Une filiale italienne du fabricant Graziano Transmissioni, implantée à New Delhi, a vécu, en début de semaine, un drame qui fait la une des journaux indiens.
Convoqués par cet employeur pour une éventuelle conciliation faisant suite à leur licenciement d’il y a deux mois, une centaine d’ouvriers indiens se sont adonnés à des violences aussi surprenantes qu’apparemment inédites en Inde.
Ils étaient là, attendant d’être reçus, quand subitement un véhicule pénétrant dans l’enceinte de l’usine leur offrit l’occasion de se ruer à l’intérieur. S’emparant alors de barres de fer et de marteaux, ils s’en sont pris aux véhicules en stationnement et saccagé vingt d’entre eux.
Sitôt alerté, le directeur de l’entreprise tente d’intervenir pour ramener le calme. Mal en avait pris à Lalit Kishore Chaudhary, car il a été aussitôt lynché et abandonné pour mort, tandis que vingt employés de la sécurité, venus à la rescousse, s’en sortaient, eux, avec des blessures plus ou moins graves.
Une heure plus tard, la police est arrivée sur les lieux pour arrêter des dizaines de ces agresseurs. Et le lendemain, le ministre du Travail, interrogé par l’agence PTI (l’agence de presse Trust of India), crut bon, contre toute attente, de mettre en garde les dirigeants d’entreprises. « Cela devrait servir d'avertissement aux cadres dirigeants… Les travailleurs doivent être traités avec compassion. Ils ne doivent pas être poussés à bout, au point qu'ils fassent ce qui s'est passé à Noida », a-t-il déclaré.
La stupéfaction dans les milieux d’affaires a, du coup, été portée à son comble. "Un acte aussi odieux va salir la réputation de l'Inde auprès des investisseurs étrangers et mérite notre condamnation la plus forte", s’est écriée la Fédération indienne des chambres du commerce et de l'industrie. La Chambre de commerce franco-italienne posait, elle, la question : "Les politiciens incompétents doivent-ils être lynchés ?" La Confédération indienne de l'industrie renchérissait : "Rien dans le monde ne peut justifier le lynchage de qui que ce soit, et aucun conflit ne peut être réglé par le meurtre".
Dès lors, le ministre, sans se rétracter, s'avisa simplement de déplorer que ses propos aient été déformés et mal compris.