Vers un règlement de la question des infirmières bulgares

Les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien sur le sort desquels la Cour suprême libyenne doit rendre son verdict le 11 juillet prochain, ont des chances d'être bientôt libérés si les tractations euro-libyennes en cours viennent à aboutir.

Rappelons que ce personnel soignant, incarcéré depuis 1999, a été reconnu coupable, aux dires du procureur de la Cour suprême, d'avoir inoculé délibérément le virus du sida à 438 enfants libyens dont 56 sont, par suite, décédés.

Les négociations menées par des émissaires de l'Union européenne avec les responsables libyens, conduits par Seif-el-islam Khadafi, le fils même du président, butaient jusqu'ici, semble-t-il, sur le montant et le processus de paiement des indemnités à allouer aux victimes.

Il est, apparemment, acquis que le chiffre de 14 millions de dollars par enfant est désormais accepté des autorités libyennes. Aussi, dès que les formalités de transfert, qui ont déjà fait l'objet de pourparlers parce que les Libyens entendent contrôler le cheminement de cet argent, auront été réglées, le processus d'élargissement des détenus doit en principe intervenir rapidement. Et, pour donner les formes légales à cet acte, la partie libyenne commuerait la sentence de mort requise au niveau de la Cour suprême en une incarcération à vie à laisser à la discrétion du gouvernement bulgare. Il faut préciser, ici, que le médecin palestinien a obtenu entretemps la nationalité bulgare.

L'Europe, bien sûr, est loin d'être convaincue de la culpabilité des infirmières et du médecin impliqués, d'autant que Luc Montagnier, l'un des grands spécialistes du sida, a défendu l'innocence de ces derniers.

Et qui sait, s'il n'a pas germé dans la tête des Khadafi, père et fils, l'idée de récupérer de cette manière, plutôt odieuse, les fonds d'indemnisation que la Libye a dû, elle-même, verser, bien contre son gré, aux ayant-droits des victimes de Lockerbie ? L'avenir nous le dira, sans doute.

Abel Basset Ali al-Megrahi, l’agent libyen condamné à perpétuité dans l’affaire de Lockerbie, qui avait fait 270 victimes, dispose désormais, selon Le Figaro et l'AFP, de la faculté de se pourvoir en appel de sa condamnation. La décision prise dans ce sens, par la Commission de révision des affaires criminelles écossaises, est à relier apparemment aux négociations menées, entre la Grande- Bretagne et la Libye, et conclues par un mémorandum portant sur un échange de prisonniers : infirmières bulgares contre détenus libyens en Grande-Bretagne. Bien que le nom d’al-Megrahi ne soit pas évoqué dans cet échange, il semble qu’il constitue, en vérité, la clef de voûte de ces tractations.

Le calvaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien vient de prendre fin, annonce une dépêche de l’AFP de ce matin.

Les prisonniers ont été libérés ce matin même et sont en route en direction de Sofia. En principe, à l’heure qu’il est, ils doivent être déjà à Sofia.

« L’avion de la République française vient de décoller de Libye à destination de Sofia avec à son bord Mme Cécilia Sarkozy, Mme Bénita Ferrero-Waldner, M. Claude Guéant, les infirmières et le médecin palestinien », précise un communiqué de la présidence française.

« Le président de la République française, Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, se félicitent de l’accord qui a enfin permis cette libération et ce retour en Bulgarie des infirmières détenues depuis plus de huit ans, et du médecin palestinien, ainsi que de la mise en place d’un dispositif amélioré pour assurer les soins délivrés aux enfants victimes du sida en Libye », ajoute ce communiqué.

Nicolas Sarkozy annonce qu’il se rend dès demain en Libye, accompagné de Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères.

En rejetant l’hypothèse selon laquelle la France aurait contribué financièrement pour obtenir l’élargissement des prisonniers, le président français a néanmoins reconnu que le Qatar a fait de son côté un "geste humanitaire", sans en préciser la nature.

D’un autre côté, il a également démenti l’immixtion dans les affaires européennes qu’on lui avait prêtée un temps, se félicitant au contraire d’avoir travaillé en étroite collaboration avec Barroso et Benita Ferrero-Waldner.

Sarkozy a enfin remercié Kadhafi pour "avoir compris qu’il était important que cette décision (celle de libérer les prisonniers) soit prise".