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 "Beaucoup d'Italiens ont l'impression que Paris et Berlin veulent avant tout sauver leurs banques

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Alain




Nombre de messages : 160
Date d'inscription : 25/06/2010

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MessageSujet: "Beaucoup d'Italiens ont l'impression que Paris et Berlin veulent avant tout sauver leurs banques   "Beaucoup d'Italiens ont l'impression que Paris et Berlin veulent avant tout sauver leurs banques EmptySam 21 Jan - 21:57

La Tribune.fr - 21.01.2012
Propos recueillis par Ram Etwareea (Le Temps)

L'Italie est en pleine ébullition. Le gouvernement de transition poursuit la restructuration économique et le redressement des finances publiques. Accablé par un lourd endettement, l'État cherche les moyens pour réduire les dépenses et augmenter les recettes publiques. Le gouvernement devait adopter vendredi un nouveau plan de réformes. Salvatore Cantale, professeur à l'IMD, analyse les enjeux pour le Temps, notre partenaire suisse.

Le Temps: Êtes-vous allé récemment en Italie? Quelle est l'ambiance sur place trois mois après la démission du gouvernement de Silvio Berlusconi et l'installation d'un gouvernement intérimaire à la tête du pays?

Salvatore Cantale: Je suis allé en Sicile pour Noël. J'y suis resté, avec ma famille, pendant deux semaines. Sur place, les gens sont à la fois en colère et résignés. Ils sont préoccupés par ce qui se passe en Italie et savent qu'il va être très difficile de remettre le pays sur les rails. Ils sentent que la récession s'installe. J'ai aussi noté un sentiment, le même que j'ai ressenti récemment en Grèce, d'être abandonnés à leur sort. Mais en même temps, ils attendent que les dirigeants politiques montrent la voie à suivre. Cela ne veut pas dire qu'ils leur font confiance. Ils savent qu'individuellement, ils ne peuvent rien faire. Cette attitude est très différente de celle qui prévaut aux États-Unis. Là-bas, les gens se demandent ce qu'ils peuvent faire pour sortir de l'ornière. En Italie, voire en Europe, ils se remettent aux politiques même si ces derniers sont discrédités. En Sicile, un jeune diplômé sur deux est au chômage.

- Quel héritage Silvio Berlusconi a-t-il laissé à l'Italie?

- Tous les indicateurs - croissance, chômage, déficit budgétaire, dette - sont dans un état pire aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Nous ne sommes pas plus compétitifs non plus. Les petites et moyennes entreprises, moteur de l'économie italienne, n'ont plus la même vitalité. Le monde des affaires ne s'identifiait plus avec lui. Il se sentait trahi. Lorsqu'il a rejoint la politique, Silvio Berlusconi, qui était à la tête d'un empire immobilier et médiatique, était le modèle du succès. Il mettait fin à des décennies de gouvernements instables. Sur le plan politique en revanche, les années Berlusconi nous ont fait perdre confiance dans la classe politique.

- Dans ces circonstances, Mario Monti, le premier ministre qui dirige le gouvernement en attendant les nouvelles élections générales de 2013, est arrivé comme un sauveur...

- Il donne de l'espoir, c'est certain. Les Italiens pensent que Mario Monti et son gouvernement de professeurs ne sont pas au pouvoir pour tirer des bénéfices personnels. Je l'ai déjà rencontré; c'est une personne qui inspire confiance. Par contre, je crains que l'espoir ne soit déçu. Les Italiens n'imaginent pas encore les souffrances qu'ils vont devoir subir ces trois à cinq prochaines années. La cure d'austérité adoptée par le gouvernement est sans précédent. Son objectif est d'économiser 20 milliards d'euros et d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013. Ce sera difficile, mais si nous voulons mériter notre place au sein du G7 (Groupe des sept pays les plus avancés), cette voie est incontournable.

- Faut-il craindre des crises sociales qui sont inhérentes aux programmes d'austérité?

- Les Italiens devront se serrer la ceinture et faire des sacrifices. Regardez les manifestations de professionnels (chauffeurs de taxi, avocats, notaires) qui résistent à l'ouverture de leur secteur à la concurrence! La libéralisation y ramènera certes plus de monde, mais réduira leurs profits. Lorsqu'il s'agit des principes, ils sont d'accord pour prendre des mesures, mais lorsqu'ils sont touchés personnellement, ils mettent les pieds contre le mur. En Italie, l'État et les syndicats ont en tout temps protégé des professions dans des buts électoraux. La crise économique et sociale qui nous frappe est le résultat d'une politique conservatrice vieille de cinquante ans. Le manque de concurrence a tué l'investissement, l'esprit d'entreprise et l'innovation. Beaucoup d'Italiens ont pensé qu'il suffisait de faire partie de l'Union européenne pour être à l'abri de crises économiques et sociales. Mais nous n'avons rien fait pour nous adapter. Par exemple, les Italiens n'ont pas appris les langues. Aujourd'hui, ils ne peuvent pas profiter de l'ouverture du marché du travail au sein de l'UE, mais critiquent ceux qui viennent travailler chez eux. Le travail, comme facteur de production, n'est pas mobile. Les Italiens pensent qu'ils seront toujours au centre au monde.

- De quelle marge de manœuvre dispose le gouvernement de Mario Monti?

- Il a fait voter des lois visant à redresser les finances publiques, notamment en augmentant les impôts et en coupant dans les dépenses. Pour la suite, il propose de libéraliser certaines professions. Il compte aussi privatiser quelques entreprises d'État, notamment le service bancaire de la Poste, l'énergie, routes. Personnellement, je pense qu'il ne dispose d'aucune marge de manœuvre par rapport à l'UE. Il n'a aucun pouvoir de négociations auprès d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, qui représentent les deux poids lourds de l'économie européenne. Il demande en vain que l'Allemagne prenne plus d'engagement afin de faire baisser les taux d'intérêt que l'Italie doit payer pour se refinancer sur les marchés. Beaucoup d'Italiens, mais aussi des Grecs, ont l'impression que la France et l'Allemagne veulent avant tout sauver leurs banques qui sont surexposées dans la dette italienne et grecque. Mario Monti aurait pu utiliser ce levier pour pousser l'Allemagne à plus de solidarité. Il aurait dû utiliser le spectre de l'éclatement de la zone euro et pousser les dirigeants européens à agir, par exemple en émettant des euro-obligations, et aider les pays en difficulté. Mario Monti aurait aussi pu demander à l'Allemagne d'assouplir sa position sur le rôle de la Banque centrale européenne dans la crise de la dette. Berlin s'oppose à ce que cette institution achète la dette souveraine des pays de la zone euro. De l'aveu même des dirigeants, l'Europe pouvait se passait de la Grèce, mais pas de l'Italie.

- N'y a-t-il pas d'alternative à l'austérité?

- Je ne dis pas que j'approuve toutes les mesures qui obligent la population à se serrer toujours un peu plus la ceinture. Mais il faut de la croissance. Encore faut-il qu'elle soit massive. Un taux de croissance de 2% pour les deux prochaines années ne résout rien. On peut aussi utiliser l'arme inflationniste pour faire baisser l'endettement, mais cette solution est inacceptable pour l'Allemagne. C'est aussi contraire à la mission première de la Banque centrale européenne, qui est la maîtrise de l'inflation. En réalité, je ne vois pas les mesures prises par le gouvernement Monti conduire à donner un coup de fouet à la consommation, à créer des emplois et à relancer l'économie italienne. Et sans croissance, les recettes d'État diminuent. Bref, la perspective est celle d'un cercle vicieux. Il est désolant de voir que les remèdes qui sont appliqués à l'Italie ont déjà été essayés en Grèce, mais sans résultat. Nous n'avons tiré aucune leçon de ce qui se passe en Grèce.

- Mario Monti ne peut-il pas attendre de la solidarité européenne pour sortir de l'ornière?

- C'est génial d'avoir un gentleman respecté à la tête du gouvernement. Mais c'est plus important d'avoir un dirigeant qui peut presser sur le bouton si la situation l'exige. Mario Monti n'est pas cette personne. Son souhait est de pouvoir se refinancer à un taux d'intérêt supportable. Ça ne se passe pas ainsi. La semaine dernière, on s'est trop réjoui du fait que l'Italie a pu lever 4 milliards d'euros, mais le taux d'intérêt était de près de 8% par année. À ce taux, les bailleurs de fonds vont se manifester sans problème d'autant plus qu'ils savent que les bons émis sont garantis par l'État ou par le Fonds européen de stabilité financière. Nous savons que l'idée même d'un pays comme l'Italie fasse défaut fait trembler les institutions financières européennes. À titre d'exemple, la compagnie d'assurances allemande Allianz détient 28,6 milliards d'euros des créances italiennes.

- Comment l'Italie peut-elle relancer la croissance?


- Nous n'avons pas besoin des investissements qui paient des salaires pour creuser et remplir des trous. Ils doivent être plutôt canalisés dans la production de ce que les consommateurs aiment et demandent. Le climat n'est toutefois pas propice. La bureaucratie a tué l'entrepreneuriat en Italie. Aux États-Unis, il faut sept ans à une entreprise pour entrer en bourse. Chez nous, il en faut 40! Il faut des impulsions à la croissance comme en Chine, en Inde et dans les autres pays émergents. Chez nous, lorsqu'un jeune prend l'initiative, mais échoue, tout le monde se moque de lui. Aux États-Unis, ce n'est pas une honte de ne pas réussir du premier coup. La culture italienne est insupportable à cet égard.

(http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120121trib000679502/beaucoup-d-italiens-ont-l-impression-que-la-france-et-l-allemagne-veulent-avant-tout-sauver-leurs-banques.html)


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