Paris officiellement rappelé à l'ordre pour ses dérives racistes

Pour des raisons qu'il est aisé de deviner, Sarkozy, qui a été élu en 2007 sur le registre, pour l'essentiel, de "la lutte contre l'immigration", s'est attelé, coup sur coup et tambour battant après son pitoyable discours de Dakar, à faire promulguer de nouvelles lois contre l'immigration d'origine africaine, à ouvrir un faux débat autour de l'identité nationale, à s'en prendre aux Beurs en leur imposant de multiples contraintes, y compris l'éventualité de les exclure du bénéfice des allocations familiales, etc.
Jamais, un chef d'Etat français n'avait osé aller aussi loin dans la discrimination visant tout particulièrement les Algériens, considérés comme étant les plus nombreux en France, mais aussi les plus frondeurs.
Jamais, gouvernement français ne s'était plié si bassement à des considérations aussi racistes qui rabaissent l'image de la France.
A présent, c'est l'UE elle-même, inquiète de la tournure que prennent ces dérives inédites, qui s'implique. Dans un long rapport, accessible à l'url indiquée ci-dessous, elle demande que cesse une telle xénophobie qui finit par agacer l'ensemble de ses membres.
Voici le papier que consacre le Nouvel Observateur à ce rappel à l'ordre.

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Inquiétudes européennes sur le climat de xénophobie et l'immigration en France

Dans un rapport, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance "recommande aux autorités françaises de réviser la législation sur l'immigration", qui est de nature à "encourager un climat hostile".

Un rapport de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri), un organe du Conseil de l'Europe, dénonce le climat de xénophobie qui entoure les questions d'immigration en France, a-t-on appris mardi 15 juin.

En conséquences, l'Ecri "recommande vivement aux autorités françaises de réviser la législation sur l'immigration et le droit des non ressortissants", du 20 novembre 2007. La Commission estime en effet que la législation est de nature à "encourager un climat hostile aux non ressortissants".

"Au-delà de la question des droits fondamentaux des non ressortissants", le collège d'experts issus des 47 états membres de l'organisation "s'inquiète de l'évolution du climat général à (leur) égard".

Dérapages des élus et des membres du gouvernement

Dans le collimateur de la Commission : les politiques français et le débat sur l'identité nationale. "Plusieurs propos tenus notamment sur les questions d'immigration et d'intégration par les responsables politiques, y compris par des élus et des membres du gouvernement, ont été ressentis comme encourageant l'expression du racisme et particulièrement de la xénophobie", souligne l'Ecri. Elle se félicite en revanche des condamnations de ces dérapages par la société.

Rédigé fin 2009, ce quatrième rapport sur la France reprend les analyses de la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité), qui soulignent que "l'immigration choisie", vantée par le président Nicolas Sarkozy, a "un caractère potentiellement discriminatoire".

Selon la Commission, "l'immigration choisie" associe trop exclusivement le droit de résider en France à l'exercice d'un métier dans un secteur qui peine à recruter, au détriment d'autres raisons telles que le regroupement familial.

Le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale est particulièrement épinglé par le rapport pour sa "politique du chiffre" en matière de reconduites aux frontières. L'Ecri estime que ces objectifs "créent apparemment des tensions au sein de la société française et des administrations concernées". Ils "entraîneraient des excès" en matière d'interpellations et contribueraient à développer une "suspicion généralisée de fraude" à l'encontre des étrangers.

"Profilage racial" persistant

En revanche, la Commission se réjouit que la loi de 2007 reconnaisse la nécessité d'agir en faveur de l'intégration tout en mettant en garde "contre les excès possibles". Elle s'interroge sur la pertinence du lien entre l'obtention d'une carte de résident et le respect du contrat d'accueil et d'intégration, qui prévoit une formation linguistique et civique, alors que "le degré d'intégration d'une personne ne dépend pas seulement de sa volonté".

En outre, le rapport dénonce "la persistance d'allégations de comportements discriminatoires de la part des représentants de loi", notamment le "profilage racial" ou "contrôle au faciès".

Un commentaire de la France joint au rapport est contesté par la France.

La Commission, qui s'appuie notamment dans ses analyses sur le travail de la Halde et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), invite par ailleurs le gouvernement français à "soutenir" ces deux institutions.
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N.B. - Le rapport peut-être obtenu en pdf à l'url suivante :
http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/ecri/Country-by-country/France/FRA-CbC-IV-2010-016-FRE.pdf

C'est dans le même ordre d'idées que s'organise pour vendredi une espèce de grande kermesse, dans le 18è arrondissement de Paris, à l'initiative de milieux d'extrême droite.

Ces derniers ont, semble-t-il, choisi à dessein, ce jour, et l'heure, soit juste après la grande prière des musulmans et avant le match de football devant opposer les équipes anglaise et algérienne en Coupe du monde. Au menu, est prévue la distribution de la viande de cochon et de vin, deux produits de consommation que l'on sait interdits dans la religion islamique, pour exclure à dessein toute participation de musulmans.

De plus, le lieu choisi serait aussi symbolique, pour dénoncer ce qu'ils appellent "l'islamisation du 18è arrondissement de plus en plus ostentatoire". C'est là qu'il y aurait aussi le plus grand nombre de fidèles priant le vendredi au grand air.

Autrement dit, tous les ingrédients sont réunis là pour provoquer les musulmans et particulièrement algériens qui attendent avec impatience le match programmé.

Seul le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a jusqu'ici réagi, non sans inquiétude, devant une initiative sujette à de graves dérives. "Cet événement est organisé dans des conditions très confuses. Il est visiblement inspiré par des mouvements d’extrême droite. Et la manifestation doit se tenir quelques heures après les prières musulmanes du vendredi à la Goutte d’Or, et juste avant le coup d’envoi du match de football Angleterre - Algérie. Tout semble donc conçu pour donner lieu à des dérives, à des dérapages, voire à des violences », écrit-il, selon TSA qui donne l'information.

Mahmoud, ta vigilance a été prise en défaut. Cette manifestation a été déclarée interdite par la préfecture de Paris.

Des organisations politiques de gauche, dont le PC, et des associations anti-racistes très sourcilleuses sur la question ont immédiatement mis en garde le préfet de police quant aux conséquences prévisibles de cette rencontre. Il ne s'agit rien d'autre pour le PC que d'une provocation. « Manœuvre grossière aux relents racistes, cette invitation est une provocation dans un quartier où le vivre ensemble, malgré les difficultés sociales, est devenu proverbial », écrit-il. C'est sensiblement la même réaction qui a permis à Fadela Amara, ministre de la Ville, de déclarer que c'est une rencontre : « porteuse de haine, de racisme et de xénophobie ».

L'initiative de cette kermesse revient en fait à une habitante du même arrondissement, du nom de Sylvie François, qui se dit apolitique mais avait pu intéresser sur Facebook quelques 7000 internautes à son projet. Autant dire qu'il existe de larges franges de Français qui adhèrent à des idées aussi extrémistes que Sarkozy ne cesse de longue date déjà d'alimenter par ses positions aussi irrationnelles que maladroites et intempestives.