Un procès retentissant, qui s'est ouvert ce matin au tribunal correctionnel de Marseille, met en cause un plasticien de 59 ans, rayé de l'ordre des médecins depuis 2007.
97 victimes le poursuivent pour diverses mutilations, "tromperie aggravée et mise en danger» de leur propre santé. Le chirurgien aux "5000 clients" exerçait, disent les enquêteurs, dans des "locaux sales et mal entretenus", exposant ainsi ses patients à « un risque immédiat de mort ou de séquelles gravissimes ».
Sans nul doute, de semblables remarques sur la saleté des locaux n'auraient jamais pesé lourd pour valoir au praticien justiciable un tel procès en règle. Et, de manière générale, c'est tout le corps médical qui se dresse avec grand bruit, en pareil cas, pour défendre bec et ongles l'un des siens. Seulement, cette fois, les effets de graves manquements aux principes premiers de déontologie, conjugués aux séquelles apparentes et parfois irréparables qu'arborent ses nombreuses clientes, militent plutôt pour l'enfermement de l'inculpé. Ce dernier, véritable charcutier apparemment, n'a pas seulement sali sa propre personne mais il a porté atteinte à la profession médicale et plus particulièrement à la branche de la chirurgie esthétique.
Il suffit d'entendre le témoignage accablant de toutes ces malheureuses victimes faisant état de leurs déboires postopératoires, pour mesurer l'étendue des dégâts causés. Quand quelqu'un, essentiellement une femme, cherche à atténuer la laideur dont le fait souffrir une protubérance quelconque, voire une légère infirmité sinon un excès de graisse ou un insuffisant développement de ses seins, l'on comprend volontiers qu'il accepterait de gros sacrifices pour y remédier. L'on a même vu des clients de cette espèce accourir de toute l'Europe vers les cliniques spécialisées du Maroc et de Tunisie, où les tarifs sont plus abordables. Mais qu'un échec ou de graves séquelles viennent conclure une intervention obtenue moyennant parfois de longues et dures privations donnent à réfléchir sérieusement.
Il faut se mettre enfin dans la peau de toutes ces femmes qui admettent, rarement de gaieté de coeur, qu'un seul besoin de coquetterie les pousse à souffrir la présence de corps étrangers, par exemple, dans leur sein, avec tous les risques d'infection que cela implique.
De plus, y a-t-il seulement quelque réglementation permettant à tous ces incompris de se retourner le cas échéant contre leur chirurgien en cas d'échec ?