La coalition essuie un sérieux revers au Pakistan

Hier, c'est à Peshawar, au nord-ouest du Pakistan, que deux centaines de Talibans ont attaqué avec succès un dépôt de carburants appartenant aux forces de l'OTAN opérant en Afghanistan. Tous les approvisionnements nécessaires à ces dernières transitent en effet par le Pakistan, d'où ils sont transportés par route vers les zones opérationnelles.

Après avoir tué un des gardiens et désarmé les autres assurant la surveillance des lieux, les assaillants ont aspergé d'essence les 65 camions qui s'y trouvaient avant d'y mettre le feu.

Selon la police, l'opération a été menée avec une grande maîtrise, qui démontre la parfaite collusion entre les Talibans et les Pakistanais acquis à la cause de l'intégrisme islamiste. Il y a moins d'une semaine, une dizaine d'autres camions chargés de provisions pour le compte de l'OTAN ont subi le même sort, toujours à Peshawar.

Disposant d'importantes réserves par-devers elles, les forces de la coalition estiment néanmoins que ce nouvel attentat ne porte pas grand préjudice aux opérations menées sur le terrain en Afghanistan. Mais, en se répétant, il est clair que ces attaques remettent en question le programme de l'engagement de ces forces contre les Talibans. Du côté pakistanais, la sécurité des dépôts de ces approvisionnement et surtout de leur acheminement vers l'Afghanistan n'est pas sans poser désormais de sérieux problèmes. Car si l'on peut renforcer la surveillance au niveau des poins fixes de stockage, la protection des convois en direction de l'Afghanistan exige des moyens humains hors de portée des possibilités actuelles de la coalition.

Un nouveau coup de force, semblable au précédent, a été perpétré indirectement, hier, au nord-ouest du Pakistan, contre les forces de la coalition. Une centaine de leurs camions et Jeep ont été incendiés selon le même mode opératoire utilisé la veille.

A la différence de ce qui a été annoncé pour la première attaque, ce n'est pas 60 véhicules qui ont été pris en autodafé, mais 200 qui servaient aux approvisionnements des troupes étrangères en opération à Kaboul.

Ces deux opérations audacieuses étaient en fait prévisibles, si l'on se réfère à la déclaration du chef Taliban, Kakimullah, faite au journalistes par le passé : « Nous allons intensifier les attaques contre l'Otan et les forces américaines basées en Afghanistan et contre leurs approvisionnements depuis le Pakistan. »

De tels événements, qui démontrent une fois de plus les grandes capacités d'initiative et d'organisation des Talibans, apportent le témoignage de leur contrôle plus grand désormais du terrain des combats. Un rapport cite le taux de 72 % du territoire dont ils se sont rendus maîtres, contre 54 % il y a un an. De plus, il est établi que 3 des 4 grandes voies menant à Kaboul sont placées quasiment sous leur tutelle. Bien sûr, le porte-parole de l'OTAN peut toujours prétendre que moins de la moitié du territoire est contrôlée par les Talibans.

Le transporteur pakistanais qui assure, avec une flotte de 3500 camions, le ravitaillement des troupes de la coalition en Afghanistan se déclare incapable de poursuivre sa prestation. La vie des chauffeurs étant constamment mise en danger, les chargements risquant chaque fois d'être interceptés et de disparaître dans la nature, ce transporteur exige davantage de garanties de sécurité sur les routes.

Deux routes principales desservent l'Afghanistan à partir du port de Karachi, au Pakistan. La première, passant par le sud, atteint Kandahar. La seconde rallie Jalalabad et Kaboul par le nord, au départ de Peshawar.

Si les chauffeurs trouvent, par ces rotations, un autre moyen de rentabiliser leurs courses, en se donnant à un commerce fructueux de marchandises, l'insécurité de plus en plus croissante à laquelle ils s'exposent les rend incapables de poursuivre leurs missions. "On est sans cesse arrêtés entre Peshawar et Jalalabad. Quand ce ne sont pas les policiers afghans, ce sont les talibans pakistanais par des barrages sauvages. Au mieux, ils nous rackettent si on écoute de la musique, au pire ils prennent les chargements si c'est pour les Américains", résume l'un d'eux.

Les forces de l'OTAN, dont les attaques des Talibans rendent aléatoire le ravitaillement en matériel, en armes et en carburants, se mettent désormais à la recherche d'autres pays voisins de l'Afghanistan qui soient susceptibles de suppléer à la défaillance du Pakistan. L'Ouzbékistan et le Turkménistan pourraient y répondre favorablement.