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 Jean-François Kahn : « Hollande, Marine Le Pen vous dit merci »

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Lam

Lam


Nombre de messages : 182
Date d'inscription : 24/11/2007

Jean-François Kahn : « Hollande, Marine Le Pen vous dit merci » Empty
MessageSujet: Jean-François Kahn : « Hollande, Marine Le Pen vous dit merci »   Jean-François Kahn : « Hollande, Marine Le Pen vous dit merci » EmptySam 21 Juin - 13:53

Le Figaro.fr - 20.06.2014
par Alexandre Devecchio
       
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - À l'occasion de la sortie de son dernier livre, Marine Le Pen vous dit merci, Jean-François Kahn a accordé un long entretien à FigaroVox. Selon lui, le déni de réalité de la gauche, comme de la droite, a fait le jeu du FN.

Jean-François Kahn : « Hollande, Marine Le Pen vous dit merci » PHO45b5c0a8-f8a9-11e3-8f66-d0043f5c5296-805x453 Jean-François Kahn est un journaliste et écrivain français, historien de formation. En 1984, il crée L'Événement du jeudi puis, en 1997, l'hebdomadaire d'information Marianne dont il est le directeur jusqu'en 2007. Son dernier livre vient de paraître chez Plon.

Le Figaro - Dès mai 2012, vous pronostiquiez un F.N. à 25%. Les résultats du parti de Marine Le Pen aux Européennes vous donnent raison. Comment en est-on arrivé là ?

La gauche a nié la réalité et le déni de réalité vous revient toujours dans la figure en boomerang !

J.F. K. - Il y a eu, de la part de la gauche et des médias, une mauvaise analyse du résultat du 6 mai 2012. La gauche, parce qu'elle s'est illusionnée sur sa victoire, et les médias, parce qu'ils considèrent que le vainqueur est forcément le meilleur. François Hollande a fait une campagne extraordinairement et objectivement nulle. Sa victoire est avant tout la défaite de Nicolas Sarkozy. Il faut rappeler que François Hollande a démarré sa campagne avec 62% d'intentions de vote et qu'il n'a finalement gagné que d'extrême justesse. La droite était majoritaire au premier tour. Et la droitisation de Nicolas Sarkozy entre les deux tours, que je condamne sur le fond, lui a permis de rattraper une partie de son retard. Si Bayrou n'avait pas appelé à voter François Hollande et si Marine Le Pen n'avait pas fortement incité à l'abstention, il aurait peut-être gagné sur le fil. C'est la situation que je décrivais dans mon livre, La catastrophe du 6 mai 2012 . Ce livre était un avertissement pour dire à la gauche: « Ne jouez pas au con, sinon vous aurez un Front national à 25-30 %! ». Incontestablement, ils ont joué au con … La gauche a pensé que Nicolas Sarkozy avait perdu parce qu'il avait radicalisé à droite sa campagne électorale. C'est un contresens : il a failli gagner justement grâce à cette radicalisation. La gauche a nié la réalité et le déni de réalité vous revient toujours dans la figure en boomerang!

On ne peut pas mobiliser les gens avec pour seul projet de ramener le déficit de 4 à 3%.

Le Figaro - Est-ce seulement l'échec de la gauche et de François Hollande ou le résultat d'une crise plus profonde ?

J.F. K. - La crise française n'est pas seulement économique et sociale, mais aussi psychologique et culturelle. Nous sommes dans un moment on nous avons besoin d'un leader qui porte une vision. Dans ce contexte-là, François Hollande n'était pas l'homme de la situation. Il y des périodes dans l'histoire où la présence d' « un homme normal » à la tête de l'État est une bonne chose. Mais la situation actuelle est anormale et nous avions besoin d'un nouveau de Gaulle, pas d'un président gestionnaire. On ne peut pas mobiliser les gens avec pour seul projet de ramener le déficit de 4 à 3%.

Le Figaro - Votre dernier livre s'intitule Marine Le Pen vous dit merci. À qui doit-elle dire merci exactement ?

J.F. K. - Nous venons d'en parler. L'absence de projet, de dynamique, d'objectif a laissé le terrain libre à un discours abracadabrant et catastrophique s'il était appliqué, mais qui porte une dynamique. Il y a eu une sorte de complicité objective entre la gauche socialiste et la droite UMP pour ringardiser et éradiquer l'idée même d'utopie. À tel point qu'on ne peut plus prononcer ce mot sans déclencher une certaine crispation. Pourtant, les réalités d'aujourd'hui dans ce qu'elles ont de plus positives étaient les utopies d'hier. La République a été une utopie, la démocratie a été une utopie, le libéralisme a été une utopie, de même que le suffrage universel ou le droit de vote des femmes. Le renoncement total à toute forme d'utopie signifie qu'il n'y a plus de futur. C'est la censure du devenir. Dans une situation de crise, les gens ont plus que jamais besoin d'utopie ou du moins d'alternative. Malheureusement, la majorité comme l'opposition n'ont rien à porter, et c'est Marine Le Pen qui incarne le changement. La gauche comme la droite ont abandonné au F.N. des concepts et des valeurs par pans entiers: « la nation, on vous la laisse, la République, on vous la laisse, la laïcité, on vous la laisse! Allez-y! Ne vous gênez-pas, on vous en fait cadeau! ». Marine Le Pen ne s'est pas gênée en effet; elle a tout pris ...

On a nié la réalité et fait preuve de paresse intellectuelle en affirmant en chœur, « Marine Le Pen et son père, c'est pareil ! ». On s'aperçoit maintenant que ce n'est évidemment pas le cas.

Le Figaro - Les succès de Marine Le Pen est-il aussi l'échec de la diabolisation ?

J.F. K. - C'est l'échec d'une diabolisation inadéquate. On a cru qu'on pouvait diaboliser Marine Le Pen en la qualifiant de populiste. Mais pour la majorité des gens, « populiste » est un terme positif, proche de « populaire ». D'ailleurs, le terme populiste n'a pas toujours eu une connotation négative. Il y a même eu des prix du livre et du film populiste décernés à Hôtel du Nord ou à Quai des Brumes. Il y a toute une tradition culturelle et littéraire du populisme comme Tolstoï en Russie. Et tout à coup, on pense qu'on a diabolisé Le Pen parce qu'on emploie ce concept et qu'on le détourne contre elle. C'est vivre dans une bulle, être totalement hors de la réalité! On a également nié la réalité et fait preuve de paresse intellectuelle en affirmant en chœur, « Marine Le Pen et son père, c'est pareil! ». On s'aperçoit maintenant que ce n'est évidemment pas le cas. Jean-Marie Le Pen incarnait une vieille droite royaliste, maurassienne, intégriste et colonialiste qui existe depuis 1789 et qui en vérité n'a jamais accepté la Révolution. Marine Le Pen renoue avec l'ambigüité du fascisme originel, même s'il faut se méfier de ce mot car il est trop souvent mal employé, avec un côté un nationaliste exalté et traditionaliste réactionnaire, mais aussi un côté étatiste et révolutionnaire sur le plan économique. Si on analyse la géographie électorale, on s'aperçoit qu'il y a une transformation totale de l'électorat du F.N.. Là où il y a une tradition droitière, pour des raisons sociologiques ou religieuses, le F.N. a fait des scores faibles. En revanche, il a fait des scores forts dans les fiefs de la gauche populaire: le Pas-de-Calais, la Lorraine métallurgiste, le Gard. On a refusé de le voir.

Le Figaro - Dans votre dernier livre vous constatez que la stratégie de dédiabolisation a échoué. Dès lors, comment combattre le F.N. ?

J.F. K. - Crier, « le fascisme ne passera pas », ne servira à rien. Au contraire, cette stratégie est un cadeau inespéré pour Marine Le Pen.

On ne fera plus reculer le Front national, en le combattant. Il faut agir, non pas sur ou contre le F.N., mais sur ce qui fait qu'il monte ou qu'il se développe. Il faut agir sur le chômage, sur l'insécurité, réguler l'immigration. Il faut aussi avoir un projet, ré-enchanter la politique. Crier, « le fascisme ne passera pas », ne servira à rien. Au contraire, cette stratégie est un cadeau inespéré pour Marine Le Pen. Quand, à Rennes, lors des élections municipales, parce que le candidat F.N. rassemblait 100 personnes dans une salle, des contre-manifestants viennent tout casser dans le quartier, ils ne peuvent ignorer qu'ils font exactement le jeu de leur adversaire supposé. En réalité, je soupçonne qu'un certain nombre de gens, en particulier dans la tradition post-soixante-huitarde, qui ont porté des rêves mais qui ont renoncé à tout, ont besoin de l'antifascisme pour continuer à exister. Ils ont donc créé un diable dont ils remplissent la mangeoire.

Après, l'affaire DSK, j'ai moi-même dit une énorme connerie et je l'ai reconnu volontiers.

Le Figaro - Les débats qui vous ont opposé à Aymeric Caron dans On n'est pas couché et Eric Fassin sur France culture ont été particulièrement virulents…

J.F. K. - Ce livre s'adresse à ceux qui se sont trompés pour leur dire de se remettre en cause et de faire leur autocritique. On ne peut pas poursuivre cette stratégie qui a échoué. Malheureusement, à l'occasion de certains débats, je me suis aperçu qu'il y avait un enfermement total, pas le début d'une remise en cause. Tout le monde peut se tromper. Après, l'affaire DSK, j'ai moi-même dit une énorme connerie et je l'ai reconnu volontiers. En 2002, je n'ai pas vu la possibilité du Front national au second tour. J'ai fait des articles dans lesquels j'ai reconnu mon erreur. De même, sur la question du traité constitutionnel européen. Si c'était à refaire, je voterais probablement « non » car la Constitution actuelle empêche qu'on aille plus loin. Se tromper n'est pas déshonorant. Mais certains journalistes ou politiques ne reconnaissent jamais leurs erreurs. Un certain nombre de personnes étaient fanatiquement favorables à l'intervention en Irak. Ils l'étaient probablement pour des raisons louables. Aujourd'hui, personne ne peut nier que les conséquences ont été catastrophiques. Pourtant, ni Bernard Kouchner, ni André Glucksmann, ni Alain Minc n'ont jamais reconnu qu'ils s'étaient trompés. Et lorsqu'ils passent à la télé, personne ne leur pose la question. Personne ne peut aujourd'hui nier que l'intervention en Libye a été une erreur. Je n'ai pas entendu B.H.L. faire son autocritique! Il y a des gens qui se sont arrogés le monopole de la lutte contre le F.N., le monopole de la lutte antifasciste. À l'arrivée, le F.N. est à 25%. C'est bien la preuve que leur stratégie n'a pas fonctionné, qu'elle était contestable. Pourtant, j'entends toujours le même discours, les mêmes mots, les mêmes idées.

Il faut combattre le Front national sur une base républicaine et démocratique. Un système où un parti qui fait 18% n'est pas représenté, n'est pas un système totalement démocratique.

Le Figaro - Votre précédent livre s'intitulait L'horreur médiatique. Quelle est justement la part de responsabilité des médias dans la percée du F.N. ?

J.F. K. - Immense. Deux exemples. Lors du référendum européen, les médias étaient massivement pour le oui, j'ai moi-même voté oui, tandis que les Français ont voté non. Finalement, le texte est passé par la voie parlementaire sans consultation populaire. Cela a fait un mal immense à la démocratie et je n'ai pourtant entendu aucun média, mis à part Marianne et l'Humanité, pour le dénoncer. Le rôle des journalistes, y compris de ceux qui avaient voté oui, étaient de mettre en lumière cette forfaiture. De même, les médias se sont réjouis que Marine Le Pen, qui a fait 18% lors de l'élection présidentielle, ne soit représentée à l'Assemblée nationale que par deux députés. Il faut combattre le Front national sur une base républicaine et démocratique. Un système où un parti qui fait 18% n'est pas représenté n'est pas un système totalement démocratique.

Le Figaro - La montée du FN est-elle aussi le résultat de l'effacement du vieux clivage droite/gauche ?

Échouer quand on a raison est peut-être plus grave qu'avoir tort

J.F. K. - Le génie français, sa spécificité, c'est le pluralisme. Avoir imposé par des moyens institutionnels une bipolarité, qui ne correspond pas aux sensibilités réelles, a débouché sur un Front national à 25%. Les gens qui ne se reconnaissent pas dans la bipolarité droite/gauche ont été étouffés. On ne leur a pas permis d'exprimer leur différence. Il y a une droite et il y a une gauche, mais il y a aussi autre chose. Cet autre chose a été incarnée par Chevènement, Bayrou, Dupont-Aignan et même par les écolos d'une certaine manière. Mais on ne leur a laissé aucun espace. Si on l'avait fait, on n'en serait pas là aujourd'hui. Par ailleurs, il faut que la gauche et la droite portent chacune une vision vraiment différente. Or, on constate un alignement du PS sur l'UMP sur les questions économiques, et inversement un alignement de L'UMP sur le PS sur le plan sociétal. Si bien qu'aujourd'hui, le PS et l'UMP ne portent plus rien. Il faut adapter nos institutions et dissoudre les deux partis hégémoniques à droite et à gauche qui sont usés et pourris jusqu'à la moelle. Si on ne le fait pas, le Front national a encore de beaux jours devant lui.

Le Figaro - À travers Marianne, vous avez milité pour plus de pluralisme et lutté contre la pensée unique. Mais vous avez échoué. Ne portez-vous pas également une part de responsabilité dans la montée du F.N. et dans l'impasse démocratique dans laquelle nous sommes ?

J.F. K. - C'est une bonne question. Comme tout le monde, j'ai commis des erreurs d'analyse que je suis prêt à reconnaître. À côté de cela, durant les dix ans que j'ai passé à Marianne, nous avons eu raison sur beaucoup de points: dans notre combat contre la pensée unique; dans notre combat pour plus de pluralisme; pour faire de la politique d'une autre façon. Pourtant nous n'avons pas réussi à convaincre. C'est incontestablement un échec. Et échouer quand on a raison est peut-être plus grave qu'avoir tort. J'ignore les raisons de cet échec, mais la question me taraude.

Le Figaro - Ne regrettez-vous pas de vous être engagé en politique trop tard ?

J.F. K. - Je pense que la politique est trop structurée de façon binaire pour moi. Je ne récuse pas seulement le bipolarisme, mais aussi le binarisme. Ce n'est pas vrai qu'on doit choisir entre sécurité et liberté. Il faut les deux. Ce n'est pas vrai qu'on doit choisir entre relance par la demande et relance par l'offre. Il faut les deux. Je trouve aberrant qu'on puisse continuer à décliner comme ça des couples binaires aussi caricaturaux.

(http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/06/20/31001-20140620ARTFIG00404-jean-francois-kahn-il-faut-dissoudre-le-ps-et-l-ump.php)
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