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 Les derniers jours du sarkozysme ?

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Augustin

Augustin


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MessageSujet: Les derniers jours du sarkozysme ?   Les derniers jours du sarkozysme ? EmptySam 24 Mar - 20:10

L'EXPRESS.fr - 24 mars 2012 |
par Frédéric Martel

Depuis mercredi, le film Les Adieux à la Reine est sur tous les écrans. Versailles, Marie-Antoinette, la Lanterne, la fin d’un régime : des thèmes qui font écho à la période que nous vivons.

Ce n’est pas nouveau : on compare souvent Carla Bruni-Sarkozy à Marie-Antoinette. Ces allusions injustes sont fréquentes, ici ou là, dans les dîners, dans certains livres, dans la presse en général et dans le journal Point de vue en particulier. Dans ce registre, il y a eu aussi les allusions perfides de Marine Le Pen qui a dénoncé également, et en même temps, la culture de divertissement de la première dame, ses origines et le prénom « italien » de sa fille Giulia, et qui a rabaissé Sarkozy au rang « d’agent d’une chanteuse au succès déclinant même si c’est sa femme. »

L’overdose médiatique qui a accompagné l’histoire de la relation entre Carla Bruni et le président de la République explique sans doute ces dérives. Dans ce registre, bien sûr, les comparaisons faciles sont tentantes : l’ « Autrichienne » et l’Italienne ; deux femmes jeunes, jolies et « décoratives » (pour reprendre le mot de Stefan Zweig dans son beau portrait Marie-Antoinette) ; la frivolité, la légèreté et la superficialité qui les rapprochent ; un mariage pour cimenter l’alliance des Bourbons et des Habsbourg là, des Sarkozy et du berlusconisme de communication ici ; l’affaire du « collier » versus l’affaire du « SMS » ; et, bien sûr, la maternité qui vient dans les deux cas fort tard. Au fond, on pourrait reprendre la belle formule de Mirabeau à propos de Louis XVI et Marie-Antoinette et l’appliquer à Nicolas Sarkozy : « Le roi n’a qu’un seul homme : c’est la reine ». Soit : cette Reine si mal-aimée et cette première Dame qui le fut trop et qui l’est si peu aujourd’hui, ont voulu également dicter la mode, être artistes, avoir des mœurs libres avec pavillon privé et ne pas être conformes à l’esprit du temps.

Mais les comparaisons, déjà tirées par les cheveux, s’arrêtent là : le mariage non consommé si longtemps ; la mollesse de Louis XVI face au volontarisme sarkozyste ; et qui jouerait ici le rôle de l’impératrice d’Autriche, de l’ambassadeur-espion, et bien sûr qui serait Axel de Fersen ? – tout distingue, en fait, ces deux histoires de France à plus de deux siècles de distance. Et après tout, l’Élysée fut la résidence privée de Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, pas de Marie-Antoinette.

Alors pourquoi, comme moi, certains Français verront-ils Les Adieux à la Reine, le film de Benoît Jacquot, en pensant à la fin du sarkozysme ?

L’esprit de Versailles aujourd’hui.

Ce qu’il y a de fort dans ce trop long film, qui évoque pourtant un court moment dans la fin de la monarchie (les quelques heures qui précèdent et suivent le 14 juillet 1789), c’est qu’il montre comment un régime a pu s’éloigner à ce point des réalités et se couper des Français. Versailles, c’est ce que la Révolution a tellement détesté en 1789 mais aussi en 1871, durant la Commune de Paris, où Thiers et les « Versaillais » y demeuraient.

Aujourd’hui, Versailles, c’est encore quatre choses fondamentales du sarkozysme : la Lanterne, le Congrès, Christine Albanel et, plus récemment, Catherine Pégard.

La Lanterne c’est la résidence du week-end de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Ultra-protégée au milieu du domaine de Versailles, inaccessible aux photographes, cet autre Petit Trianon était généralement utilisé par le Premier Ministre. Nicolas Sarkozy l’a réquisitionné pour lui, dès son élection. C’est là qu’il convoque ses ministres les dimanches, les recevant parfois en robe de chambre, là qu’il se détend, qu’il réunit ses conseillers, qu’il voit ses enfants et passe du temps avec sa femme.

Versailles, c’est aussi le Congrès. Nicolas Sarkozy a fait modifier la Constitution pour pouvoir prononcer un grand discours devant le Congrès réuni là, chaque année. Ce rêve américain du nouveau président français voulant faire son discours sur « l’État de l’Union », comme Bush et Obama, n’a eu lieu qu’une fois. Devant le ridicule, les critiques, et la cabale des humoristes, Sarkozy n’a jamais prononcé de second discours à Versailles. Fallait-il changer la Constitution pour flatter ainsi son ego ? Fallait-il faire évoluer la Vème République pour que cette grande réunion hasardeuse de tous les parlementaires n’ait eu lieu qu’une fois ?

Les femmes de Versailles : Albanel et Pégard

Christine Albanel est une autre figure du sarkozysme. Elle fut sa première ministre de la Culture, peu convaincante d’ailleurs, tout juste sortie du Château de Versailles qu’elle présidait. Là, elle avait profité du tournage du film de Sofia Coppola pour médiatiser le Domaine de Marie-Antoinette, ainsi rebaptisé à la place du moins vendeur Hameau de la Reine. Le merchandising avait suivi : une Cuvée Marie-Antoinette, un vin rosée « très féminin » (selon le jardinier du Petit Trianon, lequel oublie de préciser qu’il n’y a jamais eu de vigne à Versailles et encore moins de « Cuvée Marie-Antoinette ») ; un parfum aussi baptisé « MA Sillage de la Reine » (à 8 000 € pour l’édition prestige limitée à 10 exemplaires et 350 € pour l’édition limitée à 1 000). En libérale, Albanel a sous-traité aussi de nombreux services du Château et rendu les jardins, naguère gratuits, scandaleusement payants (9 € en haute saison, 5 € le reste du temps). Quant à son projet d’exposition dans la Chapelle royale de robes de mariée signées Christian Lacroix, il a provoqué la fureur du maire, de l’archevêque et des milieux traditionalistes versaillais. Encore n’avaient-ils pas encore vu Jeff Koons et Murakami dans la Galerie des glaces.

Il existe un portrait oublié de Christine Albanel à Versailles, publié dans Le Point du 14 novembre 2003 et signé par Catherine Pégard. Rédactrice en chef du Point, Pégard décrit cette « ombre remuante » de Chirac qui « évoque la légèreté et l’indignité de Marie-Antoinette, adulée par des cohortes de Japonais. » Étrangement, c’est Catherine Pégard qui devait finalement remplacer Albanel à la présidence du Château de Versailles en septembre 2011. Inutile d’en changer une ligne, si d’aventure Le Point republiait cet article, il lui irait comme un gant.

Catherine Pégard est passé d’un « Château » à l’autre

Donc, Versailles, c’est devenu le royaume de Catherine Pégard. Je n’ai jamais très bien compris quelles étaient la fonction et la mission exactes de Catherine Pégard à l’Élysée. Elle m’a dit, lors de plusieurs entretiens, qu’elle était la conseillère « aux idées ». Parfois, on la présentait comme conseillère « de presse », ou conseillère « pour la culture », parfois même comme chargée de mission politique. Dans une interview, elle a dit que sa mission était de « faire apparaître la cohérence de Nicolas Sarkozy dans la durée ». En fait, son job c’était l’influence : elle fut l’ « influenceuse » de la Sarkozye.

Ancienne rédactrice en chef du Point, cette journaliste de renom était d’abord une grande professionnelle. Longtemps, elle a été une mine d’or : elle signait sous son nom des articles honnêtes et distillait, dans des « indiscrets », recueillis aux meilleures sources, les petites phrases assassines. Elle a connu Sarkozy en 1974 – au temps de son premier papier sur lui, lorsqu’il fit main basse sur la section UDR des jeunes de Neuilly-sur-Seine. L’UDR ! Avant l’UMP, et même avant le RPR – Pégard ne fait pas son âge.

Ayant été longtemps une figure reconnue des médias, elle en a été comme vaccinée et a moins cherché la lumière que d’autres conseillers du président. A l’Elysée, elle petit-déjeunait, déjeunait, dînait et soupait, comme au temps du journalisme : « J’essaie de continuer à enquêter au service de Nicolas Sarkozy », m’a-t-elle dit, simplement. Sa principale qualité a toujours été la discrétion. Face au super-bavard Henri Guaino ou au super-communicant Franck Louvrier, elle s’est imposé à l’Elysée par sa réserve, n’a jamais trahi ses sources et n’a parlé à personne – sauf à Sarkozy. « Je suis étanche », résume-t-elle.

Durant le quinquennat, j’ai vu régulièrement Catherine Pégard. Lorsque je l’ai rencontrée, les premières fois, elle me recevait à l’Elysée dans sa « baignoire » – un magnifique bureau qui, sous Napoléon III, était la salle de bains de l’impératrice Eugénie. On y accédait par un minuscule couloir, comme si on entrait dans un placard, la « baignoire », une pièce d’angle, étant contiguë à la chambre de l’impératrice, qui est le bureau d’Henri Guaino, d’un côté, et au salon doré où se trouve l’antichambre du président de la République, de l’autre.

Lors de notre troisième rencontre, Pégard avait été délogée du premier étage noble de l’Élysée et reléguée dans « les ailes », à l’ouest de la cour d’honneur du Palais, sous les toits. Les gardes républicains en habits y étaient remplacés par un huissier un peu bourré. Plus de baignoire donc ! En échange : un tableau. Une horrible croûte avec des mouettes, un ciel gris et une mer triste.

La dernière fois où Pégard m’a reçu, elle a préféré me retrouver dans un café chic de la place des Invalides plutôt qu’à l’Élysée. Je n’ai pas osé lui demander si, les disgrâces étant fréquentes en Sarkozye, elle avait maintenant été reléguée à la cave et n’avait plus envie de me montrer son antre. En tout cas, je l’ai sentie blessée de l’ingratitude de Sarkozy, déçue par la politique, qu’elle avait toujours suivie de près mais que pour la première fois seulement elle vivait de l’intérieur. J’ai compris qu’elle trouvait ça moche. Mais elle ne m’a rien dit – elle m’a même dit le contraire. Je sais qu’elle n’écrira pas son Verbatim. Je l’ai dit, Pégard s’est toujours distinguée par sa discrétion. Pourtant, peu à peu, elle n’a plus eu envie de jouer aux auto tamponneuses ni aux petits couteaux. Elle est moins teigne que taiseuse dans une maison où il y a plus de courtisans teigneux que discrets. Elle a appris que derrière les gardes républicains se cachaient des chausse-trapes et elle en a payé le prix fort. Alors elle s’est fait une raison : elle ne jouerait pas dans la cour des (très) grands. Elle a mené paisiblement sa barque au château, honnête comme toujours, et cette vie latérale semble lui avoir suffi. Un temps.

Mais en quittant le journalisme pour Sarkozy, Catherine Pégard a brûlé ses vaisseaux. Elle ne pouvait plus revenir en arrière et c’est donc seulement du Prince qu’elle devait espérer le salut. L’été dernier, alors que 2012 approchait et qu’elle sentait un vent mauvais souffler, elle a voulu, l’air de rien, décrocher le pompon. Et le 31 août 2011, Catherine Pégard, qui n’a jamais dirigé ni la moindre MJC ni la moindre start-up, et dont l’expérience en management ou diplomatie syndicale est nulle, a été nommée par le Conseil des ministres présidente du Château de Versailles.

Les Adieux à la Reine est aujourd’hui sur les écrans. Christine Albanel n’est plus dans les petits papiers du président et, en off, elle passe sont temps à dire son amertume et ses déceptions. Pégard, elle-même, est loin du Château et a pris ses appartements hors de Paris, à Versailles justement. Le Congrès ne s’y est réuni qu’une fois pour écouter Sarkozy faire son discours à l’État de l’Union. Quant à la Lanterne, elle incarne un lieu de résidence hors du temps, loin de la réalité, déconnecté, isolé. Un président en fin de mandat y séjourne encore, avec Carla Bruni, ses amis, et quelques fidèles, en se demandant peut-être s’ils n’y vivent pas les derniers jours du Sarkozysme.

(http://blogs.lexpress.fr/sarkozysme-culturel/2012/03/24/les-derniers-jours-du-sarkozysme/)
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