La flambée des prix de la patate a ses causes

Dans un article de Le Soir d’Algérie paru aujourd’hui, il semble que les prix excessifs de la patate, tels que constatés depuis déjà quelques mois, tiennent leur raison d'être dans la maigre production de ce légume de très large consommation.

Ravagé, semble-t-il, par le mildiou, un parasite qui le détruit, tout en se propageant, grâce aux vents, sur des centaines de kilomètres à la ronde, ce tubercule s’est d’autant plus raréfié que l’humidité persistante de cette année, et plus particulièrement les gelées de février et mars, ont contribué à une grande chute de la récolte.

En dépit des efforts fournis pour combattre ce parasite nocif, aucun résultat positif ne semble avoir été obtenu.

Aussi, les services spécialisés se tournent-ils avec espoir sur la nouvelle variété « sapro-miva », expérimentée avec succès, par une filiale du groupe danois, Danespo, à partir d’une chaîne de croisements successifs. Les résultats probants de cette entreprise sont apparemment renforcés par la résistance exceptionnelle de la sapro-miva au mildiou, tout en se conservant plus longtemps, et sans l’aide de produits phytosanitaires. Le rendement élevé de cette dernière, ajouté aux quantités négligeables de produits azotés qu’exige sa production, milite de plus pour l’homologation rapide de cette variété nouvelle, dont la préparation des semences indispensables pour la saison prochaine exige à elle seule quelque délai incontournable.

Il est à espérer que cette information, telle que donnée par Le Soir, se vérifie dans la réalité, l’absence de la patate sur le marché posant un problème de taille à l’échelle nationale, ne pouvant être résorbé que par une importation massive et immédiate.

Sans raison valable, les prix de la patate ont repris, ces derniers jours, leur courbe ascendante, frisant ou dépassant parfois les 60 Da le kilo. Ils sont tout bonnement passés du simple au double, en un éclair, et rien encore n’assure que l’on ne nous fourgue pas au prix fort cette même patate canadienne qui, après avoir traversé tout l’Atlantique, est commercialisée sur le marché algérien entre 20 et 25 Da. Quel écart de rendement, de prix de revient, de peine pouvant donner le tournis aux agriculteurs et commerçants algériens que la marche pourtant irréversible de la mondialisation ne semble en rien préoccuper et moins encore inquiéter !

D’un autre côté, en se rejetant l’un l’autre la balle, les ministres de l’agriculture et du commerce ne font pas seulement piètre figure devant le citoyen que rien n’étonne plus dans un pays totalement à la dérive, mais ils donnent la preuve flagrante de leur incompétence à réguler le marché et à assurer les besoins minima du consommateur. Sachant, en outre, que la pomme de terre est l’aliment de base élémentaire, ces ministrions, qu’un minimum de décence eût dû conduire d’eux-mêmes vers la porte de sortie, n’ont pas même été éjectés de leur fauteuil depuis déjà septembre dernier, où l’apparition des premiers signes de rareté de ce précieux légume avait théoriquement sonné leur fin de mission.

Malheureusement, en Algérie, quand on tient un siège, on l’arrime solidement en plongeant profondément ses racines dans le sol, de telle sorte à ne s’en détacher que sous le seul effet irrésistible d’un séisme.

En résumé, ce n’est donc pas demain la veille du jour où les choses rentreront dans l’ordre. Le peuple le sait tellement fort qu’il ne sait comment l’exprimer, sauf à s’abstenir d’aller aux urnes. C’est bien la seule chose laissée, hélas, à sa portée, pour montrer son ras-le-bol d’une gouvernance à tout le moins médiocre.