Germaine Tillion s'est éteinte

Une grande dame de culture et de science s'est éteinte à 101 ans, aujourd'hui, a-t-on appris par les agences de presse.

Née en 1907, dans une famille d'intellectuels, où le père a été élevé un temps au rang de ministre de l'aviation en 1946, Germaine Tillon, ancienne résistante et ethnologue de renom, grand-Croix de la Légion d'Honneur, médaillée de la résistance, s'était particulièrement distinguée en deux étapes de sa vie : la résistance contre l'occupation nazie et la guerre d'Algérie. Le président Sarkozy vient d'ailleurs de saluer en elle : "une femme d'exception dont le courage, l'engagement et l'humanisme ont été les guides de toute une vie".

C'est en 1934 que les Algériens ont fait sa connaissance sur les massifs montagneux des Aurès, où elle a commencé sa carrière scientifique en étudiant la société communautaire de la région, les Chaouïas.

Mais, en 1940, en rentrant de mission, scandalisée par l'armistice que venait de conclure Pétain avec Hitler, elle s'engagea corps et âme dans la résistance et fonda le "Réseau du Musée de l'homme", le premier mouvement de résistance.

Dénoncée, elle a été arrêtée en 1942, détenue à Fresnes avant d'être déportée à Ravensbrück où elle serait rejointe par sa mère, arrêtée à son tour, mais qui y perdrait la vie.

A la demande de Mendès France, elle est revenue en Algérie, en 1955, pour tenter de comprendre sa société en ébullition et surtout proposer quelques remèdes sur le vif. Elle s'insurgea alors contre la torture et créa immédiatement les Centres sociaux, dont le retentissement n'est pas négligeable puisqu'ils avaient réussi à récupérer une bonne partie des jeunes plongés dans l'illettrisme et à leur ouvrir un premier semblant de formation. Et c'est dans ces centres d'ailleurs que seraient assassinées en mars 1962 six cadres de premier plan, au milieu desquels se trouvaient Mouloud Féraoun, Max Marchand, Aoudia, etc.

La défunte avait à son actif un certain nombre d'ouvrages assez célèbres, dont notamment : "Les ennemis complémentaires", consacré aux communautés algériennes qui se déchiraient dès la fin de 1954, "Le harem et les cousins", fruit d'une longue étude de la société méditerranéenne qui met en lumière tabous et traditions; "Il était une fois l'ethnographie", une compilation de ses souvenirs, etc.