A entendre le ministre du Commerce algérien s'exprimer, hier, devant les députés, l'Algérie ne semble guère intéressé à adhérer à l'OMC.
Mustapha Benbada a déclaré : « Nous avons répondu aux 96 questions émanant de l'Union européenne et des Etats-Unis, mais nous ne sommes pas pressés d'adhérer à cette organisation », avant d'ajouter : « On souhaite adhérer avec les conditions qui vont dans le sens de nos intérêts économiques ».
1600 questions ont été posées jusqu'ici à l'Algérie comme préliminaires à son éventuelle adhésion, mais apparemment les réponses à deux d'entre elles conservent un caractère dirimant : le prix du gaz mais aussi, et c'est le plus important, le problème de l'audiovisuel.
S'agissant du prix du gaz, l'on peut effectivement admettre, dans un pays disposant d'énormes réserves de gaz naturel, que la moindre et la plus logique des réactions vis-à-vis du peuple est de le faire profiter du moindre coût à la consommation interne. Si les ménages algériens étaient tenus de payer au prix du marché ce produit local, il y aurait là, effectivement, un contresens. Dans un contexte autrement plus important qui impacte négativement le développement des pays pauvres, les Américains comme les Européens, par les subventions accordées aux agriculteurs, font payer anormalement à leurs consommateurs des prix agricoles bien en-deçà des coûts réels du marché.
Par contre, sur le plan de l'audiovisuel, le problème tourne plus exactement autour de la libéralisation de ce secteur. Or, en Algérie, le président lui-même a eu l'occasion de déclarer nettement qu'il n'était pas question de laisser le terrain libre aux investisseurs intéressés par l'audiovisuel local. Le secteur s'inscrivant nécessairement dans une perspective louable de démocratisation, il n'est pas question pour les tenants du pouvoir de se délester de ses moyens de propagande et de pression pour laisser libre champ à l'opposition de s'exprimer. Les fondations elles-même de leur dictature s'affaisseraient indubitablement.
Voilà donc les raisons qui bloquent en réalité l'adhésion d'Alger à l'OMC.