Les ONG se plaignent des abus relevés en Algérie

Le journal marocain Le Matin croit savoir que, selon des ONG installées en Algérie, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), autrement dit les services secrets, pratiquerait toujours, dans des locaux tenus secrets et inaccessibles notamment aux procureurs de la République, ses exercices de tortures sur des détenus.

Dans ce sens, Amnesty International aurait apporté, dans le rapport présenté au groupe de travail de l'EPU (Examen période universel) qui doit examiner le cas de l'Algérie aujourd'hui même, des précisions sur des exécutions illégales et des perquisitions extra judiciaires.

Bien que le Code pénal algérien ait, dès 2004, criminalisé les délits de tortures, cette ONG constaterait à regret qu'aucun agent des services de sécurité n'a été jusqu'ici poursuivi à raison de sa responsabilité dans les tortures ou autres abus passibles de sanctions pénales. Elle s'étonnerait, d'autre part, que l'Algérie continue de fermer les portes à toute initiative prise par les ONG quant à enquêter sur place à propos des atteintes graves aux droits de l'homme.

D'un autre côté, ajoute le journal marocain, le Conseil mondial amazigh aurait, pour sa part, demandé au Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'intercéder, auprès du gouvernement algérien, en faveur des victimes du Printemps noir de 2001, en particulier, pour assurer leur prise en charge médicale, psychologique et sociale et pour juger et sanctionner les auteurs des tueries opérées durant cette période-là.

Enfin, le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) estimerait que des disparitions de personnes continuent d'être signalées, puisqu'en 2007 trois cas au moins sont toujours non élucidés, selon lui. Il ajoute par ailleurs qu'un millier d'autres qui ont fait l'objet d'un signalement aux services spécialisés de l'ONU ne seraient toujours pas résolus.

Les représentants algériens devaient sans doute avoir piètre figure, à Genève, à l'occasion de l'Examen périodique universel (EPU) de l'ONU auquel leur pays a été soumis ces jours derniers.

Les reproches étaient nombreux à pleuvoir sur Alger, à propos des atteintes diverses aux droits de l'homme.

Paris s'est interrogé sur la non ratification par l'Algérie de la Convention de l'ONU sur les disparitions forcées la plaçant ainsi en porte à faux avec l'exigence de justifier la disparition de quelques 8000 personnes arrêtées durant les années quatre-vingt-dix, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste.

L'Allemagne et la Suède ont exigé ensuite des diplomates algériens des mesures capables d'arrêter les tortures et les traitements cruels et dégradants qui semblent toujours se poursuivre dans les geôles de leur pays.

Le Mexique s'est inquiété, lui, du point particulier de l'état d'urgence toujours en vigueur dans ce dernier et qui porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens.

Le Vatican, que l'expulsion récente d'un pasteur officiant en Algérie depuis 45 ans a sans doute alerté avec raison, a rappelé le droit des minorités à exercer la religion de leur choix.

Soutenu sur ce point par la Belgique, le débat a débouché alors sur la nécessité pour l'Algérie de réviser sa loi de 2006 portant règlementation de l'exercice des autres religions que l'islam.

Le dossier récurrent des disparus, estimés au nombre de 8200 selon le collectif des familles concernées, a placé enfin l'Algérie dans une situation particulièrement difficile, d'autant qu'il s'agit là d'un sujet assez fumeux qui entache directement ses forces de sécurité.

L'ONU, par le canal de son Comité contre la torture, est revenue à la charge, aujourd'hui, pour demander à l'Algérie de vérifier l'existence de prisons secrètes gérées par le D.R.S. (services de renseignements militaires), comme la dénoncent des plaintes reçues, indique une dépêche AFP reprise par toutsurlalgerie.

Ces centres se tiendraient principalement dans des casernes militaires, contrairement aux dénégations exprimées par l'Algérie en novembre dernier.

Le Comité déplore, de plus, que la justice algérienne ne se soit pas elle-même préoccupée d'enquêter sur le sujet. Aussi, demande-t-il que ces lieux soient rapidement placés sous contrôle de l'administration pénitentiaire et du parquet.

Il a également rappelé que "qu'aucune circonstance exceptionnelle ne peut être invoquée pour justifier la torture".

En prenant acte de la reconnaissance par l'Algérie des 4000 à 7000 disparus, il regrette néanmoins que des enquêtes n'aient pas été ouvertes à ce propos. Il se dit, par ailleurs, toujours inquiet du maintien de l'état d'urgence dans le pays et rappelle la limite maximum de 12 jours tolérable en matière de garde à vue, assortie toutefois de l'obligation d'autoriser l'assistance d'un avocat dès l'interpellation d'un suspect.

Si tout ces rappels à l'ordre relèvent d'un minimum auquel doit s'astreindre tout pays inscrit à l'organisation, il reste toutefois dommageable que la première puissance mondiale n'ait pas été elle-même également bousculée à propos de la torture, rendue tout simplement légitime par le régime rétrograde de Bush.