Les frères Kaczynski viennent de perdre les élections législatives anticipées qu’ils avaient eux-mêmes provoquées. Rappelons-nous, par parenthèse, que Chirac et son parti, le RPR, dans les mêmes conditions, avaient subi le même sort il y a quelques années.
C’est le parti la
Plateforme civique (PO) de Donald Tusk, de l’opposition, gagnant de ces élections, qui devra donc gouverner désormais, dans une coalition à former avec l’
Alliance du centre gauche de l’ancien président polonais, Kwasniewski, arrivée en troisième position.
De nombreuses raisons expliquent l’échec des frères Kaczynski, à commencer par leur engagement dans un rapprochement pro-américain qui, à tout le moins, n’est pas sans faire sourciller. Le bouclier américain anti-missile en voie d’installation dans le pays est d’abord une idée, non pas celle faussement entretenue de parer aux coups pouvant provenir du soi-disant «
axe du mal », l’Iran ou la Corée, mais bien de se protéger surtout de Moscou. Car, s’il est un pays contre lequel tout particulièrement les frères jumeaux gardent toujours une dent, à cause de ce qu’ils considèrent le grand mal fait dans le passé à Varsovie, c’est bien la Russie. Mais ils ne sont pas les seuls à réagir ainsi sur ce registre, puisque l’ancien président Kwasniewski, lui aussi, n’avait pas non plus ménagé ses critiques acerbes à Moscou, à l’occasion du 60e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne. Par contre, vis-à-vis de cette dernière, les deux jumeaux ont poussé le ridicule, il n’y a pas si longtemps, jusqu’à associer même la presse polonaise à leur campagne de calomnies de ce pays. Les caricatures à la fois indignes, diffamatoires et indécentes d'Angela Merkel, publiées dans certains journaux, qui, en d’autres temps, auraient pu provoquer l’ire voire un casus belli des dirigeants allemands, sont encore dans les esprits (voir l’article y relatif inséré dans cette même rubrique), pour rappeler si besoin est les excès inadmissibles des Kaczinski, à ce niveau des hautes responsabilités de l’Etat.
Le chantage, ensuite, auquel ont eu recours ces derniers, notamment au dernier sommet de Lisbonne, pour exiger des conditions privilégiées, n’est pas passé inaperçu.
Donald Tusk aura donc bien du pain sur la planche pour renouer avec les uns et les autres partenaires des relations qui commençaient à battre de l’aile et surtout pour rééquilibrer les rapports de coopération avec Moscou devenus de plus en plus incontournables sur l'échiquier politique.