De Villepin bouscule Sarkozy

Il s'est trouvé enfin, dans la droite plurielle française, un homme politique, gaulliste pur et dur, capable de décrier les bévues de Sarkozy, tant à propos de l'atlantisme que du renforcement de la coalition embourbée en Afghanistan.

Cet homme n'est autre que l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, qui n'aura pas été tendre avec le chef de l'Etat, lors d'un entretien accordé, hier, à Canal+. "Non seulement le retour de la France dans l'Otan ne correspond pas aux intérêts de notre pays, mais je crois aussi que c'est dangereux", a-t-il regretté, avant d'ajouter : "Nous perdrions des marges de manœuvre, des marges d'indépendance et une possibilité d'agir seul, sans être embrigadé dans un ensemble", en soulignant que l'OTAN est " une organisation sous domination américaine".

Evoquant le volet des renforts militaires consentis sur le théâtre des opérations d'Afghanistan, l'ex Premier ministre a déploré l'absence de stratégie politique, à cause de laquelle cette décision a été prise en dépit d'un constat manifeste : "Nous ne sommes plus dans la logique du 11 Septembre. On voit l'échec en Afghanistan et en Irak", a-t-il observé, en notant : "le risque d'enlisement (qui y) est extrêmement important". Aussi, a-t-il mis en garde : "Ne nous engageons pas dans des aventures militaires qui sont dépourvues de véritables stratégies globales !"

Mais il ne s'est pas arrêté là, puisqu'il a également fait voler en éclats la politique intérieure tant défendue par le chef de l'Etat. "Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, c'est 500 millions d'économies, on est très loin de ce qu'il faut faire", a-t-il objecté, entre autres.

Interrogé, enfin, sur les déboires post-électoraux de l'UMP, de Villepin n'a pas manqué de fustiger une fausse approche de son organisation même : "L'UMP n'existe pas suffisamment depuis qu'il n'y a pas à sa tête de président élu par l'ensemble des militants, a-t-il remarqué.