La lutte contre l'effet de serre ne fait pas l'unanimité

Résolus à ne rien céder de leur position déclarée jusqu’ici, au sujet de la lutte contre l’effet de serre et le réchauffement de la planète, les Etats-Unis continuent, avec un incroyable aplomb et un unanimisme désespérant, de faire la sourde oreille, et ce, en dépit des interpellations qui leur sont régulièrement faites par l’humanité entière, depuis la dernière conférence de Kyoto. Et, dans dix jours, en Allemagne, où une nouvelle assemblée va réunir le G8 (les huit pays les plus industrialisés) pour faire le point précisément des avancées constatées en la matière, tout indique que Bush et son équipe se borneront à rappeler leur perception bien tranchée, et surtout négative, de la menace pourtant réelle qui préoccupe le monde : « Le traitement de ces questions va à l’encontre de notre position d’ensemble et franchit plusieurs lignes rouges que nous ne pouvons pas accepter », répondent-ils, pour couper court aux récriminations.

Or, depuis que le Japon a rejoint l’approche européenne, les Etats-Unis restent le seul grand pays à se démarquer de ce combat engagé pour la protection de la nature, que les émissions de plus en plus denses de dioxyde de carbone tendent à en modifier les principaux composants. Chose plus remarquable encore, les USA, nation la plus industrialisée du monde, sont eux-mêmes, pour une très large part, la cause directe de cette pollution. Et leur retrait net d’une telle lutte pèserait conséquemment d’un poids décisif sur le sort final des efforts engagés par le reste du monde.

Jetant, convient-il de rappeler, sa préférence sur la préservation et la protection, en priorité, de son outil de production et de son économie, Washington, qui a déjà fait preuve, à la conférence de Kyoto, d'un manque total de coopération sur cette question vitale, use d’ores et déjà de faux-fuyants pour se soustraire à son devoir minimal de planifier, d’ici à 2020, une réduction cumulée de 20 %, par rapport à 2005, de ses propres consommations énergétiques au niveau principalement des transports.

Tout en fondant leur point de vue sur la nécessité cruciale d’innover, particulièrement en matière de carburants de substitution, les Américains font valoir à leur décharge, par ailleurs, que tout effort, excluant en particulier les deux grands pays émergents, la Chine et l’Inde, des mêmes restrictions imposées à la planète entière, restera manifestement voué à l’échec.

Bien qu’on ne puisse, il est vrai, leur donner tort sur cette réserve apparemment fondée, il faut nécessairement que la communauté internationale s’investisse avec autant de conviction qu’impose la nécessité de surmonter les dangers en perspective, afin de persuader aux Américains eux-mêmes qu’ils doivent impérativement s’associer à la lutte commune, d’autant plus que, chez eux, de telles émissions de gaz ont accusé depuis 1990 une hausse intolérable de 17,9 % qui a largement compensé les maigres réductions obtenues par les autres pays.

Il semble que les Russes aient trouvé un moyen de parer au réchauffement climatique de la terre, qui s’est traduit, dans l’hémisphère nord et depuis les cent dernières années, par une hausse de la température de 0.76°C.

Selon l’académicien, et non moins spécialiste en la matière, Youri Israël, il serait possible, par l’usage d’une méthode qui reste encore à améliorer, et sous réserve encore que l’ensemble des pays de la planète se mettent d’accord quant à son application, de réduire le rayonnement solaire de 0.5 à 1 % et, subséquemment, la température de l’air de 1 à 1.5° C.

Le procédé consiste à déverser dans les couches basses de la stratosphère, soit entre 10 et 14000 m d’altitude, une mince couche d’aérosol, constituée de combinaisons de soufre. Ces gouttelettes de soufre, qui sont supposées réfléchir le rayonnement solaire, abaisseront alors la température.

Youri Israël a estimé, dans sa déclaration à l’agence RIA Novosti qui rapporte l’information, que cette opération, pouvant être menée concurremment avec les mesures prises à Kyoto, reviendrait à bon marché, tout en assurant un effet immédiat, et pourrait, le cas échéant, être suspendue à tout moment.

Dans les 100 prochaines années, a-t-il cependant prévenu, la température moyenne de la terre pourrait s’élever de 1,4 à 4° C, et un tel réchauffement se traduirait par des conséquences certes négatives, mais aussi partiellement positives, dans le cas particulier de son pays, où, par exemple, se réduiraient les temps de chauffage et s’allongeraient les périodes de végétation.

Vue du Kremlin, qui déclare adhérer pleinement aux exigences du Protocole de Kyota, lequel est applicable jusqu’en 2012, la meilleure lutte contre l’effet de serre se trouve dans l’intensification des constructions de centrales nucléaires.

Aussi, bien que les Verts s’opposent à la prolifération de ces constructions, jugées par trop dangereuses, les experts estiment-ils que 200 à 300 centrales de ce type seront édifiées, à l’échelle de la planète, dans la prochaine décennie.

Tout particulièrement, la Russie qui en possède 30 envisage la création, d’ici 2030, de 26 autres, inscrites dans la perspective de doubler sa production actuelle d’électricité. A cette fin, d’ailleurs, elle espère que les industries spécialisées et les banques de l’Occident participeront concrètement à la réalisation. Bien sûr, des frictions, d’ores et déjà, se font jour quant à l’appréciation du bien fondé d’un projet si ambitieux qui, certes, intéresse beaucoup les entreprises européennes, mais suscite en même temps de sérieuses craintes sur l’environnement (l’affaire de Tchernobyl est encore fraîche dans les esprits), bien au-delà des problèmes d’ échanges de capitaux restant encore à négocier .

Le fait est, en tout cas, que Moscou entend participer activement désormais au développement économique mondial, malgré les lenteurs qui accompagnent son entrée graduelle dans l’économie de marché.

Dans son premier plan, de lutte contre le réchauffement de la terre, rendu public lundi 5 juin, Pékin estime que sa priorité est ailleurs : "Les priorités d’un pays développé sont un développement fiable et l’éradication de la pauvreté".

Certes, la Chine préconise des économies d’énergie, la reforestation et l’adaptation de son agriculture aux contraintes imposées par le réchauffement, mais, elle qui, en dépendant largement du charbon, est sur le point de ravir incessamment le premier rang mondial de diffuseur de CO², semble n’être point concernée par la menace pesant sur la planète entière. Elle rejette d’ailleurs, d’après ledit plan, la responsabilité du réchauffement climatique sur les pays développés, en les rendant responsables à 95 % des émissions de dioxyde de carbone, de l’industrialisation jusqu’en 1950, et de 77 % de 1950 à 2000.

Il faut croire que la réunion du G8 va se terminer en queue de poisson. Rien, apparemment, ne lui donne le cachet du moins d’un demi succès. Les congratulations d’usage, inspirées sans doute par la seule pression médiatique mondiale qui s’exerce sur ce sommet, n’ont pour objet que de diluer dans des formules creuses une espèce de consensus peu satisfaisant sur la nécessité de réduire les G.E.S. (gaz à effet de serre).

Il est vrai que la position américaine, qui n’a évolué que d’apparence sous le flot sans doute des critiques internes aux USA que Bush essuie à côté des autres rebuffades sur d’autres sujets, reste la plus déterminante, mais, pis encore, la plus mauvaise. Bush est resté intraitable sur la question, tant les lobbies qu’il défend refusent eux-mêmes de céder sur la nécessité de plier aux attentes de l’humanité entière. Arguant du fait que la Chine, l’Inde et les autres pays émergents doivent d’abord s’engager eux-mêmes sur la question, Washington ne semble guère disposé à jouer le jeu.

C’est autant dire, en fin de compte, que la montagne a accouché d’une souris…

Les membres de l’APEC (Asie-Pacifique), réunis à Sydney, sont tombés d’accord, selon John Howard, Premier ministre australien, repris par l’AFP, sur « La nécessité que toutes les nations, quel que soit leur niveau de développement, contribuent selon leurs propres capacités et selon les circonstances à réduire les gaz à effet de serre ».

Pour Stève Shalhorn, de Greenpeace Australie, une telle conclusion « n’est pas un pas en avant », puisque « il n’y a pas d’objectifs contraignants ».

Bush, campant sur ses positions, a souhaité, lui, impliquer davantage les pays émergents, comme la Chine et l’Inde, dans la lutte contre le réchauffement climatique, laissant sous-entendre que le protocole de Kyoto, que, pour rappel, les Etats-Unis n’ont pas ratifié, était considéré comme trop contraignant.

Hu Jintao, le président chinois, a défendu, de son côté, un principe qui tendrait à prendre en compte les écarts de richesse, une discrimination grâce à laquelle aucune contrainte, à l'égard de la Chine, n’a d’ailleurs été imposée à Kyoto. Pour lui, à l'inverse, les pays développés ont une responsabilité historique qui les place dans l’obligation de respecter les contraintes qui leur ont été dictées à cette même réunion de Kyoto.

Même si Poutine et Shinzo, le Premier ministre japonais, également présents à la conférence, ont souligné la nécessite d’œuvrer pour la protection de l’environnement, il reste qu’au final les résolutions adoptées demeurent bien loin de satisfaire les attentes tout particulièrement des écologistes venus en grand nombre protester contre un tel laisser faire qui hypothèque à coup sûr l’avenir de toute l’humanité.

Dans son édition d’hier, Le Monde a ouvert une petite parenthèse pour signaler les impairs commis par Bush, devant des centaines de participants au forum de l’APEC (Coopération économique Asie-Pacifique) qui avait précédé l’ouverture du sommet.

Dans un premier temps, il a confondu l’APEC avec l’OPEC (Organisation des pays exportateurs de pétrole).

Dans un second, il a tenu à remercier le Premier ministre australien pour son soutien militaire en Irak, non sans confondre les troupes australiennes avec les troupes autrichiennes n’ayant aucun rapport avec l’Irak.

Ensuite, s’étant trompé de porte de sortie, on a dû la lui indiquer.

Enfin, pour paraphraser Le Monde, Bush « a habitué le monde à "ses busheries" qui font la joie des commentateurs américains ».

Devant les délégués des seize grands pays les plus impliqués dans les émissions de gaz à effet de serre, réunis vendredi dernier à Washington, le président Bush a déclaré : « Le changement climatique est un des grands défis de notre temps », avant de préciser : « Quand nous brûlons des combustibles fossiles, nous émettons des gaz à effet de serre dans l’atmosphère », rapporte Le Monde d'hier.

Prononcés par Bush, de tels propos n’ont pas manqué d’intéresser les délégués qui y voient une évolution, peut-être infime, mais malgré tout notable de la position du Pentagone sur cette question fort préoccupante de la pollution de l’atmosphère.

Cependant, en recommandant que : « Chaque pays concevra ses propres stratégies afin de progresser pour atteindre le but à long terme », Bush a aussitôt refroidi les espoirs qui commençaient à se former à propos d’une révision de la politique américaine sur le sujet.

Une telle attitude a fait du coup bondir le représentant indonésien qui estime, selon le même journal, que : « La demande de nos pays est que les Etats-Unis doivent adopter des objectifs de réduction. Les grands pays en développement travaillent sérieusement à réduire leurs émissions. Mais ils ne prendront pas des engagements spécifiques si les pays développés, qui ont accumulé les gaz dans l’atmosphère, ne font pas des pas significatifs ».

De son côté, le délégué de l’U.E., Morgens Peter Carl abonde dans ce sens : « Pour faire évoluer le système économique, il faut envoyer des signaux au marché. Cela passe par un prix du carbone, qui ne peut s’établir que s’il y a des engagements contraignants des principaux pays. ». En décidant unilatéralement de réduire de 20 % à l’horizon 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre, les Européens rappellent même que l’idée pour chaque pays de faire pour le mieux est déjà exprimée dans la Convention de 1992.

Tout progrès, en vérité, allant dans le sens de la lutte contre le réchauffement climatique ne peut être significatif que dans la mesure où la première puissance polluante, les USA, s’engage à y participer pleinement.

La Californie se démarque de Bush, dans la lutte contre l'effet de serre. Son gouverneur, Schwarzenegger, entend y appliquer une politique environnementale contraignante pour les constructeurs automobiles. C'est pourquoi décide-t-il de poursuivre en justice l'Agence fédérale de protection de l'environnement pour obtenir l'autorisation de réduire les émissions des gaz à effet de serre des véhicules.

Cet Etat, où vit un Américain sur huit, compte à lui seul 32 millions de véhicules. Une loi de 2005 y impose aux constructeurs automobiles des normes plus restrictives que la législation fédérale à compter de 2009. C'est le premier Etat qui s'est engagé à appliquer le protocole de Kyoto imposant la réduction, à l'horizon 2020, des émissions à effets de serre à leur niveau de 1990. Et pourtant, Schwarzenegger est aussi républicain que Georges W Bush qui se déclare opposé au protocole de Kyoto.

Il faut dire que ce dernier cède plutôt aux pressions des constructeurs automobiles qui craignent beaucoup pour leur avenir, à un moment où ils éprouvent de grandes difficultés à se maintenir devant la concurrence, sans compter qu'ils ne sont pas disposés à engager les gros investissements qu'exige leur adaptation au dispositif de Kyoto.

Aussi, le président américain craint-il que douze autres Etats rejoignent la Californie sur le chemin de cette lutte contre l'effet de serre dont le monde entier se fait le crédo désormais.

Désormais, les Etats-Unis sont le seul grand pays resté en marge du protocole de Kyoto. L'Australie, par la voie de son Premier ministre, Kevin Rudd, ce matin même, à la Conférence de Bali (Indonésie), vient d'annoncer sa ratification de ce protocole.

Les diplomates réunis aujourd'hui jusqu'au 14 décembre sont conscients des dangers qui pèsent sur l'humanité entière, relativement au réchauffement climatique. Ils prennent d'autant plus la mesure des conséquences que les émissions à effet de serre augmentent au lieu de baisser depuis 2000 et que la Chine émerge au rang des plus grands pollueurs de la planète.

Il faut dire que jusqu'ici seule l'U.E. semble fermement disposée à réduire ses émissions depuis 1990. Si elle n'a réussi qu'à les baisser de 1,5 %, elle compte toutefois pousser plus avant son effort jusqu'à 8 %, entre 2008 et 2012.

La réunion de Bali est censée, tout particulièrement, définir la feuille de route devant assurer le relais de Kyoto à partir de 2012, date d'expiration du protocole. Et, d'ici là non seulement il faut réunir le plus large consensus mais surtout faire ratifier le nouveau traité par l'ensemble des Etats.

Si la volonté existe un peu partout pour combattre en commun ces émissions à effet de serre, il subsiste néanmoins quelques réticences du côté notamment de l'Inde et de la Chine. Du côté des USA, il est à espérer que leur prochain président soit plus ouvert au problème préoccupant de l'heure. Certes, l'équipe Bush finit par reconsidérer mollement sa position initiale, mais elle reste encore assez distante des souhaits de la communauté internationale. Le problème restant à résoudre, enfin, sera celui des pays pauvres, premières et plus fragiles victimes du changement climatique, auxquels il faudra apporter nécessairement des aides substantielles.

Hier à Bali, comme aux précédentes conférences internationales réunies à l'effet de parler de la même voix, face au réchauffement climatique devenu extrêmement préoccupant, les Etats Unis s'en sont toujours et résolument tenus à leur position initiale. Ils n'entendent, à aucun prix, se soumettre à une quelconque obligation de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans des délais ou à des dates butoirs que, pourtant, le reste de la communauté internationale s'accorde unanimement à mettre en place et observer.

Ale Gore, l'ex vice-président des Etats Unis, prix Nobel, en est arrivé, lui-même profondément déçu par l'attitude négative des négociateurs de son pays, jusqu'à demander à cette communauté de prendre les décisions nécessaires sans tenir le moindre compte de la présence des Etats Unis. Or, ces derniers se trouvent être les principaux pollueurs de la planète, desquels le monde entier se dit en droit d'attendre la plus large compréhension et surtout le plus grand sacrifice pour combattre ce réchauffement.

Bush, décidément fermé à tout progrès allant dans ce sens, préfère, faut-il le rappeler, se plier aux exigences des lobbys, nombreux dans son pays à exiger le maintien du statut quo pour préserver égoïstement leurs intérêts économiques, que de faire l'effort, devenu incontournable et urgent, de s'associer au mouvement international rarement aussi unifié pour une cause commune, celle de soustraire la planète au péril de son assèchement.

Des menaces, plus ou moins voilées, ont commencé, certes, à poindre à Bali, au niveau des principaux pays industriels, pour boycotter au besoin le sommet envisagé, sur le même sujet, en janvier par Washington. Mais, concrètement, en dépit des pressions exercées par le représentant de l'ONU sur place, Yvo de Boer, rien ne permet d'affirmer pour l'instant qu'on parviendra à un consensus international pour reconduire le protocole de Kyoto qui arrive à son terme en 2012.