L'Eglise franquiste demande pardon à l'Espagne républicaine

Mgr Ricardo Blazquez, cardinal et non moins président de la Conférence épiscopale espagnole, a enfin demandé pardon à la société espagnole pour les "actions concrètes" de membres de l'Eglise catholique pendant les "années 1930", autrement dit de la guerre civile. Ce mea culpa intervient moins d'un mois après la béatification à Rome de 498 martyrs religieux de ces années troubles.

D'après le journal espagnol, El Pais, les évêques considéraient jusque-là que l'Eglise était elle-même victime de cette guerre fratricide.

Rappelons que le général Franco, qui se trouvait en poste dans les provinces espagnoles au Maroc, au moment de l'ouverture des hostilités entre le gouvernement républicain et la coalition de droite, essentiellement appuyée par les pays dits de l'Axe, Allemagne et Italie, est venu prendre la tête des troupes opposées au gouvernement et aux milices républicaines. La guerre civile ainsi déclenchée a fait rage des années durant, causant des centaines de milliers de victimes dans les deux camps, avant de s'achever en faveur du franquisme.

Durant ces violences inouïes, l'Eglise espagnole avait ouvertement pris fait et cause pour ce dernier, sans susciter la moindre réaction contraire du Vatican. En plus du soutien apporté au coup de force de Franco, l'Eglise avait soutenu ce dernier jusqu'à la fin de sa vie, exerçant en même temps une emprise extravagante sur les masses, au point d'obliger, par exemple, tout demandeur d'emploi à présenter un certificat de bonne conduite religieuse délivré par le curé de sa paroisse. Pareil excès n'a d'ailleurs pris fin qu'avec la mort de Franco lui-même, en 1975, et l'ouverture sur la démocratie.