L'islamisme radical devient la plaie suppurante du monde musulman

C'est un véritable carnage qui a été commis hier à Bagdad, par un groupe de terroristes barbares d'Al-Qaïda, dans une église syriaque catholique, où une centaine de fidèles célébraient une messe à la veille de La Toussaint.

Les assaillants ont fait irruption dans le lieu saint après avoir tué de sang froid deux gardes qui se trouvaient à l'entrée. Ils ont pris ensuite l'ensemble des fidèles comme otages et n'ont pas hésité à tirer sur eux sitôt que des forces de police irakiennes soutenues par des Gi's sont intervenues pour libérer les otages.

On a dénombré 52 morts entre ces derniers et les policiers, a déclaré aujourd'hui le général Hussein Kamal, vice-ministre irakien de l'Intérieur. Dans ce bilan, auquel il faut cependant ajouter 67 blessés, il n'est pas fait état des tués parmi les assaillants, a ajouté le général.

L'opération, revendiquée un peu plus tard par "l'État islamique d'Irak" (l'ISI), une frange d'Al-Qaïda, aurait eu pour motif "d'aider nos pauvres sœurs musulmanes captives dans le pays musulman d'Égypte", est-il indiqué dans le communiqué de l'ISI inséré dans un site islamiste.

L'organisation criminelle menace encore de s'en prendre aux églises d'Égypte si les monastères coptes ne libèrent pas, sous quarante-huit heures, deux musulmanes, Camellia Shehata et Wafa Constantine, qu'ils tiennent prisonnières. Il s'agit de deux épouses de prêtres coptes, dont l'une se serait convertie à l'islam et serait retenue captive dans une église. La seconde aurait manifesté son désir de se convertir à l'islam et serait également retenue dans une église pour cette raison, précise une dépêche de l'AFP.

"Non seulement en Irak, mais aussi en Egypte, au Levant et dans le reste des pays de la région se trouvent des centaines de milliers d'entre vous parmi nous, et des centaines d'églises, et tous seront des cibles à nos yeux si vous n'obéissez pas", menace le communiqué.

Les coptes d'Égypte représenteraient une population d'environ 10 % des 73 millions d'habitants. Ils sont particulièrement persécutés par la mouvance islamiste avec la complicité presque ouverte des pouvoirs publics. Rappelons qu'au moment fort de la récente épidémie de grippe porcine, tous les porcs élevés par les chrétiens ont été saisis et abattus sans la moindre indemnisation.

Le sort également des chrétiens d'Irak, qui vivaient en paix sous le régime laïque de Saddam, s'est notablement dégradé depuis l'invasion américaine sous le couvert de laquelle les islamistes du pays ont exercé des violences inexplicables et gratuites contre eux et leur culte, les forçant dans de nombreux cas à quitter carrément le pays.

D'après une dépêche AFP, citant l'agence de presse Interfax, trois églises chrétiennes - deux orthodoxes et une baptiste - ont été incendiées aujourd'hui dans la République russe de Karatcheïevo-Tcherkessie, dans le nord du Caucase. Aucune victime n'est toutefois signalée et il n'est fait état d'aucun acte de vandalisme.

Depuis la victoire militaire russe sur les séparatistes de Tchétchénie il y a dix ans, la région caucasienne à majorité musulmane est la proie de violences quotidiennes de la part de groupes islamistes à l'idéologie djihadiste qui veulent y imposer la "charia" (loi coranique), ajoute la dépêche.

Mais, jusqu'à présent, ces violences avaient épargné la Karacheïovo-Tcherkessie, qui compte une forte minorité chrétienne.

Aussi, faut-il se demander s'il n'y a pas un lien entre ces incidents et le crime abject perpétré à Bagdad, hier, qui s'est soldé par 52 morts parmi les otages chrétiens et les policiers.

De nouvelles attaques ayant ciblé des chrétiens de Bagdad ont été perpétrées hier, causant au moins trois morts et vingt-six blessés.

"C'est à leur domicile même que deux obus de mortier et 10 bombes artisanales ont atteint les victimes dans différents quartiers de la ville", a indiqué un responsable non identifié du ministère de l'Intérieur irakien.

Ces attentats surviennent 10 jours seulement après le carnage qui a eu lieu dans la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, dans le centre de Bagdad.

Revendiquée aussitôt par Al-Qaïda, l'action criminelle et insensée du 31 octobre dernier ne jette pas seulement le discrédit sur une organisation qui a déjà fait montre d'une sauvagerie inédite mais porte un grave préjudice à l'islam et aux musulmans qui chantent pourtant la gloire de la paix, de la tolérance et de la convivialité. Et d'ailleurs nombre de motifs peuvent justifier un tel penchant. En l'occurrence, bien fort peu de responsables politiques et religieux du monde musulman ont jusqu'ici condamné, quoique du bout des lèvres pour la plupart, des massacres aussi odieux visant expressément des adeptes de la chrétienté.