Israël caresse toujours l'option d'en découdre avec Téhéran

Une rencontre au sommet israélo-russe, quasiment à huis clos, s'est tenue récemment à Moscou, révèle Ria Novosti. L'objet du déplacement d'Ehud Olmert, son dernier dans ce pays sans doute avant son retrait définitif du gouvernement, n'était rien d'autre que d'inciter les autorités russes à remettre sine die leur engagement de livrer à l'Iran et à la Syrie des missiles de dernière génération, S-300. Il est vrai que Moscou, notamment avec l'Iran, a signé il y a quelques mois un contrat de livraison de ces missiles que l'on dit très prisés pour leur efficacité.

En échange, Olmert offre à ses interlocuteurs une espèce de sanctuaire à Jérusalem et s'engage à ne pas livrer d'armements à la Géorgie. De plus, il lèverait le système des visas instauré pour les visiteurs russes dans son pays.

Apparemment, la perspective d'affronter les S-300, arme redoutable s'il en est, semble peser considérablement sur la décision de Jérusalem d'attaquer l'Iran, pour y détruire ses installations nucléaires. Plus éloigné que l'Irak par rapport à Israël, l'Iran, bien mieux organisé au plan militaire de surcroît, n'est pas, de toute évidence, une proie facile à ingurgiter. Il dispose déjà d'une demi-douzaine de ces missiles assez âgés qu'il a acquis auprès de la Biélorussie. Aussi, la démarche bien comprise d'Israël vise-t-elle sinon à obtenir l'annulation de la commande iranienne déjà lancée, du moins à faire différer à une date bien plus lointaine sa livraison.

En d'autres termes, le temps qui passe milite bien en faveur des mollahs, qui activent leurs recherches nucléaires, et alourdit donc la menace pesant sur ce que l'on dit être son principal ennemi, l'Etat juif. Ce dernier cultive toujours la même crainte de voir Téhéran disposer de l'arme nucléaire. Non pas qu'il redoute l'usage pouvant être fait à son égard, parce qu'il dispose en vérité d'une puissance de frappe nucléaire cent fois supérieure, mais il n'entend pas qu'un autre Etat de la région menace son leadership. C'est bien le seul fondement de sa grande agitation.

Selon toute vraisemblance, Israël se dit prêt à porter le feu en Iran, pour y détruire ses centres de recherche nucléaire, faute par les grandes puissances d'avoir réussi à contraindre ce pays d'abandonner ses travaux sur l'uranium. Le temps passant, nombreux sont les Israéliens qui craignent que les ayatollahs parviennent, dans un avenir proche, à maîtriser le processus de fabrication de la bombe. De plus, l'avènement d'Obama est estimé par d'autres propice à la négociation avec les extrémistes iraniens et non à la guerre comme l'avait, un temps, laissé accroire Bush.

L'aile la plus dure de Tsahal se croît même capable de raser l'ensemble des vingt centres jusqu'ici identifiés. Mais, pour y parvenir, à cause de l'éloignement, il lui faut simplement s'assurer du soutien de l'armée américaine, actuellement déployée en Irak. Les avions israéliens ont impérativement besoin, en effet, d'être, en plein ciel, ravitaillés en carburants sur un aussi long parcours. Non pas que l'US Air force leur refuserait, aujourd'hui, cette aide, tant qu'Obama n'est pas encore installé à la Maison-Blanche, mais les Israéliens, pour rester maîtres de leur initiative, auraient préféré agir dans l'incognito total pour ne pas se trouver dans l'obligation de requérir le feu vert préalable de Washington avant d'entreprendre toute action dans ce sens. Obama, dont d'aucuns redoutent sinon un alignement du moins une position équivoque sur les thèses défendues par Téhéran, pose un problème d'autant plus lancinant que certains croient déceler en lui des convictions pro-arabes, même si l'Iran se détache nettement du monde arabe.

Au sein de cette équipée de boutefeux, plus lucides sont ceux qu'inquiètent vraiment les conséquences pouvant résulter d'une confrontation directe avec l'Iran. Tirant un grand enseignement de sa guerre avec l'Irak, ce dernier, qui a amorcé depuis de grandes avancées en matière d'industrialisation, de fabrications militaires, d'équipements de son armée, n'a qu'un rapport très lointain avec l'Irak de Sadam ou la Syrie de Bachar el Assad. Si, en un tour deux mouvements, l'aviation israélienne a eu raison de l'unique centrale de recherche irakienne en 1981 ou encore d'un bâtiment isolé de l'armée syrienne l'an passé, rien ne dit que Téhéran, qui prépare de longue date déjà une possible confrontation armée avec Washington, reste sans réaction, d'autant qu'elle dispose aujourd'hui de ses propres fusées balistiques pouvant causer d'immenses ravages en Israël.

Il est désormais établi qu'Israël cultivait depuis au moins un an l'envie de détruire les installations nucléaires iraniennes.

Non seulement le journal New York Times l'a affirmé aujourd'hui, en soutenant que Washington a carrément refusé, l'an dernier, à Israël la livraison de bombes anti-bunker, mais d'autres sources le confirment, selon Le Monde. C'est ainsi que The Guardian, un quotidien britannique, a indiqué, en septembre dernier, que Bush avait rejeté la demande israélienne, du 14 mai dernier, de bombarder des sites nucléaires iraniens. Et ce refus a même été reconnu, toujours en septembre, par le journal juif Haaretz.

Le quotidien parisien ajoute que Robert Gates, le ministre américain de la Défense, se serait opposé à l'utilisation de l'espace aérien de l'Irak qu'avait souhaitée Jérusalem pour les besoins du bombardement de l'Iran. Gates aurait émis également des objections quant à la réalisation de semblable attaque, qui serait capable d'entraîner l'expulsion des inspecteurs nucléaires internationaux en activité dans ce pays.