une ou de plusieurs personnes et d'autres conséquences graves" (art. 352 du Code pénal russe), une commission d'enquête est même d'ores et déjà désignée, sous le contrôle d'Alexandre Motriski, premier adjoint au procureur militaire, indique l'agence Ria Novosti.

Apparemment, la marine russe, dont ce nouvel accident ternit l'image, ne semble pas prendre très au sérieux le contrôle de ses équipements nucléaires. De plus, l'affaire Tchernobyl n'est pas encore oubliée dans l'esprit des centaines voire des milliers de victimes qui en ont payé un lourd tribut en Russie comme ailleurs. Et si, épisodiquement, de nouveaux accidents, même s'ils ne frappent que des nationaux, viennent à rappeler au monde l'existence en Russie d'une menace réelle et préoccupante pour sa survie, le moment est plus que jamais venu d'y mettre le holà. Trêve de plaisanterie, l'explosion accidentelle toujours possible d'une bombe thermonucléaire pourrait mettre en péril la vie non de 20, 30 ou 80 personnes, mais cent mille fois plus au moins.

Ria Novosti, dans un article publié hier, donne, en attendant les conclusions de l'enquête officielle, un peu plus de détails sur la catastrophe survenue sur le sous-marin nucléaire, K-152 Nerpa, et ayant coûté la vie de 20 personnes.

D'abord, il y avait à bord un total de 208 personnes, dont 81 civils, ingénieurs et techniciens, qui étaient à bord pour donner la dernière touche au submersible avant sa livraison à l'armée russe.

Ensuite, le déclenchement du système anti-incendie se serait opéré automatiquement, dès l'apparition des premières flammes qui auraient pris accidentellement dans un compartiment. Et comme le personnel civil se trouvant là n'était pas tout à fait au courant des procédures de protection contre les incendies, l'intoxication par les gaz aurait vite fait de l'atteindre principalement : 36 sur les 41 victimes étaient de son nombre.

Les marins, eux-mêmes étant habituellement dotés d'appareils respiratoires individuels, en connaissent suffisamment le maniement pour se mettre à l'abri d'intoxication de ce genre, durant 20 à 30 minutes selon leur dépense d'énergie pour combattre éventuellement le feu. Aussi, n'y eut-il parmi eux qu'un petit nombre de victimes.

En tout état de cause, cette nouvelle catastrophe, rappelant celle du Koursk de 2000, donnera vraisemblablement lieu à une révision complète du dispositif de sécurisation des passagers dans les submersibles russes.