Hier, c'était la Journée mondiale de l'alimentation. Le directeur de la FAO, Jacques Diouf, dans une réunion tenue à Rome, a une nouvelle fois tiré la sonnette d'alarme sur les problèmes de la faim qui assaillent près d'un milliard (plus exactement 925 millions) d'être humains. Selon ce responsable, cette population a grossi de 75 millions depuis la dernière flambée des prix des produits alimentaires et des émeutes qui lui ont succédé.
Diouf a déploré en même temps, d'un côté, la chute des investissements dans l'agriculture, de 17 % à 3 %, durant la période 1980/2006; et, de l'autre, que la production des biocarburants se soit substituée à la production d'environ 100 millions de tonnes de céréales, comme le maïs ou le blé, qui font actuellement défaut pour l'alimentation humaine.
Il faut en fait se rappeler que les Etats-Unis et l'Europe n'ont encore pas réussi à s'entendre avec les pays pauvres, notamment d'Afrique, pour lever les obstacles s'opposant à la liberté des prix des produits agricoles. A la base du différend, les subventions royalement distribuées par les pays riches à leurs paysans pour soutenir leur production continuent de saper les efforts des agriculteurs d'Afrique. Ces derniers ne peuvent en effet supporter la concurrence déloyale qui leur est imposée. En vérité, pour acheter la paix sociale dans ce secteur, Européens et Américains préfèrent plutôt prélever sur le dos du contribuable des aides destinées à leurs agriculteurs que de forcer ces derniers à s'exposer au libre marché.
Pour mieux détourner encore l'intérêt des paysans de pays pauvres pour les cultures vivrières, la Banque mondiale et le FMI ont eux-mêmes, et pendant longtemps, cru devoir orienter ces derniers vers la production de tournesol, de coton, etc., considérés faussement comme cultures plus rentables. Sous le poids, là encore, de la concurrence des pays riches dispensant à la fois subventions et financements d'outils industriels de premier ordre à leurs agriculteurs, les malheureux paysans d'Afrique n'ont d'autre choix que celui de céder tout simplement la place.
Aussi, peut-on dire sans risque de se tromper que le monde riche se sent certainement mieux dans la peau de généreux donateur distribuant parcimonieusement de soi-disant aides aux pays pauvres que dans celle d'un concurrent loyal n'éprouvant néanmoins aucun scrupule pour bafouer les règles capitalistes qu'il a lui-même énoncées.